Sur son compte "J'trace à Stras", Florian, jeune diplômé en urbanisme de 23 ans, met en avant les mobilités douces et l’urbanisme à Strasbourg. Il vulgarise des études, réagit à l’actualité ou se filme en caméra embarquée pour montrer le quotidien des cyclistes. Portrait de ce Strasbourgeois engagé qui entend bien faire bouger les lignes pour des villes plus durables.
Connaissez-vous les voies cyclables les plus fréquentées dans l’Eurométropole de Strasbourg ? Les points positifs ou négatifs de la ville en termes d’expérience à vélo ? Ou même la signification des panneaux M12 ? Via des infographies, photos ou vidéos, c’est ce que vous invite à découvrir le compte “J’trace à Stras”, environ 1.600 abonnés sur X, anciennement Twitter. Derrière ce pseudo, Florian, un Strasbourgeois de 23 ans passionné d’urbanisme.
Voici ce qui a très certainement dû arriver au cycliste ici.
— J'trace (@Jtrace_a_stras) November 16, 2023
Les refus de priorité (encouragés par la géométrie accidentogène du carrefour) sont récurrents sur ce carrefour, et rien ne change depuis des années. https://t.co/mrFnVTbpSo pic.twitter.com/51WVvj5SHK
Il y a trois ans, partant du constat qu’aucun contenu sur les réseaux sociaux ne parlait de la cyclabilité et de l’expérience à vélo dans la ville du Bas-Rhin, Florian décide de créer une chaîne Youtube. Désormais présent sur Tiktok, Reddit, un site et sur X, où il est principalement actif, il publie du contenu en fonction de l’actualité ou des enjeux rencontrés en tant qu’usager quotidien du vélo. “Je montre les aménagements qui m’inspirent, les problématiques récurrentes, je me renseigne sur des sujets, études ou statistiques, puis je fais des synthèses qui visent à vulgariser le tout”, résume-t-il.
Démocratiser des informations
Preuve en est sa collaboration avec un chercheur qui a travaillé pour sa thèse sur l’évolution durant 200 ans des distances moyennes parcourues en France, par mode de déplacement. “J’ai essayé de faire sortir ces données de leur niche en les valorisant dans un graphique animé vidéo”, explique Florian, empli de fierté en mentionnant qu’Aurélien Bigo, le chercheur en question, utilise désormais cette vidéo dans ses propres conférences.
Dans nombre de ses publications, Florian nous fait également vivre son expérience à travers sa caméra embarquée. Un point de vue immersif on ne peut plus révélateur pour sensibiliser. Il espère aussi inspirer des personnes et des villes en mettant en lumière les territoires qui agissent dans le bon sens.
Le jeune homme estime en effet que Strasbourg a “longtemps été pionnière en France”, en étant une des premières villes à amorcer des politiques : un plan vélo dès les années 70, le tram en 1994, puis un plan piéton en 2012. “C’est ça qui est un exemple”, commente Florian, qui considère que même si “elle reste à la pointe, il ne faut pas se reposer sur nos lauriers”, indique-t-il en s’incluant avec la ville dans cet objectif.
Strasbourg, un exemple à valoriser
Par exemple, il estime que des infrastructures cyclables sont encore insuffisantes à certains endroits et que si l’aménagement est qualitatif sur le plan sécuritaire, le confort manque quelque peu, avec des pistes qui se confondent avec le trottoir. “C’est dommage car on ne libère pas le plein potentiel”, regrette celui qui tient toutefois à se concentrer sur le positif et les solutions.
➡️ Seules les voies équipées de compteur sont prises en compte. Les données sont celles de l'année 2022.
— J'trace (@Jtrace_a_stras) November 4, 2023
➡️ J'ai utilisé la plateforme nationale des fréquentations (grand public) de @VeloTerritoires pour faire ce classement. Pour y accéder, c'est ici : https://t.co/B5GWQbbi1P pic.twitter.com/SBxmmgf54z
Sa hantise ? Paraître “aigri” ou “irrationnel”. Il ne s’empêche pas pour autant de pointer du doigt les soucis quand il y en a, tels que le comportement des automobilistes ou la méconnaissance autour des panneaux M12.
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Toujours avec le regard porté vers les bonnes pratiques, Florian n’hésite pas à analyser ce qui se passe ailleurs : le cyclable ou les trottoirs traversant aux Pays-Bas, le développement rapide du cyclable léger à Paris, la vie piétonne en Espagne, la végétation à Singapour… Autant de connaissances qu’il acquiert par de nombreuses lectures scientifiques, des comptes dédiés comme le sien à l’aménagement - mais dans d’autres villes, ou, parfois, en allant sur le terrain.
Rendre ses revendications concrètes
Car Florian, sensible aux enjeux de transition et résilience écologique, aborde aussi les thématiques liées à l’urbanisme : modes de déplacement, usages faits de l’espace public, végétalisation, inclusion…
Des problématiques que ce jeune diplômé d’un Master en urbanisme et aménagement souhaite retrouver dans son futur métier. Actuellement en recherche d’emploi, il aimerait trouver un poste qui puisse lui permettre de “rendre une ville plus durable et agréable”. Une motivation partie du constat que l’espace public a globalement été aménagé en France pour l’automobile, comme il le rappelle :
"On a laissé des miettes pour les piétons, les cyclistes et la végétation. Le but c’est de rééquilibrer tout ça et de répondre aux enjeux du 21ème siècle et pas à ceux des années 70 où on avait pas encore acquis toutes les problématiques environnementales."
Florian, du compte "J'trace à Stras"
Dans cette optique, le jeune homme s’est même engagé plus loin en effectuant des propositions aux élus de la Ville de Strasbourg. “J’aménageais des espaces publics virtuellement donc je me suis demandé pourquoi je ne pourrais pas le faire dans la vraie vie, en situation concrète”, raconte-t-il. Depuis, il a proposé une dizaine de changements, plus ou moins grands, de l’ajout de panneaux à des aménagements spécifiques.
Dernière proposition en date ? Un plan de circulation pour le réaménagement du cœur de ville de Nancy, en Meurthe-et-Moselle, en partenariat avec l’association locale EDEN. Pour défendre ce projet et porter sa vision des choses, il a ainsi réalisé et transmis des montages avant-après sur Photoshop.
Une mobilisation importante que Florian, comme il le défend, considère nécessaire : “C’est aux convaincus de combattre pour de nouveaux aménagements afin de permettre à de nouveaux pratiquants de circuler à vélo.”