Cri de colère des ambulanciers privés qui ont mené une opération escargot sur l'A4 et l'A35 autour de Strasbourg avant d'entrer en ville à bord d'une centaine de véhicules. Ils manifestaient contre un article de loi en vigueur depuis le 1er octobre qui signent, selon eux, leur arrêt de mort.
Cri de colère des ambulanciers privés qui ont mené une opération escargot sur les autoroutes A4 et A35 autour de Strasbourg avant de rejoindre le centre-ville à bord d'une centaine de véhicules et taxis sanitaires. Ils protestaient contre l'article 80 de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS). En vigueur depuis le 1er octobre, ce texte signe, selon eux, leur arrêt de mort. Pour mieux comprendre nous sommes allés les voir et nous avons posé nos question à Jean-Philippe Rudloff, ambulancier à Reichstett et porte-parole du Collectif des transports sanitaires du Grand Est.
• Pourquoi les ambulanciers ont-ils manifesté?
"Depuis le 1er octobre 2018, l'article 80 de la loi de financement de la Sécurité sociale [qui favorise aussi le développement de la télémédecine, impose une hausse du prix des cigarettes ou encore revalorise l'allocation familiale, ndlr] prévoit que "les hôpitaux rémunèrent directement les ambulanciers pour les transports de patients" et nous ne voulons pas de cela", explique Jean-Philippe Rudloff.Jusqu'à présent les ambulanciers privés travaillaient directement avec la Caisse primaire d'assurance maladie qui les rémunérait et le patient avait le choix de son transport sanitaire. Depuis l'adoption de cette loi ce n'est plus le cas. Maintenant, les donneurs d'ordres, ce sont les hôpitaux et cliniques qui signent les contrats et rémunèrent directement les transporteurs. "Ce n'est pas une protestation nombriliste, mais nous nous préoccupons de nos patients qui vont se retrouver dans un système engorgé" explique le porte-parole du Collectif. Pour Jean-Philippe Rudloff, comme pour tous les autres ambulanciers du Grand Est qui ont manifesté (le mouvement est national avec plusieurs autres manifestations dans le pays ces derniers jours), le danger est économique et humain. "Le patient ne doit pas devenir un colis".
• Qu'est ce que cela change pour le patient?
Pour ceux qui aimaient choisir leur ambulance, cela ne sera plus réellement possible. Le but de cette loi étant de réorganiser le système pour faire des économies et réduire le déficit de la Sécurité Sociale, les établissements hospitaliers ne travailleront plus qu'avec certaines sociétés de transports sanitaires, les plus compétitives bien entendu. Une réorganisation qui s'avère dangereuse pour les patients selon les ambulanciers : "On voit des grands groupes se positionner sur le marché alors qu'ils ne sont pas spécialisés dans le transport sanitaire" nous dit Jean-Philippe Rudloff, "les patients vont en pâtir, ils ne doivent pas devenir des colis". Dans cette "course au rendement", le patient risque de devoir patienter parfois longtemps avant d'être récupéré. Sans compter que les petites sociétés de transports sanitaires - moins compétitives - pourraient être fragilisées. "La tarification de ces nouveaux contrats est 20 à 30% moins cher que celle que nous avions en étant rémunérés par la Sécurité sociale", pour pouvoir continuer à travailler avec les hôpitaux et cliniques, ils va donc falloir rejoindre de grosse structures. "Nous sommes six dans ma société, il en va de la pérennité de mes salariés", nous dit Jean-Philippe Rudloff tout en distribuant des tracts sur le passage du cortège pour informer les passants.