La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, s'est rendue sur le site de Clestra, ce jeudi 24 août, à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin). L'objectif est de soutenir les salariés de l'usine en grève depuis deux mois et donner une résonance nationale à leurs actions.
Depuis le 3 juillet 2023, l'usine de production de cloisons intérieures Clestra, basée à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), est quasiment à l'arrêt. Les salariés en grève, qui ne perçoivent aucun salaire depuis deux mois, ont été soutenus par Sophie Binet. La secrétaire général de la CGT s'est rendue, ce jeudi 24 août, sur le piquet de grève et a dénoncé "un cas typique de démantèlement industriel".
Depuis la reprise du site par le groupe Jestia en octobre 2022, la majorité des 140 salariés signale des conditions de travail de plus en plus difficiles et des licenciements abusifs. Ils craignent aussi un plan social masqué.
Le soutien à résonance nationale de Sophie Binet est la bienvenue pour les grévistes qui comptent sur la solidarité pour boucler leurs fins de mois. "Le plus important, c'est le soutien moral. Notre lutte concerne tout le monde, c'est la défense de nos emplois et de la politique industrielle. Il y a aussi besoin d'un soutien financier. On espère qu'un maximum de gens fera un geste pour qu'on puisse tenir jusqu'à la victoire", lance Amar Ladraa, membre CGT du CSE Clestra.
L'affaire de toute la CGT
La première victoire serait l'organisation d'une rencontre entre les salariés et la direction générale. Cette dernière demeure invisible, selon les représentants du personnel. Une problématique alors même que le groupe Jestia, au moment de la reprise du site bas-rhinois, a reçu près de 5 millions d'euros d'argent public.
Sur place, devant des centaines de représentants syndicaux et salariés, la secrétaire générale de la CGT a affirmé que "la volonté de l'actionnaire était de démanteler ce fleuron industriel". Selon elle, l'objectif de la direction est de "conserver les aides publiques [...] et de reprendre les brevets qui les intéressent".
On ne laisse pas démanteler notre industrie de cette manière
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT
"La direction multiplie les provocations. Elle invente des fiches de paies négatives [...] et veut jeter les ouvriers comme des Kleenex. Moi, je suis venue ici pour dire que c'est l'affaire de toute la CGT. On ne laisse pas démanteler notre industrie de cette manière", ajoute-t-elle.
Le projet de la direction est de déménager sur un site plus petit que celui utilisé à Illkirch-Graffenstaden. "Le nouveau site sera cinq fois plus petit. On n'est pas bête, on sait que tous les salariés ne pourront pas y travailler", précise Sophie Binet.
La direction souhaite une reprise de l'activité
De son côté, la direction de Clestra, rebaptisé Unterland Metal, dit "respecter le droit de grève" de ses salariés. Dans un communiqué publié le 22 août, elle affirme regretter "l’opposition permanente du CSE qui bloque la mise en œuvre du projet de redressement de l’activité, pourtant nécessaire pour assurer la pérennité des activités de l’entreprise".
Elle souhaite que l'activité reprenne "son cours normal" et assure qu'elle est à "l'écoute des salariés et à leur disposition pour répondre à leurs interrogations". Selon le communiqué, le plan de développement permettra de "redresser [...] l'activité de l'entreprise". "Ce plan prévoit notamment la relocalisation du site d'Illkirch-Graffenstaden en trois phases, compte tenu des loyers trop élevés et de la surface du site qui n’est pas en adéquation avec les volumes produits", peut-on lire.
Pour le moment, les représentants syndicaux attendent le retour de la direction de l'entreprise en vue d'une possible réunion.