L'Abécédaire de la magie est un ouvrage publié par la dessinatrice strasbourgeoise Anne-Sophie Schlick, le 23 octobre, aux éditions Rustica. Ses 80 pages richement illustrées sont destinées de base aux enfants entre 7 et 10 ans... mais plaisent aussi beaucoup aux adultes.
C'est un livre qui pourrait figurer sur la liste des fournitures scolaires de Poudlard, l'école de magie dans Harry Potter. Et c'est une Strasbourgeoise qui l'a conçu de A à Z. Anne-Sophie Schlick a écrit l'Abécédaire de la magie, publié aux éditions Rustica le 23 octobre 2020. Manque de bol, l'ouvrage n'est resté qu'une semaine sur les étals des librairies, puisque jugées non-essentielles : le gouvernement les a faites fermer à l'occasion du reconfinement. Heureusement, il reste possible de voir quelques pages et le commander en ligne auprès de ces librairies (Amazon n'a plus trop la côte).
L'autrice vit pour ainsi dire depuis toujours dans la capitale alsacienne, d'où elle est originaire : sa mère dirige le cinéma Vox. Anne-Sophie Schlick a notamment été formée à l'Iconograf, une école de dessin située dans le quartier de Koenigshoffen. Actuellement confinée dans la maison de la famille à Marmoutier (Bas-Rhin), elle ne manque pas de temps pour répondre aux questions de France 3 Alsace... mais aussi préparer, déjà, de nouveaux projets.
"J'étais étudiante jusqu'au mois de juin. J'avais envie de faire un projet perso, mais pas jusqu'à me faire éditer non plus." Et pourtant... "J'ai participé au salon du livre jeunesse, à Montreuil. Les étudiants ou les jeunes professionnels non-édités peuvent y rencontrer les maisons d'édition."
Une histoire de coup de coeur
Et là, un peu de hasard et de bouche-à-oreille entrent en jeu. "J'ai rencontré l'éditeur rêvé, Rustica Éditions. Il y a eu un coup de coeur pour mes dessins avec la directrice de la collection, elle était emballée. Juste après, la directrice de la maison me proposait un contrat. C'était magique." C'est le mot.Cet abécédaire n'était au départ qu'un simple livre avec moitié moins de pages. Une page égale une lettre, une lettre égale une illustration, et basta : l'autrice ne se voyait pas écrire de longs textes - pas encore - mais Rustica voulait plus. "C'est un projet léger, qui s'est étoffé. On m'a laissé carte blanche, je me suis amusée. J'ai intégré des planches de bande-dessinée, des jeux..." Et même des recettes de cuisine (pour l'illustration du chaudron). "Ils m'ont même laissé faire la mise en page, c'était en quelque sorte un deuxième contrat. Et j'ai fait le dessin de la couverture."
Le résultat ? Ce qu'on appelle dans le jargon libraire un "livre qualitatif" ou bien un "bel objet". La couverture est dorée et molletonnée; le livre est assez grand pour magnifier les illustrations. Il coûte 17.95 euros. Si le public-cible est les 7-10 ans, il s'avère d'après les premiers retours que leurs parents ne sont pas insensibles à l'art d'Anne-Sophie Schlick. "J'en connais qui voulaient l'acheter pour leurs enfants... et l'ont finalement acheté pour eux." Ni les influençeuses branchées tarot ou ésotérisme sur Instagram, où l'artiste expose aussi.
L'idée du dictionnaire est venue d'une amie de l'artiste, qui avait réalisé une série de grandes affiches illustrant des lettres de l'alphabet. Elle a repris l'idée à son compte : utiliser le thème de la magie, miniaturiser les affiches, et réunir les lettres. L'Abécédaire de la magie était né : il va représenter un an de boulot.
Du haut de ses 32 ans, la magie et le dessin ont toujours irrigué la vie de l'artiste. Ça démarre au Vox, où elle errait petite entre les classiques Disney et les sagas type Harry Potter. Qui ont fait naître une imagination foisonnante, et un talent artistique certain qu'on retrouve à chaque étape de sa vie. Et même dans son baccalauréat, série arts appliqués... devenue avec les réformes la série sciences et technologies du design et des arts appliqués (STD2A).
Petit sorcier et grande artiste
Le petit sorcier à lunettes a donc eu une grande importance pour elle. "Il ne faut pas me taper, mais j'ai seulement lu le premier tome à l'époque, et pas les autres. Ma passion est venue des films. J'ai vraiment un attachement pour les grandes sagas de films, leurs personnages, l'esprit communautaire qui s'est créé autour. Et j'ai commencé à dessiner des portraits de ces personnages, à en faire des séries, par exemple en cartes postales."Anne-Sophie a patiemment construit sa renommée sur des petits stands : elle y vendait des baguettes magiques en bois, des badges... "Ça m'a permis de créer mon identité visuelle, basée sur la forêt et la magie." On la trouvait à la Japan Addict Z de l'association Kakemono, ou au salon du livre de Marlenheim (Bas-Rhin) : leurs éditions 2020 ont été annulées à cause du coronavirus. Harry Potter, thème d'une de ses premières expos, l'a aussi fait connaître. C'était en 2018, au (feu) Pixel Museum de Schiltigheim (Bas-Rhin). Mais il n'y a pas que Harry Potter, dans sa vie : ce serait réducteur.
"Je suis globalement très portée sur les époques passées, et ce que j'appellerai les héroïne badass : Ellen Ripley dans Alien, la princesse Leia dans Star Wars, Leeloo du Cinquième élément..." Et Arya Stark : il ne faudrait pas oublier la saga Game of Thrones, dans une époque médiévale chérie entre toutes par l'artiste.
On comprend mieux sa passion pour les pirates, les vikings (où l'on trouvait de redoutables guerrières)... Et bien évidemment, celle pour les sorcières, qui ont amené à la conception de l'Abécédaire.
Interdiction d'oublier Arya Stark, épéiste redoutable et badass dans Game of Thrones.
Le premier confinement avait permis à l'artiste de beaucoup avancer sur son ouvrage. Cela pourrait aussi être le cas pour le deuxième confinement (écrire second impliquerait qu'il n'y en aura pas de troisième...) : un nouveau projet est déjà en développement. Mais elle va lever un peu le pied, comptant réaliser en parallèle une série de portraits tirés de l'univers de Star Wars, et terminer (en retard) le défi de l'Inktober. Il s'agit de dessiner chaque jour du mois d'octobre un dessin sur un thème imposé (voir ci-dessous un exemple tiré de son compte Instagram).
L'autrice a toutefois commencé à travailler sur son nouveau projet la veille de cette interview. On sait que ce ne sera pas un nouvel abécédaire, que le thème de la magie sera conservé... et c'est tout. Anne-Sophie Schlick se nimbe d'un voile de mystère : seul l'avenir nous dira de quoi il s'agit. Qui sait, ce sera peut-être un grimoire...
L'Alsace est une terre d'écrivaines et/ou de dessinatrices. Outre Anne-Sophie Schlick, citons l'illustratrice Maryline Weyl, qui a dessiné de nombreuses créatures fantastiquess. Ou la romancière Charlotte Abécassis, qui a sorti le quatrième et ultime opus de sa saga Les Prélats de Faneas : elle pourrait être la future J.K. Rowling alsacienne. Par analogie avec l'autrice de Harry Potter... qui est du reste d'origine alsacienne. La boucle est bouclée.