Opération "place nette" contre la drogue à Strasbourg: "ça prend du temps pour que ce soit efficace", selon des policiers déjà surmenés

L'opération "place nette XXL" contre le trafic de drogue a débuté à Strasbourg ce mercredi 3 avril. 3000 policiers et gendarmes seront mobilisés pendant trois semaines. Un déploiement positif, selon le syndicat Alliance, qui craint malgré tout un surmenage des forces de l'ordre en sous-effectif.

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Après un faux départ et quelques couacs de communication entre Paris et la préfecture du Bas-Rhin ce mardi 2 avril, l'opération "place nette XXL", vantée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a bien débuté sur le terrain ce mercredi 3 avril. "250 policiers et gendarmes seront mobilisés tous les jours pendant trois semaines. Cela permettra une présence permanente et massive", indique Josiane Chevalier, préfète du Bas-Rhin.

L'idée, ce n'est pas seulement de casser des portes, mais aussi d'enclencher des procédures judiciaires

Sylvain André, représentant du syndicat de police Alliance

La représentante de l'État a assisté ce matin à un premier déploiement dans le quartier du port du Rhin à Strasbourg. D'autres coups de filet sont prévus dans les jours qui viennent du côté du Neuhof, de l'Elsau ou encore de la Meinau. "Sur le papier, nous sommes favorables à ces opérations, précise Sylvain André, délégué départemental du syndicat de police Alliance. Ce coup de pied dans la fourmilière va mettre en difficulté les trafiquants et leur réseau. L'idée, ce n'est pas seulement de casser des portes et de mettre la main sur une partie de la marchandise, mais aussi d'enclencher des procédures judiciaires."

Des forces de l'ordre déjà épuisées et débordées

Lutter en profondeur contre le trafic de drogue et démanteler les chaînes de distribution, du revendeur au consommateur, voilà les objectifs de cette opération qualifiée de grande ampleur lancée à Strasbourg, ainsi qu'à Nantes et Toulouse. Seulement, reconquérir les quartiers "centimètre par centimètre", insiste Sylvain André, pèsera indéniablement sur des équipes déjà sur la jante dans la capitale alsacienne. "Nous luttons au quotidien contre les produits stupéfiants, mais cette fois, autant sur la durée que par rapport aux effectifs impliqués, c'est du jamais vu", ajoute-t-il.

Or, la bataille se gagne au coup par coup et exige des efforts colossaux. "Si toute la drogue se trouvait dans une même pièce ou un même garage, ça se saurait. Pour débusquer les trafiquants, il faut cibler les personnes, se servir des écoutes téléphoniques, mettre en place des dispositifs de surveillance. Tout cela prend du temps et de l'énergie pour que ce soit utile à long terme", explique le porte-parole d'Alliance.

À Strasbourg, "il manque une centaine de personnes" dans les effectifs de la police, indique-t-il encore."Ce qui nous inquiète, c'est le service après-vente. Autrement dit, les procédures judiciaires, souvent compliquées, qui suivent les interpellations. Les collègues qui en seront chargés devront mettre en stand-by leurs autres dossiers." Autre difficulté pointée du doigt, la fatigue. "L'été dernier, nous avons dû gérer les émeutes, plus il y a eu le marché de Noël. Les Jeux de Paris se profilent. Ajouter des missions supplémentaires à des forces de l'ordre déjà en souffrance va poser problème à un moment donné."

Une opération efficace ou un coup de com politique ?

Se pose enfin la question de l'efficacité de cette opération, d'autant que le gouvernement a vendu la mèche par l'intermédiaire de Gérald Darmanin. Une "bourde" moquée par plusieurs élus alsaciens sur les réseaux sociaux. Sandra Regol, députée écologiste du Bas-Rhin, a ironisé par exemple sur la déclaration du ministre de l'Intérieur, dont l'annonce prématurée, faite la veille des premiers déploiements, aurait laissé une longueur d'avance aux trafiquants :

D'après Sylvain André, en revanche, ce coup de com n'est pas forcément un échec. "Imaginons que certaines personnes, surveillées par nos services, étaient en sommeil et inactives. À l'annonce de l'opération, certaines se sont peut-être empressées de cacher leur marchandise en passant des coups de téléphone à leurs contacts. On pourrait leur mettre la main dessus grâce à ça."

Au total, "place nette" mobilisera un effectif de 3 000 forces de l'ordre à Strasbourg. Outre les équipes cynophiles, les enquêteurs du BRI (bureau de recherche et d’intervention) et une brigade du RAID, toutes basées dans la région, la préfecture du Bas-Rhin a demandé des renforts de CRS, qui pourront venir de partout en France, pour mener à bien l’opération.

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