Ce lundi 17 avril 2023, un syndicaliste de la CGT a été condamné à trois mois de prison avec sursis pour avoir lancé une bouteille en verre sur les forces de l'ordre lors de la manifestation contre la réforme des retraites du jeudi 13 avril à Strasbourg.
Quatre jours après la manifestation du 13 avril à Strasbourg, Jérôme H., un syndicaliste de la CGT, a été condamné à trois mois de prison avec sursis. Lors de ce rassemblement, il avait lancé une bouteille en verre sur des gendarmes après avoir été gazé.
Après son interpellation, l'homme de 45 ans a d'abord été placé en garde à vue, puis en détention provisoire le vendredi 14 avril. "De mémoire de syndicaliste, je n'ai jamais vu une décision aussi brutale", dénonce une militante de la CGT devant le tribunal de Strasbourg. Une cinquantaine de personnes se sont réunies pour afficher leur soutien à leur camarade, membre du service d'ordre de l'intersyndicale.
Ce technicien de l'entreprise Safran de Molsheim (Bas-Rhin) est apparu dans le box des prévenus devant une salle d'audience très fournie. Vêtu d'un pull blanc et d'un jean, il a calmement reconnu les faits, lui qui avait d'abord nié avoir lancé cette bouteille lors de sa garde à vue.
Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête.
Jérôme H.
"Nous avons été gazés sur la place de la République. C'est là que j'ai perdu mon sang-froid et que j'ai lancé une bouteille qui était au sol, à côté d'une poubelle. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête", a expliqué ce père de quatre enfants devant la présidente. "Heureusement, il n'y a pas eu de blessés", continue-t-il.
"Vous savez que certains vont aux assises pour ça ? Votre acte aurait pu avoir des conséquences dramatiques", lui fait remarquer la présidente. "Je sais bien", répond le prévenu, la voix enrouée.
Lors de cet acte, Jérôme H. ne portait plus le brassard et la chasuble CGT qui permettait de l'identifier comme membre du service d'ordre : "À ce moment-là, il ne représentait plus l'intersyndicale", a souligné la procureure. Cette dernière a requis quatre mois d'emprisonnement avec sursis assortis d'une interdiction de manifester d'un an, à laquelle Maître Bolla, l'avocate du prévenu, s'est opposée. Le syndicaliste n'a finalement pas écopé de cette interdiction d'assister à une manifestation.
Également convoqué pour avoir dissimulé son visage, l'homme a été relaxé sur ce chef d'accusation. Il a expliqué à la présidente avoir porté des lunettes de natation et un cache-cou non pas pour dissimuler son visage mais pour se protéger des gaz lacrymogènes.
Trois autres manifestants condamnés
Lors de ces comparutions immédiates, trois autres personnes comparaissaient pour des faits qui ont eu lieu pendant cette même manifestation strasbourgeoise du 13 avril. Tout comme Jérôme H., elles ont été placées en détention provisoire avant leur jugement.
Une jeune femme a été condamnée à 105 heures de travaux d'intérêt général ainsi qu'à la réparation du préjudice matériel pour la destruction et la tentative d'un abribus de la CTS.
Un jeune homme a été interpellé ce jeudi 13 avril parce qu'il avait en sa possession des pétards, de briquet et d'essence. Interpellation lors de laquelle il a été identifié par les forces de l'ordre comme l'auteur de dégradations lors d'une autre manifestation à Strasbourg, le 28 mars. Pour ces faits, il a été condamné à quatre mois de prison ferme, étant en récidive.
C'était très important symboliquement que le tribunal nous suive dans nos demandes de relaxe.
Caroline BollaAvocate des quatre prévenus
Enfin, un autre homme a lui été condamné à trois mois de prison avec sursis pour avoir lancé un pavé en direction des forces de l'ordre. L'individu explique avoir "cédé à la colère", ce qu'il "regrette terriblement".
À la sortie du tribunal, maître Caroline Bolla, qui représentait les quatre prévenus, s'est félicitée des jugements prononcés : "On est très content car les quatre manifestants ont été relaxés pour l'infraction de participation à un attroupement en dissimulant le visage. C'était très important symboliquement que le tribunal nous suive dans nos demandes de relaxe. Pour le reste des peines, on reste sur quelque chose de juste."
L'avocate estime que ces décisions de justice "ont quelque part réparé [...] le côté arbitraire des détentions de ce week-end." Satisfaite des résultats, elle n'imagine pas que ces clients feront appel.