Mort de l'ancien député socialiste Armand Jung : un "régionaliste convaincu" qui "prônait le travail"

Armand Jung est mort ce mercredi 31 juillet au matin à l’hôpital de Hautepierre à Strasbourg, à l’âge de 68 ans. L’ancien député socialiste de la première circonscription du Bas-Rhin avait été hospitalisé le 17 décembre 2018 pour une hémorragie cérébrale.

L'ancien député socialiste de la première circonscription du Bas-Rhin, Armand Jung, s'est éteint ce mercredi 31 juillet à l'hôpital de Hautepierre, à Strasbourg, où il était hospitalisé depuis une hémorragie cérébrale en décembre dernier. Il avait 68 ans. 

Figure du socialisme bas-rhinois, Armand Jung a rejoint le Parti socialiste dans les années 1970 où il milite avec Roland Ries, l'actuel maire de Strasbourg "touché par la disparition d'un très ancien ami, stratège exceptionnel", explique-t-il à France.

"Nous étions tous les deux au PSU (Parti socialiste unifié), j'ai rejoint le PS en 1974 et lui est arrivé un peu plus tard vers 1976-1977. Il a été l'un des fondateurs de ce courant rocardien du PS. Ensemble, avec quelques autres, nous avons fait évoluer le PS dans un sens plus européen, vers une gauche plus sociale-démocrate."
 

Diminué par un malaise cardiaque fin 2015

Armand Jung a occupé les fonctions de conseiller régional et conseiller départemental du Bas-Rhin, avant de succéder à Catherine Trautmann qui lui a cédé son siège de député de la première circonscription lorsqu'elle est devenue ministre, en 1997. Une fonction pour laquelle il a été réélu en 2002, 2007 puis en 2012, cette fois en tant que représentant de la majorité.

"Nous avons cheminé ensemble pendant de nombreuses années, avec toujours un attachement très fort aux idées de Michel Rocard. Armand Jung était doté d'un véritable flair politique, j'ai très vite remarqué la qualité avec laquelle il préparait ses campagnes", admire Catherine Trautmann.

Il a démissionné le 1er mars 2016, quelques mois après un malaise cardiaque qui avait nécessité une hospitalisation en urgence à l'hôpital Cochin, pour passer le relais à son suppléant Eric Elkouby, très affecté par la mort de celui qu'il considère comme son "père spirituel".

"Je garde de lui l'image de son engagement, toujours avec subtilité, détermination, intelligence, et humilité. C'était un homme d'une très grande gentillesse, de beaucoup de générosité, d'une parole ferme. Pour lui, ce qu'il faisait n'était pas du bling-bling, il prônait le travail, le terrain, la présence. Il était connu pour cela, pour ses réactions vives parfois également, mais toujours dans l'intérêt général. Il était très fier de ses convictions". 
 

"Un élu de terrain passionné"

Un état d'esprit que l'homme politique, né en Moselle dans une famille de mineurs, aimait à revendiquer : "Je ne serai jamais un homme de salon, je ne serai jamais un homme de tapis rouge, je préfère le contact avec les gens au quotidien », insistait-il. Une proximité dont il faisait preuve notamment dans le canton Koenigshoffen - Montagne-Verte - Elsau qu'il a représenté pendant vingt-trois ans. "Il les appelait "ses" quartiers", confie encore Eric Elkouby, conseiller départemental du Bas-Rhin. 

Un goût du contact humain relevé aussi par ses opposants. Pour Philippe Richert, président du conseil général du Bas-Rhin de 1998 à 2008, "Il n'hésitait pas à monter au créneau quand il pensait que nous avons oublié certains secteurs ou populations. Il était très engagé en faveur des personnes fragiles, très attaché à la diversité, et notamment très proche des communautés musulmanes et juives. Il était soucieux du dialogue, doté d'une grande capacité d'écoute, tout en sachant porter haut le verbe.

"Il était un élu de terrain passionné, qui avait à cœur de défendre Strasbourg et ses habitants. Nous avons toujours su travailler ensemble avec respect et bienveillance", souligne Fabienne Keller, qu'Armand Jung a notamment battu lors des législatives de 2002 lorsque la députée européenne formait un tandem avec Robert Grossmann. 
 


Robert Herrmann, président de l'Eurométropole de Strasbourg, salue lui-aussi la "carrière politique intense" d'Armand Jung. "Il s'est beaucoup engagé pour la sécurité routière et le droit local dont il avait fait ses combats. C'était quelqu'un d'une grande fidélité, un élu très pugnace également. D'ailleurs, nos relations n'ont pas toujours été faciles, mais elles se sont normalisées à la fin de sa carrière politique et de sa vie". 

C'est dans le cadre de son travail en matière de sécurité routière, justement, que l'Alsacien d'adoption a côtoyé Manuel Valls. L'ancien Premier ministre et ministre de l'Intérieur a affirmé ce mercredi matin sur Twitter perdre un "vieux copain", "aussi totalement engagé contre l’antisémitisme et toujours aux côtés des Français juifs de sa ville".

 

"Un régionaliste convaincu"

A l'assemblée nationale, le socialiste a œuvré pour la défense des dossiers alsaciens, en se battant par exemple pour la ratification de la charte européenne des langues régionales. Selon Roland Ries, "C'était un régionaliste convaincu. Il défendait la langue alsacienne et l'identité alsacienne. S'il avait encore été dans la plénitude de ses capacités ces derniers mois, je pense qu'il aurait défendu la Collectivité européenne d'Alsace et qu'il aurait même voulu aller au-delà." 

Pour Jean Rottner, président du conseil régional du Grand Est, "son décès prive Strasbourg d’une voix qui portait au niveau régional et national. Je salue son action et son indéfectible engagement pour les Strasbourgeois, notamment les plus fragiles." 
  
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