Reconnue coupable de sévices envers son chien, elle est condamnée à 10 mois de prison avec sursis

La propriétaire de Scoubidou, un chien mort des suites de maltraitance fin 2022, a été reconnue coupable par le tribunal judiciaire de Strasbourg ce mercredi 6 septembre de sévices et d'actes de cruauté envers un animal.

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Il y avait deux réalités mises face à face ce mercredi 6 septembre au tribunal judiciaire de Strasbourg. D'un côté, la description précise, exhaustive et crue d'une vidéo par la police nationale, celle où l'on voit la prévenue brutaliser son chien dans un ascenseur puis à l'extérieur de son immeuble le 14 décembre 2022. "Le chien est traîné avec une laisse si courte qu'il n'avance que difficilement sur ses pattes arrière." "On entend le bruit de ses griffes sur le sol pendant qu'il se débat", "Le chien est propulsé contre un mur", "La maîtresse lui assène un coup de pied pour le faire sortir de la pièce". "Un chien avec la peau sur les os". 

De l'autre, il y avait le discours de la prévenue. Un monde dans lequel elle "aime son chien", où elle ne lui a "jamais donné de coup de pied" et où elle "dormait avec lui tous les jours". Scoubidou, c'est son nom, est mort le 31 décembre 2022, 15 jours après avoir été recueilli par la SPA Strasbourg.

L'association a dû se résoudre à l'euthanasier, l'insuffisance rénale de l'animal étant "trop sévère" après "plusieurs tentatives des vétérinaires". Le chien présentait une cachexie aiguë, c'est-à-dire qu'il était d'une maigreur extrême due à la sous-nutrition, avait les dents entartrées, et souffrait d'une cataracte. 

Absence de remise en question

Pour autant, la propriétaire de Scoubidou ne trouvait rien à redire à son traitement. La gamelle d'eau asséchée dans son appartement ? "Il était incontinent et pissait partout si je lui donnais trop d'eau". La laisse trop courte ? "Il tirait trop fort". Sa maigreur ? "On l'avait fait garder par une dame quelques mois avant et depuis il était comme ça". Pourquoi, constatant son état, ne l'a-t-elle jamais emmené chez un vétérinaire ? "Je n'avais pas les moyens.

Les avocats des parties civiles ont évidemment rebondi sur cette absence de remise en question. "Que l'on puisse dire qu'on n'a pas assez d'argent pour s'occuper d'un chien n'est pas entendable aujourd'hui, il y a des associations et des vétérinaires qui font ce qu'il faut pour orienter les personnes dans ce cas, estime Laure Veyssade, avocate de l'association Stéphane Lamart. La prévenue devrait avoir la nausée rien qu'en regardant les photos de l'état épouvantable dans lequel elle a mis son chien."

Quant au procureur, il a estimé qu'il fallait prendre en compte "les mots que l'on a entendus aujourd'hui dans le jugement final, ou plutôt ceux que l'on n'a pas entendus". "Elle n'était ni atterrée, ni affligée par ce qu'elle a fait. Les faits sont pourtant filmés et les éléments actés.
Était-ce de la mauvaise foi ? Ou plutôt une véritable conviction ancrée qu'elle n'avait pas maltraité son chien ? Que c'était de cette manière que Scoubidou devait vivre ? Selon son avocat, qui reconnaît lui-même que "tout le monde regrette qu'il n'y ait pas eu un autre discours", la prévenue aurait "des difficultés à s'exprimer" et "du mal à prendre conscience de ses actes". 

Quoi qu'il en soit, le tribunal a tranché et l'a reconnue coupable de sévices et d'actes de cruauté envers un animal. Elle a été condamnée à 10 mois de prison avec sursis, ainsi qu'au dédommagement de l'ensemble des parties civiles. Unanimement satisfaits, les avocats des associations de protection animale saluent "un jugement à la hauteur" de l'enjeu. Et Maryse Bierna, qui représentait entre autres la Fondation assistance aux animaux, de souffler en sortant du tribunal : "Espérons que cela lui fasse prendre la mesure de ce qu'elle a fait..."

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