Trois années de tractation pour arriver à maturation. En juin, l'université de Strasbourg proposera un tout nouveau diplôme universitaire : "vers le terroir viticole par la dégustation géo-sensorielle". L'idée est de découvrir les vins de lieu, l'importance du sol, de la géologie et du climat.
Goûter le vin sans se mettre de pression, avec un vocabulaire accessible, celui du toucher qui est aussi un vocabulaire universel. C'est tout l'objectif de ce nouveau diplôme universitaire proposé par l'université de Strasbourg, "vers le terroir viticole par la dégustation géo-sensorielle" qui est une découverte des vins de lieu. La première promotion doit débuter les cours en juin prochain.
"Il y aura une semaine de cours par mois, l'idée étant de coller avec le rythme de la vigne et la formation durera sept mois. Une formation en deux temps : l'étude de la viticulture de lieu tout d'abord, puis apprendre à reconnaître un signal du lieu au moment de la dégustation d'un vin. Parce que chaque vin fait saliver à un endroit différent dans la bouche. L'objectif c'est bien sûr de défendre la notion de terroir, " s'enthousiasme Jean-Michel Deiss, viticulteur à Bergheim et l'un des initiateurs de ce projet. "Au final, le vin doit avoir la gueule de l'endroit sinon, c'est de la baguette de pain industrielle!"
Jacky Rigaux, écrivain et psychologue fait également partie de ceux qui ont pensé ce diplôme universitaire. il décrit ce qu'est le vin de lieu et la dégustation géo-sensorielle. "C'est rappeler que la connaissance du lieu est essentielle pour apprécier le vin qui en est. Chaque lieu a son originalité, son substratum, et en fait depuis l'aube de notre ère, on s'est intéressé à ce contact entre un lieu et la plante qui traduit un goût dans le verre."
Il a fallu trois ans à ces passionnés pour convaincre l'université de Strasbourg de mettre en place ce diplôme universitaire. Et c'est la faculté de géographie que ça intéresse. "Le terroir, c'est forcément une problématique géographique d'où l'intérêt pour nous. Et le viticulteur connaît finalement mal les sols. Il connaît la partie géologique mais moins les caractéristiques physiques ou biologiques qui impactent le territoire. C'est d'autant plus intéressant aujourd'hui qu'il y a une dynamique à prendre en compte, c'est le changement climatique. Faut-il changer les cépages, planter des vignes en altitude?" raconte Dominique Schwartz, responsable scientifique de ce DU pour l'université de Strasbourg. Un DU qui s'adresse donc aux viticulteurs mais pas seulement. Oenologues, amateurs de vins peuvent bien sûr postuler.