Ce lundi 24 juillet 2023, Jean-Marc Reiser, 62 ans, a été placé en garde à vue. Le natif d'Ingwiller est de nouveau confronté à l'affaire Françoise Hohmann. D'après nos informations, une de ses anciennes compagnes serait également entendue par les enquêteurs.
Reconnu coupable en appel de l'assassinat de Sophie Le Tan le 29 juin 2023, Jean-Marc Reiser a été placé en garde à vue moins d'un mois plus tard, comme l'annoncent nos confrères des DNA. Une garde à vue liée à la disparition de Françoise Hohmann, une affaire dans laquelle l'homme de 62 ans a été acquitté en 2001. Une ancienne compagne de Reiser est également entendue.
Cette annonce pourrait être la conséquence de fouilles opérées dans l'ancien appartement de Jean-Marc Reiser, dans le quartier strasbourgeois de Hautepierre, en septembre 2022. Selon nos informations, les enquêteurs n'étaient pas sortis bredouilles de ces investigations.
L'autre personne placée en garde à vue partageait la vie de Jean-Marc Reiser au moment des faits. À l’époque, elle avait fourni aux enquêteurs un alibi pour le natif d'Ingwiller. Alibi qui s'était finalement révélé inexact.
Le dossier Hohmann rouvert dès 2020
Le 8 septembre 1987, Françoise Hohmann, vendeuse d'aspirateurs, disparaît subitement. Ce jour-là, elle fait du porte-à-porte à Strasbourg. Le dernier client à qui elle rend visite s'appelle Jean-Marc Reiser. Douze ans plus tard, en 1999, ce dernier est mis en examen pour homicide volontaire. Faute de preuves, le corps de Françoise Hohmann n'ayant jamais été retrouvé, l'accusé est acquitté en 2001.
Si le verdict de 2001 est définitif, l'avocat Thierry Moser parvient à relancer l'affaire Hohmann. En 2020, le dossier est rouvert par le parquet de Strasbourg. Deux informations judiciaires sont alors rouvertes. L'une pour "séquestration arbitraire criminelle" et l'autre pour "recel de cadavre".
Lors des procès de Jean-Marc Reiser dans l'affaire Le Tan, que ce soit en première instance ou en appel, l'ombre de l'affaire Françoise Hohmann planait sur les cours d'assises, les avocats des parties civiles la suggérant à demi-mot. L'avocat général ira jusqu'à évoquer "l'affaire dont on ne peut pas parler".
Un nouvel espoir pour la famille de Françoise
Pour la famille de Françoise Hohmann, cette garde à vue de Jean-Marc Reiser soulève un nouvel espoir. Celui de pouvoir, peut-être, savoir enfin ce qui est arrivé à la jeune femme, près de 36 ans après sa disparition.
"Je me suis dit : Maintenant que mon mari n'est plus là, est-ce qu'ils ont enfin trouvé un petit indice... quelque chose..." Mariette Hohmann, la maman de Françoise, qui a suivi toutes les audiences du procès Le Tan, est très émue en apprenant la nouvelle. "Est qu’on va retrouver notre fille ? J'ai toujours un petit espoir quelque part... quand même."
"Enfin... enfin... C'est le début de quelque chose..., ajoute Isabelle, la sœur de Françoise. Au vu des perquisitions qui ont été faites il y a quelques mois en arrière, on se dit que, peut-être, il y a eu... une trace de ma sœur." Pourtant, elle a presque peur d'y croire, pour ne pas risquer de devoir affronter de nouvelles déceptions.
"On est pleins d'espoir, mais on est quand même sur le frein, explique-t-elle. Ça a été tellement long, toutes ces années d'attente. On a été tellement déçus. En 2001, le dossier était trop vide. On n'a pas eu la chance, si l'on peut dire, d'avoir toutes les techniques qu'ils avaient à leur disposition pour reconstituer le puzzle de ce qui s'est passé pour Sophie Le Tan."
"S'ils avaient eu les moyens, à l'époque, pour chercher comme maintenant, on l'aurait retrouvée, comme Sophie, renchérit sa mère. Ça doit être le même scénario. J'en ai peur."
Pourtant, par-delà ses craintes, Isabelle Hohmann ose entrevoir de nouvelles perspectives. "On devrait peut-être aboutir à un futur procès, s'exclame-t-elle. Espérons-le. En mémoire de Françoise, pour papa, pour nous, pour toute la famille."
Contacté mardi matin, Thierry Moser, avocat de la famille Hohmann, a déclaré : "On tient le bon bout !" La garde à vue de Jean-Marc Reiser, qui peut durer jusqu'au mercredi 26 juillet au matin, pourrait déboucher sur son défèrement devant le juge d'instruction.