Les 90 tonnes d'échalotes prévues d'être jetées ont trouvé preneur, "il y a encore de la solidarité"

Il y a trois semaines, le maraîcher bas-rhinois Jean-François Vierling, écoeuré par la guerre des prix dans la grande distribution, voulait jeter près de 90 tonnes d'échalotes. Depuis, la quasi-totalité de son stock a été vendue, grâce à une belle chaîne humaine.

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Le premier juillet dernier, Jean-François Vierling, agriculteur à Schnersheim, dans le Bas-Rhin, annonçait vouloir jeter entre 80 et 90 tonnes de ses échalotes. C'est-à-dire tout ce qui lui restait de son stock de l'an passé. La raison : la grande distribution refusait de les lui acheter au prix qu'il estimait juste.

Une situation inédite, et profondément démoralisante, que ce producteur qui comptabilise plus de quarante ans de métier a rendue publique dans les médias. Heureusement, depuis, une grande chaîne de solidarité s'est organisée.

Des professionnels, mais également de nombreux particuliers, touchés par son combat, se sont portés acquéreurs. Trois semaines après son coup de gueule, le maraîcher a donc de la place pour accueillir la nouvelle récolte. Et sans avoir rien jeté.

Professionnels et particuliers ont joué le jeu

"Notre silo est pratiquement vide" se réjouit Régine Vierling, épouse de Jean-François, et gérante de l'exploitation agricole. "On a tout vendu." Elle raconte qu'en quelques jours, "une chaîne humaine s'est mise en place", permettant d'écouler la quasi-totalité du stock. "Les consommateurs alsaciens (…) ont pris la mesure du problème" renchérit son mari. Et certains professionnels "ont joué la carte de la proximité et de la solidarité."

La majeure partie de ces légumes aromatiques est partie dans le département de l'Aube : "par un courtier, et un producteur qu'on connaît", explique Régine Vierling. "Il nous en a pris 50 tonnes, c'est une entreprise plus grande que la nôtre."

De leur côté, les grandes surfaces "ont suivi" ajoute la maraîchère. "Grâce aux médias, notre message de détresse a été entendu." Les échalotes Vierling ont retrouvé leur place sur certains rayons fruits et légumes de la grande distribution régionale.

Autre acquéreur, inédit jusque-là : l'entreprise Colin ingrédients, basée à Mittelhausen (Bas-Rhin), spécialiste, entre autres, d'épices alimentaires. "Pour leurs produits déshydratés, ils ont fait des essais avec 600 kilos d'échalotes" précise Régine Vierling. "Et hier, ils nous en ont pris 6 tonnes."

Et les acheteurs locaux n'étaient pas en reste. "Les gens nous ont téléphoné de partout" raconte l'agricultrice, encore émue. "Beaucoup se sont mobilisés. Une personne a vendu 600 kilos d'échalotes aux amis et à la famille." En tout, "environ deux tonnes" ont pu être écoulées ainsi, "grâce à des particuliers." Et comme à leur habitude, les Vierling ont donné une partie de leur production à la Banque Alimentaire.

Des prix plus bas, mais de nouvelles amitiés

Alors, certes, le stock est écoulé, mais à des tarifs bien inférieurs à la mise de départ. Pourtant Régine Vierling reste sereine. "On est tous un peu sur les rotules, on a donné tout ce qu'on pouvait" reconnaît-elle. "Nous avons dû baisser nos prix, mais peu importe (…) Il faut relativiser."

D'autant plus que l'aventure humaine vécue ces trois dernières semaines lui semble plus précieuse que tout le reste. "On n'a rencontré que de belles personnes, des gens supers. Et de nouvelles relations amicales se sont créées. Il y a encore de la solidarité."

Un message et des offres d'emploi

Pourtant, le message que Jean-François Vierling voulait faire passer par son action coup de poing d'il y a trois semaine reste toujours valable. Pour lui, l'ancien slogan "Nos emplettes son nos emplois", remis au goût du jour durant la crise sanitaire, reste plus actuel que jamais.

Il veut continuer à sensibiliser les consommateurs alsaciens, d'acheter prioritairement des fruits et légumes locaux, et à un prix juste. "Derrière nos produits, il y a des entreprises, des salariés, des vies" rappelle-t-il. "Peut-être faudrait-il en arriver à ne plus rien avoir dans l'assiette, pour que les Alsaciens réalisent la chance d'avoir des agriculteurs sur place" renchérit son épouse.

Désormais, le silo vide est prêt à accueillir la nouvelle récolte. L'arrachage des échalotes commence ces jours-ci, et devrait durer deux semaines. "On ne travaille que les matins, à cause de la chaleur" précise Régine Vierling. D'ailleurs, avis aux amateurs : l'exploitation maraîchère cherche encore des bras pour accomplir ce travail. 

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