Incendie meurtrier de la rue de Barr : les souvenirs flous des accusés, "peut-être qu’on a fumé, jeté le mégot"

Au quatrième jour du procès de l’incendie de la rue de Barr, à Strasbourg, les deux accusés ont été interrogés par la cour d’assises du Bas-Rhin, vendredi 22 septembre. Tous deux continuent de dire ne pas se souvenir et démentent tout acte volontaire.

Au lendemain de l’audition des parties civiles, c’était l’un des moments très attendus du procès de l’incendie de la rue de Barr à Strasbourg (Bas-Rhin) ce vendredi 22 septembre : l’interrogatoire des deux accusés sur le fond. Le sinistre avait fait cinq morts dans la nuit du 26 au 27 février 2020.

Premier à passer à la barre, Munasar Ali Abdullahi. Âge de 21 ans au moment des faits, le jeune homme souffre de troubles mentaux – il était d’ailleurs encore pris en charge à l’hôpital psychiatrique de Mulhouse la veille du début du procès. "Je ne me souviens de rien, c’est pas nous, c’est un accident" répond-il à chaque question posée sur le déroulement des faits.

Un handicap intellectuel au sujet duquel ont été entendus plusieurs experts, en désaccord sur la question, les uns estimant son intelligence « normale » quand d’autres lui prêtent « un âge mental de 13 ans ». L’homme, qui comparaît libre tout comme son coaccusé, a d’ailleurs une attitude déroutante depuis le début des débats, se levant ou sortant régulièrement de la salle. Ce qui lui a valu un rappel à l’ordre du président du tribunal, le menaçant de le placer en détention provisoire et de le faire comparaître dans le box s’il continuait à se comporter ainsi.

Se souvient-il être entré dans l’immeuble du 22 rue de Barr à Strasbourg dans la nuit du 26 au 27 février 2020 ? D’y avoir fumé ? D’avoir jeté un mégot dans le placard électrique du palier du 1ᵉʳ étage ou d'avoir vu son ami le faire ? A-t-il eu conscience du déclenchement de l’incendie et pourquoi ne pas avoir donné l’alerte ?

Si l'incendie est à cause de nous, je m’en excuse

Sassoun Azarian

Soumis aux mêmes questions, Sassoun Azarian n’apporte guère d’éclairage plus précis. Il reconnaît bien avoir, avec son ami, pénétré deux fois, à quelques minutes d’intervalle, dans l’immeuble "pour aller chercher ma résine de cannabis cachée au 7ᵉ étage". "Et puis il faisait froid, on avait les doigts glacés : on est rentré pour fumer et se reposer".

Le jeune homme de 24 ans est confus, parfois agressif dans ses réponses. "Trois ans ont passé depuis les faits, Monsieur le Président. Ce soir-là, on avait bu de l’alcool, fumé du shit, je ne me rappelle pas".

Est-ce lui qui a jeté un mégot dans le placard électrique et donc provoqué le départ de l’incendie ? "On a fumé, on a jeté, mais je ne sais pas si j’ai jeté [mon mégot] dans le coffret électrique. Si c’est à cause de nous, je m’en excuse".

Les jurés n’en sauront pas plus sur le déroulement précis des faits. La cour cherche alors à savoir si les deux jeunes hommes ont eu conscience du départ de feu. "J’ai vu des flashes et entendu des crépitements, c’est pour ça qu’on est partis, on a eu peur".

"Pourquoi alors ne pas avoir donné l’alerte", interroge l’avocat général. "J’ai cru que ça venait de chez des voisins toxicomanes. Et puis j’ai pensé qu’il était trop tard, à 2h du matin [sic] pour déranger les gens, se défend Sassoun Azarian. Si j’avais su, j’aurais toqué aux portes".

Si c’était moi le responsable, j’aurais plutôt esquivé la police

Sassoun Azarian

Les questions des différents avocats sont nombreuses, précises, pointant du doigt les incohérences dans les explications données par les accusés pendant l’instruction. "Pourquoi vous voit-on sur les images de vidéosurveillance de l’immeuble, avec un briquet allumé à la main ?". "Parce qu’il faisait sombre, je cherchais le bouton de l’ascenseur". "Pourtant on voit les lumières de l’immeuble fonctionner", rétorque le président du tribunal. "Je ne sais plus".

L’homme tente de mettre en avant sa bonne foi, rappelant s’être de lui-même présenté à des policiers en faction devant l’immeuble au lendemain du drame. "Si c’était moi le responsable, j’aurais plutôt esquivé la police", se défend-il.  

À l’issue de cette phase d’interrogatoire, l’avocat de Sassoun Azarian a demandé l’ajout d’une question à laquelle la cour devra répondre : celle de la destruction « involontaire » ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Une peine passible de sept ans de réclusion contre une condamnation à la perpétuité en cas d’acte « volontaire ».

La cour d’assises du Bas-Rhin doit rendre son verdict lundi 25 septembre.

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