Ce samedi 2 janvier à Strasbourg, 300 personnes ont répondu à l’appel d’un collectif d’associations féministes pour rendre hommage à Yasemin Cetindag, morte sous les coups de son ex-compagnon le 23 décembre dernier. La famille de la jeune femme était présente.
L'histoire est tristement banale. Tragique. Le 23 décembre dernier, Yasemin, une jeune femme de 25 ans est étranglée par son ex-compagnon, chez elle, quartier de la Montagne verte. Assassinée en présence de ses quatre enfants. Un féminicide de plus en cette fin d'année 2020 qui en comptait déjà beaucoup. 97 exactement. 97 de trop.
"Il faut que justice soit faite"
Place Kléber, en ce froid après-midi de janvier, quelques lueurs brillent au milieu de la grisaille. Ce ne sont pas des lueurs d'espoir. Ce sont des votives. Des bougies funestes, un dernier hommage à Yasemin Cetindag dont le corps a été retrouvé enterré ce lundi 28 décembre dans la forêt de Vendenheim. L’autopsie pratiquée à l’institut de médecine légale de Strasbourg conclura que Yasemin est morte étouffée des suites d’un étranglement. Par son ex-conjoint mis en examen et écroué depuis.
300 personnes sont venues dire leur tristesse, mais aussi leur colère face à ce féminicide. Un de plus. 2020 aura été à maints égards redoutable pour les femmes pleines de vie. Dans la foule qui se serre à défaut de pouvoir s'étreindre, la soeur de la victime. Leyla, devenue pour l'occasion, dans sa douleur et son grand plaid, le porte-voix de toutes les femmes maltraitées "qui ont toujours du mal à faire entendre leur voix malgré les plaintes et les mains courantes déposées contre ces lâches."
Ce sont des criminels, des pourritures. La justice en France doit être plus sévère avec eux.
A notre micro, encore, Leyla demande à ce que justice soit faite : " Je remercie toutes ces personnes qui sont ici aujourd'hui et qui nous soutiennent. Je sais que là-haut, Yasemin ne souffre plus. Je souhaite aujourd'hui que justice soit faite et que ces lâches paient pour toutes les atrocités qu'ils font à ces femmes. Ce sont des criminels, des pourritures. La justice en France doit être plus sévère avec eux pour que cela s'arrête. Ma soeur, elle et toutes les victimes, ne sont plus là. Il fallait mieux les entendre, avant."
Ces crimes sont systémiques, répétitifs. L'Etat doit être mis face à ses responsabilités.
Une société malade
Et Ursula Le Menn de l'association Osez le féminisme 67 qui égrène les noms des victimes dans un chapelet mortuaire explique : "Chaque féminicide doit être visible pour montrer que ces crimes sont systémiques, répétitifs. L'Etat doit être mis face à ses responsabilités, car il ne fait rien face à ce fléau. Le Grenelle sur les violences faites aux femmes a accouché l'année dernière de mesurettes. Il faut des moyens. Quand on met les moyens ça marche, les féminicides baissent comme en Espagne. Il faut de l'argent, un milliard, des tribunaux mixtes civil/pénal, des mesures concrètes d'éloignement des conjoints violents. Il faut agir."
Christelle Wieder, adjointe au maire en charge des Droits des femmes à Strasbourg, conclut "Nous vivons dans une société malade du patriarcat. Malade de la domination masculine. Tant que cette maladie ne sera pas traitée, les violences aux femmes continueront. Il faut lutter contre les stéréotypes et donner les moyens à la police et à la justice. Il faut des actions politiques fortes."
Nous vivons dans une société malade du patriarcat.
Il semble vital aujourd'hui que 2021 soit l'année de la guérison. De la Covid? mais pas seulement loin s'en faut.