Deux hommes, âgés de 24 et 25 ans, étaient jugés depuis mardi 19 septembre à la cour d'assises du Bas-Rhin. L'un d'eux a été reconnu coupable de l'incendie "volontaire" de la rue de Barr à Strasbourg, qui a fait cinq morts et sept blessés en février 2020.
Plus de trois ans après le drame, les familles des victimes de l'incendie de la rue de Barr sont enfin fixées. Le premier accusé a été condamné à 23 ans de réclusion lundi 25 septembre aux assises du Bas-Rhin. Le second jeune homme qui comparaissait dans le box des accusés, et qui présente des "fragilités psychologiques", a écopé de quatre ans et demi de prison.
Le premier a été reconnu coupable de l'incendie volontaire de l'immeuble. Le second a été innocenté pour ce chef d'accusation, mais les deux ont été condamnés pour non-assistance à personne en danger. Lors des réquisitoires plus tôt dans la journée, l'avocat général avait demandé des peines de 25 et 12 ans de réclusion.
Dans ce procès d'envergure, la justice a tenté d'y voir plus clair dans le déroulé de cette nuit cauchemardesque, du 26 au 27 février 2020. Les flammes avaient ravagé un immeuble de la rue de Barr à Strasbourg. Malgré l'intervention des pompiers, cinq personnes étaient mortes et sept avaient été blessés. Deux individus étaient jugés depuis mardi 19 septembre à la cour d'assises du Bas-Rhin, ils étaient accusés d'avoir provoqué le départ de l'incendie.
L'intention au coeur du procès
Le jour du drame, les deux hommes ont été identifiés par un étudiant qui les a croisés à la sortie de l’ascenseur, puis ils ont été repérés sur les enregistrements de vidéosurveillance. On y voit notamment l'un d'eux muni d'un briquet et d'une cigarette.
Mais avaient-ils l'intention de mettre le feu ou était-ce un accident ? C'était la question au cœur de ce procès, et le jury a estimé que l'incendie était volontaire.
L'avocat général avait plaidé en ce sens. Il a enjoint les jurés à s'en remettre au mécanisme de mise à feu. "Il a fallu ouvrir les portes de l'armoire électrique, il aura fallu que le mégot soit passé par un trou de souris", a-t-il égrainé. Selon lui, "tout cela relève d'un acte volontaire". Il a donc été particulièrement sévère envers les prévenus qu'il accuse d'avoir "semé la peur, la discorde et la mort".
"C'est un accident"
A ces mots, un des accusés a nié fermement de la tête. Il s'agit de Sassoun Azarian, de nationalité russe et âgé de 24 ans aujourd'hui. Il l'a répété plusieurs fois au procès, il n'avait aucune intention de mettre le feu.
"Jamais de ma vie je voudrais faire un truc pareil, c'est un accident, je m'excuse auprès des familles."
Sassoun Azarian, accusé
Les avocats de la défense ont tenté de convaincre les jurés que ce drame était accidentel et qu'il résulte d'un malencontreux jet de mégot. "Vous n'avez pas d'éléments, aucun expert n'a pu dire si c'était volontaire ou pas", ont-ils rappelé. Mais ils n'ont pas convaincu.
Les jurés ont été un peu plus cléments avec le deuxième accusé, Munasar Ali Abdullahi, qui écope de quatre ans et six mois de prison. Âgé de 25 ans, ce dernier comparaissait comme co-auteur, et semble manifestement limité dans ses capacités intellectuelles. De nationalité somalienne, il est sous curatelle renforcée depuis juin 2019 pour des "fragilités psychologiques". Il affirme avoir simplement accompagné l'autre jeune homme ce jour-là.
Non-assistance à personnes en danger
Par ailleurs, les prévenus n'avaient pas tenté de prévenir les habitants ou les secours. Leurs avocats ont plaidé en expliquant que rien ne permettait de savoir s'ils se sont rendu compte qu'un départ de feu était en cours. Sans succès puisqu'ils ont été condamnés pour non-assistance à personnes en danger.
"Ça ne remplacera pas nos êtres chers, ni la douleur que tous ont pu supporter, mais au moins, que justice soit rendue", a réagi Joel Giunta, avant le rendu du verdict, au micro de France 3 Alsace.