Ce mardi 6 juin 2023, la quatorzième mobilisation contre la réforme des retraites a été marquée par l'utilisation de drones par les forces de l'ordre à Strasbourg. Les manifestants dénoncent l'autorisation donnée par la préfecture et se protègent en utilisant des parapluies.
Le vendredi 2 juin 2023, la préfète du Bas-Rhin autorisait pour la première fois l'utilisation de drones par la police lors de la manifestation contre la réforme des retraites prévues quatre jours plus tard. Dans le cortège, quelques dizaines de parapluies ont fait leur apparition en signe de contestation.
Avec ces drones sur lesquels sont fixées des caméras, les forces de l'ordre ont la possibilité de capter des images, de les enregistrer et de les transmettre. La préfecture du Bas-Rhin justifie cette autorisation par les "incidents" qui sont survenus dans les derniers rassemblements contre la réforme des retraites.
Pour cette 14e journée de mobilisation, les manifestants, moins nombreux que d'habitude, se sont retrouvés sous les arbres de la place de République à Strasbourg. Le collectif "On crèvera pas au boulot" organise la distribution de parapluie, à deux euros l'unité. "Qui veut un parapluie ? Il va pleuvoir !", crie une manifestante dans la sono.
Les manifestants se sont élancés vers 14h20 en direction de la place Broglie. Certains lèvent les yeux au ciel et essaient de distinguer les fameux drones. Au départ du cortège, on en aperçoit un point noir au milieu du ciel bleu, à plusieurs dizaines de mètres de hauteur.
Pour une fois, les températures dépassent les 25°C pendant une manifestation contre la réforme des retraites. Alors les parapluies sont dépliés un par un et les "clic-clic" des manches résonnent à droite à gauche. Leur utilisation est double : se protéger du soleil mais surtout ne pas être identifié par les drones. Des images qui font penser à la révolution des parapluies à Hong Kong.
Même les chants sont adaptés à la décision de la préfète : "Regardez dans le ciel avec quoi on nous surveille ! La pref, si tu savais, tes drones où on se les met...", scandent les manifestants.
"Avoir ces parapluies, ça peut paraître symbolique. Mais on veut vraiment montrer notre opposition à cette surveillance par les drones", explique Lina sous son parapluie. Cette étudiante de 25 ans manifeste depuis le début du mouvement.
"Le maintien de l'ordre dans ces manifestations pose de plus en plus problème. Il y a les gazages, les interpellations violentes, maintenant les drones... Je sens mes libertés menacées ! Et ça motive encore plus certains à aller manifester."
Théo, 28 ans, porte les mêmes réflexions. "Je m'oppose radicalement à l'identification pendant les manifestations. Les manifs, c'est d'abord un peuple et pas des individus. Quand j'ai appris que les drones étaient autorisés, j'ai un peu paniqué. C'est un pas de plus vers une société de surveillance."
D'après la préfecture, 2.800 manifestants ont défilé dans la capitale strasbourgeoise. Les syndicats estiment ce nombre à 6.000.