Maryline Weyl, globe-trotteuse alsacienne, dessine et écrit des grimoires sur les animaux légendaires

Son "Grimoire des Fées" cartonne sur la cagnotte participative Ulule depuis le 27 janvier, et a déjà presque récolté les 4.000 euros nécessaires à sa publication. Maryline Weyl, autrice-illustratrice alsacienne, écrit des grimoires consacrés à des animaux fantastiques : c'est de la cryptozoologie.

Connaissez-vous Maryline Weyl, la cryptozoologue alsacienne ? Comment, vous ne connaissez pas ce métier ? Il faut dire qu'il est un peu particulier : la cryptozoologie, c'est l'étude et la recherche des animaux et créatures légendaires. Qui s'étend de la Bête du Gévaudan dans le sud de la France, au kappa du Japon.

De ses expéditions, Maryline Weyl revient avec bien des idées de grimoires. Armée de crayons de couleur et d'aquarelles, elle donne vie aux nombreuses créatures issues de sa fertile imagination, comme des dragons. Celles du nouveau grimoire sont les fées. Un financement participatif a été lancé sur Ulule, le 27 janvier 2021 : l'objectif (4.000 euros) a été quasi-atteint en juste 20 jours. Il en reste 30 (voir la publication Facebook ci-dessous).
 


France 3 Alsace est allée à la rencontre de celle qui se décrit comme cryptozoologue. "C'est quelqu'un qui va à la rencontre des créatures inconnues ou cachées. Comme le monstre du Loch Ness, le Kraken, ou le Yéti par exemple. Je pense qu'on a tous rêvé un jour d'en voir." Elle relève qu'on "dit que ça n'existe pas", mais techniquement, on n'en a juste pas vu. "C'est un peu comme les fantômes... On peut choisir d'y croire ou non."

Il y a celle qui écrit les livres, Maryline Weyl, Strasbourgeoise de 36 ans; et son personnage de cryptozoologue éponyme. "J'ai parfois des jeunes qui me demandent si j'ai vraiment vu ces créatures... Et c'est un peu compliqué de répondre, je ne veux pas passer pour une folle." Il n'y a pas que des jeunes : son lectorat peut aller de 4 à 104 ans, affirme-t-elle. Qui apprécient son travail à l'ancienne : elle aime le toucher du papier et effectue très peu de retouches numériques. "Travailler avec une tablette, ça me frustrerait un peu."
 


Maryline Weyl s'est éveillée à ce folklore via ses nombreux voyages, elle qui a "toujours rêvé de partir loin". Elle a posé le pied sur tous les continents, à l'exception de l'Amérique du Sud et de l'Océanie (et de l'Antarctique, qui ne semble pas tellement l'attirer).

"J'ai adoré visiter le Japon... Le Mexique, également. Mais j'aime aussi beaucoup la France, dont les contes et légendes sont fabuleux." Et forcément, le coronavirus a mis un coup d'arrêt à ses projets de voyage. Mais il y a eu un point positif... 
 


"Avec le confinement, je n'ai pas pu voyager... Mais ça m'a poussé à regarder autour de moi." Et à penser aux fameuses fées. "J'en imaginais dans nos murs, dans nos placards, dans nos tiroirs... C'est ça qui m'a inspiré. On pouvait ainsi trouver des créatures à domicile, sans devoir faire le tour du monde."

Un pari risqué : l'artiste sort de sa zone de confort. "Contrairement aux créatures japonaises où j'ai été très fidèle aux contes et légendes, je me suis lâchée : comme pour mes licornes, ce sont mes fées. Je me suis fait plaisir, c'est moi qui les ai inventées. C'est loin d'être la fée Clochette, c'est pas Disney." Ce sont plutôt des fées d'inspiration minérale (pierres précieuses), animalières, végétales... entre autres (l'une d'elle est dessinée dans l'image Instagram ci-dessous).

Pour leur créatrice, le public suivra, ce qui semble être le cas au vu du succès de sa cagnotte (c'était la même chose pour l'autrice alsacienne Charlotte Abécassis). "Avec le temps, j'ai réussi à trouver mon public. Il est très fidèle, et se montre sensible à ma créativité. J'ai vraiment de la chance."
 


"Mon public me maintient la tête de l'eau, en ce moment." Elle le rencontre fréquemment lors de salons : jusqu'à 25 sont prévus sur son agenda dans l'année. Ils se tiennent essentiellement en Alsace mais aussi dans les Ardennes ou les Vosges. Ou plutôt, ils se tenaient... Les réseaux sociaux et son site Internet lui ont permis de garder un semblant de contact pendant la crise du Covid-19. 

Et d'annoncer la future édition du grimoire sur les fées : il n'y aura peut-être pas eu de voyage à Kyoto cette année (dont le Pavillon doré est visible sur la vue panoramique ci-dessous), mais il y aura eu un grimoire sortant du lot. Tout de même, Maryline Weyl aimerait un retour à la normale, la reprise des voyages, des salons. "Si ça ne tenait qu'à moi, je ferais un salon tous les week-ends..." 
 


Le recours à Ulule pour financer ses fées (et ses autres créatures en général), elle le voit comme une "pré-vente".  Actuellement, "le projet est quasi-terminé : les fonds vont permettre d'imprimer". Une façon de faire qui lui permet "d'avoir un peu de trésorerie et de lancer le livre sans prendre de risque". Elle est consciencieuse dans sa campagne. "Tout est préparé à l'avance, je fais de la publicité tous les jours, je dévoile quelques pages une journée, et la couverture une autre..." Rien n'est laissé au hasard.

Elle ne fait ça que pour les premières impressions, donc une fois par an : "c'est un petit événement", un rendez-vous incontournable pour les fans. Et si elle réimprime, c'est sur ses fonds propres. "Je ne vais pas demander de l'argent à mon public tous les deux mois..." 

Le financement participatif lui permet aussi "d'ajouter des goodies aux livres, comme ça tout le monde est content". Il s'agit généralement de sacs en toile (ou tote-bags), de badges, de carnets, de marque-pages, de cahiers de coloriages pour adultes et enfants...
 


À noter que Maryline Weyl a plus d'une corde à son arc. Elle dessine aussi les (vrais) animaux, de compagnie, au forfait. Ses fans peuvent lui demander de croquer leur chat, leur chien, leur lapin, leur cheval, leur furet (à voir dans la publication Facebook plus bas)... 

C'est d'ailleurs grâce aux animaux que sa carrière s'est lancée. "Mes parents étaient éleveurs de chiens : j'adore les animaux et ce serait un zoo chez moi si on me laissait faire. Dès cinq ans, je savais que je voulais être une artiste. Et au collège, je n'avais de bonnes notes... qu'en dessin et en français. Les conseillers d'orientation ne comprenaient pas ça, me disaient que ce n'était pas un métier. Et moi, j'avais la rage de leur montrer que si."

Maryline Weyl est alors envoyée au lycée professionnel Jean Rostand, en section stylisme. "Ça n'avait rien à voir avec ce que je voulais faire... Chaque soir, je rentrais à la maison en pleurant." Heureusement, l'expérience s'arrête-là. Comme ses soeurs, elle passe alors un brevet d'études professionnelles (BEP) en secrétariat... qui servira en temps voulu. Avant d'intégrer une école d'art strasbourgeoise, la MJM Graphic Design. On connait la suite.
 


L'autrice-illustratrice se passera de maisons d'édition : elle y trouve son indépendance et équilibre financiers. "J'avais envie de voler de mes propres ailes..." Comme elle fait tout de A à Z (sauf l'impression), elle se trouve être multi-tâches : elle est aussi maquettiste, comptable, communicante... "La paperasse ne me dérange pas, j'aime ça, car c'est celle de ma petite entreprise."

La route n'aura pas été forcément facile, mais elle a réussi. "Ce n’est pas un métier facile, surtout pour une femme, car il faut savoir s’imposer dans un milieu peut-être un peu trop masculin. Mais heureusement, de plus en plus de femmes savent imposer leur style." 
 

Il faut savoir s’imposer dans un milieu peut-être un peu trop masculin.

Maryline Weyl, artiste cryptozoologue


Comme Maryline Weyl vit des salons et de son site Internet, elle est peu distribuée sur les étals des libraires. En fait, la librairie Le Camphrier, située à côté des Halles à Strasbourg, se targue d'être la seule à proposer ses livres à la vente. Et ce sur un présentoir à la taille non-négligeable. Le gérant, Fabrice Dunis, explique l'intérêt qu'il a pour cette artiste. "J'adore son personnage, cette sorte de Lara Croft cryptozoologue."
 


Pour lui, il y a un signe qui ne trompe pas : les premiers grimoires de l'autrice-illustratrice, datant de dix ans, sont toujours en vente. "Dans le monde des livres, une nouveauté chasse l'autre. Souvent, on ne trouvera que les plus récents. Il y a toujours autant d'enthousiasme pour ses grimoires, et ils restent donc tous disponibles."

Même s'il adore le grimoire sur les créatures japonaises (ce nippophile tient une librairie spécialisée dans le manga et la littérature asiatique), ce n'est pas son préféré. "Celui qui m'a le plus plu, c'est celui sur les licornes. Parce que justement, c'est pas un truc tout rose pour les filles. Au contraire, c'est pour tout le monde. Parce qu'il y a un côté réel, une dimension scientifique dans ce qu'elle créé, même si c'est fictif."
 


"Moi, je participe à tous ses Ulule. J'essaye toujours d'être le premier à contribuer, mais c'est compliqué : elle a beaucoup de fans qui se précipitent. Ces grimoires plaisent à tout le monde. On peut les voir comme des objets de curiosité, ou de belles idées cadeau. Une fois, Maryline dédicaçait ici, un grand monsieur bien costaud est entré, a vu les grimoires... et il les a tous achetés : il était devenu fan."

La gérante, Marie-Pascale Perrot-Dunis, confirme ce fort engouement. "En moyenne, on en vend un tous les jours." De quoi continuer à grossir le lectorat de la cryptozoologue, toujours plus nombreux et passionné. Le grimoire suivant pourrait concerner les sirènes. Mais la cryptozoologue n'en dira pas plus sur ses prochains ("assez pour les dix ans à venir"). Peut-être que son prochain voyage l'emmènera au Danemark : c'est à Copenhague que se trouve la célèbre statue de la Petite sirène
 

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