Jeanne Barseghian, maire écologiste de Strasbourg, envisage la mise en place d'une "expérimentation" locale pour autoriser la consommation récréative de cannabis. Un souhait exprimé à quelques jours de l'autorisation en Allemagne de la consommation et la culture de cannabis.
Lundi 1er avril, l'Allemagne autorisera la consommation et la culture de cannabis pour les résidents (depuis au moins six mois). Cette nouvelle législation, mise en œuvre à quelques kilomètres de Strasbourg, ville frontière, a poussé Jeanne Barseghian, à demander la mise en place d'une "expérimentation" locale.
"Sur un bassin de vie commun, nous allons avoir deux réglementations différentes, presque diamétralement opposées, entre l'Allemagne, autorisant la consommation récréative de cannabis, et la France, présentant l'une des législations les plus répressives d'Europe", plaide la maire EELV dans un entretien à nos confrères de l'AFP.
"Le fait qu'un pays européen comme l'Allemagne, attaché à l'ordre public et à la santé publique, décide de faire évoluer sa législation montre bien qu'une politique purement répressive ne lui a pas semblé satisfaisante ni efficace", poursuit Jeanne Barseghian. "À mon avis, ça doit nourrir une réflexion" sur les choix politiques français en la matière. En Allemagne, "cela va rester très encadré, beaucoup moins permissif que ce qu'on peut observer aux Pays-Bas," rappelle-t-elle.
La Ville ne peut pas décider seule
La maire se dit également attentive aux conséquences de cette législation de ce côté-ci de la frontière. "C'est un point d'attention depuis plus d'un an. Nous avions pris l'initiative avec le maire de Kehl (ville allemande voisine, ndlr) d'interpeller les autorités allemandes pour leur demander de considérer les zones transfrontalières comme la nôtre", explique-t-elle.
Elle souligne par ailleurs que Strasbourg "est depuis plusieurs mandats pionnière en matière de réduction des risques et de lutte contre les addictions, avec une politique qui a fait école au niveau national, européen et international." La capitale européenne est, avec Paris, l'une des deux villes françaises à disposer d'une salle de consommation à moindre risque.
"Et cette salle n'est que la partie visible de l'iceberg, on a tout un écosystème d'associations, des médecins, d'élus qui prennent ce sujet non pas dans une logique répressive mais sanitaire : une personne en situation d'addiction, c'est un problème de santé publique, il faut pouvoir l'accompagner pour sortir de cette addiction".
Mais mettre en place une telle expérimentation n'est pas du ressort des communes. Jeanne Barseghian devra d'abord obtenir un soutien auprès des autorités nationales. L'édile compte aussi s'appuyer sur le traité d'Aix-la-Chapelle, signé en 2019 entre la France et l'Allemagne, qui autorise des "dérogations" pour "la réalisation de projets transfrontaliers", notamment en matière "sanitaire".
Outre-Rhin, la loi, très restrictive, ne s'appliquera qu'aux résidents allemands et à ceux qui y habitent depuis plus de six mois.