Les policiers allemands étaient bien positionnés le long de la frontière française ce lundi 16 septembre, comme annoncé par les autorités allemandes. Trois semaines après l'attaque au couteau de Solingen qui a fait trois morts, l'objectif est de lutter contre la menace terroriste et l'immigration. Une décision qui fait grincer des dents.
Ils ont décidé de publier une réaction commune. Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg et Wolfram Britz, maire de Kehl ont déclaré ce lundi 16 septembre au matin qu'"il y a plus de 30 ans, nos États respectifs nous ont demandé de mettre en place des infrastructures communes dans le cadre de la coopération transfrontalière. Kehl et Strasbourg ont pris cette mission à bras-le-corps et n’ont cessé d’intensifier leur coopération."
Une façon de rappeler aux autorités fédérales allemandes à quel point la coopération est forte à la frontière mais qu'elle a mis du temps à se mettre en place, qu'elle a nécessité de la diplomatie. Alors au moment où les contrôles à la frontière aléatoires sont mis en place tout le long du Rhin, les deux maires demandent "de veiller à limiter ces contrôles afin qu’ils n'entravent ni ne restreignent la mobilité, la cohabitation et la vie transfrontalière de nos habitants."
En effet, 50 000 Français traversent la frontière chaque jour pour aller travailler en Allemagne et 4 000 Allemands se rendent en France. Cette décision de l'Allemagne de rétablir les contrôles sur toutes ses frontières (avec la France, le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas et le Danemark) intervient trois semaines après l'attaque au couteau de Solingen qui a fait trois morts et qui a été revendiquée par l'Etat islamique.
Ceci n’est pas une frontière. C’est un fleuve vivant, c’est un tram, un jardin.
— Jeanne Barseghian (@JeanneBarsegh) September 16, 2024
Strasbourg et Kehl : une histoire et un destin commun.
Des milliers de vies, des histoires d’amour, de famille, des carrières, des scolarités qui s’écoulent d’une rive à l’autre du Rhin. pic.twitter.com/pS3SrYOB2d
Pas de perturbations sur les routes
La direction de la police de Stuttgart contactée par notre rédaction précise que "les raisons de cette ordonnance visent à limiter davantage l'immigration irrégulière et à protéger la sécurité intérieure de la République fédérale d'Allemagne, notamment par la protection contre le terrorisme islamiste et la grave criminalité transfrontalière."
Ces contrôles aux frontières soulèvent donc questionnements et critiques de certains pays européens même s'ils sont autorisés par les accords de Schengen en cas de menaces pour la sécurité et pour une durée maximale de 6 mois.
Tout en assurant que l'impact sur les voyageurs sera aussi faible que possible, encourageant les usagers à avoir à disposition leurs papiers d'identité. Notre équipe de France 3 Alsace, sur place, n'a en effet pas constaté de ralentissements au niveau de ces contrôles. À Kehl, au pont de l'Europe, par exemple, les forces de l'ordre déployées arrêtaient uniquement certains bus de type Flixbus ou Blablacar. Des contrôles qui concernent aussi les voyageurs en tram ou en train.
Notre équipe a rencontré des voyageurs, qui désormais devront toujours avoir sur eux leurs papiers d'identité quand ils prendront le tram vers Kehl. Les avis sont partagés. "Moi, ça me dérange, affirme ce Strasbourgeois, parce que ça tombe toujours sur les mêmes, par rapport à l'origine, et tout ça". Pour cet autre en revanche, pas de soucis. "Je suis en règle, donc pas de problème!"
Les autorités fédérales allemandes ont annoncé que ces contrôles aléatoires devraient durer six mois, soit la durée maximale autorisée par les accords de Schengen.