Autorisé en Allemagne, "autoconsommé" au Luxembourg, les voisins de la France en avance sur la libéralisation du cannabis

Au 1ᵉʳ avril 2024, fumer du cannabis en Allemagne sera presque aussi simple que de fumer une banale cigarette. La loi qui encadre sa consommation a été votée par le Bundestag le 23 février 2024. Le Luxembourg s'est également mis au vert en 2023 en autorisant "l'autoconsommation". En France, le débat sur le sujet reste au point mort.

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Les députés allemands ont tranché, fumer de l’herbe en toute légalité sera possible en Allemagne à partir du 1ᵉʳ avril 2024. Après des débats houleux au parlement de Berlin, le texte a été adopté le vendredi 23 février 2024.

Avec 407 votes pour cette loi et 226 contre, l’Allemagne autorise la consommation récréative de cannabis. Cette décision est loin de faire l'unanimité, mais le but du gouvernement est de mieux contrôler la vente et la consommation de cannabis.

"Aujourd'hui, nous adoptons une loi très importante qui modifie fondamentalement notre politique de contrôle du cannabis. Nous poursuivons deux objectifs : le premier est de lutter contre le marché noir, le second est d'améliorer la protection de nos enfants", annonçait devant le parlement Karl Lauterbach, le ministre allemand de la Santé.

Cannabis en Allemagne mode d'emploi 

Pour fumer du cannabis, il faudra s’inscrire dans une association à but non lucratif. Car la vente dans les tabacs-presse, les coffee-shop ou les pharmacies reste interdite. Ces clubs associatifs de fumeurs de cannabis ne pourront pas dépasser 500 adhérents. Ils pourront vendre 25 grammes de cannabis par personne par jour et maximum 50 gr par mois et par membre.

La teneur en THC est aussi réglementée. Elle ne doit pas dépasser 10%. L’emballage du produit doit être neutre et bien étiqueté avec le poids, la date de récolte, la provenance, etc.

"C’est une réelle avancée, c'est toujours mieux que de se procurer un produit à composition douteuse, c’est le cas quand le marché n’est pas régulé", se réjouit un jeune sarrois rencontré dans les rues de Sarrebrück à quelques encablures de la Moselle et de la frontière française.

Un cannabis "Made in Deutschland"

Aux termes de la loi, se fournir en cannabis auprès d’un dealer reste encore répréhensible, tout comme le partager avec des amis dans une soirée.

En revanche le faire pousser à la maison devient tout à fait légal. Sur un balcon ou dans un petit jardin, les Allemands pourront cultiver maximum 3 pieds de cannabis.

"Je me fais du souci pour mes enfants et mes petits-enfants. Beaucoup de maisons ont un petit jardin en Sarre. Si tout le monde se met à faire pousser des choses comme ça, les enfants vont être témoins et vouloir faire pareil", confie un autre habitant de Sarrebrück.

Et si les fumeurs de cannabis français souhaitaient aller se fournir de l'autre côté de la frontière pour profiter de l'assouplissement de la législation, sachez que les clubs de fumeur de cannabis ont l'obligation de vous demander une attestation de domicile en Allemagne pour y adhérer.

Luxembourg, la solution"maison" 

En juillet 2023, nos voisins luxembourgeois ont, eux aussi, fait un pas en avant en autorisant une production et une consommation en "circuit ultracourt". La vente et l'achat de cannabis restent toujours interdits, mais vous pouvez cultiver et consommer votre propre production. Les résidents dans le pays sont autorisés à détenir quatre plants de cannabis et à fumer leur herbe "faite maison" mais seulement à la maison. Le transport de leur production est en effet interdit hors du domicile sous peine d'une amende de 145€.

Et en France ?

En 2021, un rapport parlementaire relatif à la réglementation et à l’impact des différents usages du cannabis a servi de base à l'introduction du cannabis à usage médical dans le droit commun. Le stade de l'expérimentation a été validé dans les établissements hospitaliers et des hôpitaux comme ceux de Nancy ou Metz l’utilisent désormais pour soulager leurs patients.

Pour le cannabis récréatif, c'est toute une autre histoire. Le débat politique est au point mort dans l'hexagone selon le député Renaissance de Moselle Ludovic Mendes, un spécialiste du dossier : "On est le seul pays en Europe, à faire la guerre aux consommateurs de cannabis et à les traiter comme des vulgaires délinquants. Nous avons des lois moralisatrices. On préfère interdire au lieu de réguler. Les réseaux de drogue prolifèrent, le consommateur n'est pas protégé et c'est un gouffre financier alors qu'on peut faire les choses intelligemment et établir un cadre spécifique à la place d’un cadre répressif" estime le parlementaire de la majorité gouvernementale.

Le cannabis est la drogue la plus consommée en France. Cela représente 50 % du chiffre d’affaires des trafiquants.

Ludovic Mendes, député Renaissance en Moselle

"L'exemple allemand est très intéressant. On pourrait regarder ce qu’ils font et s'en inspirer. En Allemagne, en Espagne, bientôt en Belgique, les lois évoluent. Le Luxembourg a choisi une autoconsommation, c'est autre chose", précise Ludovic Mendes.

En France, peu d'avancées sur un sujet qui reste hautement inflammable. En juin 2023, dans un discours prononcé à Marseille, Emmanuel Macron avait déclaré sa volonté de continuer à combattre le trafic de stupéfiants parlant "d'une responsabilité collective vis-à-vis des clients". Son ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin continue d'afficher une farouche opposition à la solution de la légalisation. 

La France reste cependant le premier consommateur européen de cannabis. Selon un sondage publié en 2023, 45% des Français se disent favorables à une légalisation.

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