Géothermie : "suspension de tous les projets en cours" dans le Bas-Rhin annonce la préfecture

Après les séismes qui ont secoué l’Eurométropole de Strasbourg vendredi dernier, la préfecture du Bas-Rhin confirme ce mercredi 9 décembre l’arrêt définitif du projet de géothermie profonde de Vendenheim et annonce également la suspension de tous les projets en cours dans le Bas-Rhin.
 

Ce mercredi 9 décembre 2020, à l’issu d’un comité de suivi de site réunissant les élus, les associations, et les services de l’État et la société Fonroche, la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, a réaffirmé sa décision d’arrêter de manière définitive le projet de centrale géothermique mené à Vendenheim.

Une décision annoncée en début de semaine après l’enregistrement d’un triple séisme, vendredi 4 décembre, dans l’agglomération strasbourgeoise.  Deux évènements sismiques étaient survenus à 6h59, de magnitudes 3,5 et 2,6. Un autre, à 11h10, de magnitude 2,8. Quelques dégâts matériels avaient alors été signalés par les municipalités de Reichstett, Vendenheim et La Wantzenau. A ce jour, une centaine de demandes d’indemnisations ont été réceptionnées par les services de l’Etat.

"Ce projet, implanté dans une zone urbanisée, n'offre plus les garanties de sécurité indispensables et doit donc être stoppé", justifie Josiane Chevalier, qui annonce dans le même temps la suspension de trois autres projets en cours de développement sur le territoire, qui "feront l’objet d’un réexamen".

Deux d’entre eux, en phase d’étude, sont menés par Fonroche à Hurtigheim et Eckbolsheim. Le troisième, dont les travaux avaient démarré l’année dernière, est porté par le groupe ES, Électricité de Strasbourg, à Illkirch-Graffenstaden.

"Il nous faut acquérir une meilleure compréhension de la géothermie qui représente un intérêt certain", reconnaît Hervé Vanlaer, directeur de la DREAL Grand Est (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement). En ce sens, la préfète a également diligenté une "enquête administrative", confiée à la Dreal, afin de déterminer les causes exactes des séismes enregistrés vendredi.

Un comité d'experts internationaux sera également constitué pour conseiller la préfecture dans les "prises de décision concernant la géothermie" à l'avenir.
 

Reichstett, un projet emblématique


Le projet Geoven, présenté comme une première française pour la géothermie de haute température, devait, à terme, alimenter de 15.000 à 20.000 logements en électricité, et 26.000 en chaleur directe.

Au nord de Strasbourg, les recherches avaient commencé en 2013, puis, après l'identification d'un gisement, une autorisation de travaux avait été accordée par la préfecture en avril 2016, permettant à la société Fonroche de démarrer ses forages à Vendenheim, sur le site de l’ancienne raffinerie de Reichstett .

Mais les opérations avaient été retardées par un premier séisme, de magnitude 3,1, enregistré le 12 novembre 2019 à 5 kilomètres du site. L'activité avait alors été suspendue plusieurs mois avant que des tests ne soient autorisés à l'automne, pour déterminer les causes de ce tremblement de terre. Tests depuis abandonnés.

Malgré ces péripéties, Fonroche, qui a déjà investi près de 100 millions d'euros dans le développement du site alsacien, annonçait encore courant novembre son souhait de pouvoir mettre en route la centrale dès 2021.

La société cessera finalement son exploitation au plus tard dans un mois. "Ce n’est pas une exploitation que l’on peut arrêter brutalement sans quoi les secousses peuvent perdurer", a prévenu la préfète.
 

L’avenir de la géothermie en question ?


La géothermie à haute température, qui consiste à prélever des eaux naturellement chaudes à grande profondeur et à en extraire la chaleur afin de produire de l'électricité ou du chauffage est particulièrement attendue en Alsace, considérée comme une région à fort potentiel. L’Eurométropole de Strasbourg mise notamment sur cette énergie renouvelable pour concrétiser son plan de neutralité carbone 2050.

Son avenir est-il compromis? "Il ne s’agit pas de faire le procès de la géothermie" a rappelé à plusieurs reprises Josiane Chevalier rappelant que deux exploitations en cours depuis 2016 et 2017 à Soultz-sous-Forêts et Rittershoffen, dans le nord du département, fonctionnent "sans poser de difficulté". Mais pour les autres, "On ne sait pas si ces projets sont suspendus pour 3 mois, 6 mois..., a expliqué la préfète. Mais on ne pourra pas redémarrer tant que la maîtrise du risque ne sera pas encadrée. On ne pas laisser la population dans l’angoisse permanente", prévient-elle encore.
 

Facebook Live vendredi 11 décembre à 19h sur cette page Facebook (retransmis également sur la plateforme participer.strasbourg-eurometropole.eu/-/geothermie) ?

Publiée par Strasbourg.eu sur Mercredi 9 décembre 2020


De la transparence. Voilà ce que promettent l’Etat et les élus sur la question de la géothermie qui interroge et inquiète de plus en plus la population. Vendredi 11 décembre, à 19h, Pia Imbs, présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, Danielle Dambach, présidente déléguée en charge de la transition écologique et planification urbaine et nature, et Marc Hoffsess, conseiller eurométropolitain délégué aux énergies, invitent les habitants intéressés à participer à un Facebook Live sur le sujet. Il est dès à présent possible de poser ses questions sur la page Facebook de strasbourg.eu ou sur participer.strasbourg-eurometropole.eu/-/geothermie
 
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