Plusieurs membres d’associations luttant contre le dérèglement climatique se sont mobilisés, le 7 mars 2023, à Strasbourg et ailleurs, contre la réforme des retraites. Ils appellent à repenser le modèle de la Sécurité sociale et à prendre en compte les rapports du GIEC.
La mobilisation contre la réforme des retraites, le mardi 7 mars à Strasbourg, a rassemblé plusieurs milliers de manifestants. Alors que le report de l’âge légal à 64 ans est contesté par la majorité d’entre eux, d’autres tentent d’alerter sur l’absence de prise en compte, par le gouvernement, de l’urgence climatique dans ce projet de loi, et plus largement dans le modèle économique de la Sécurité sociale.
Dans une tribune du Monde publiée le 3 mars, un collectif d’étudiants et d’universitaires estime que la priorité, pour le gouvernement, devrait être la mise en œuvre d’une Sécurité sociale écologique comme socle des débats actuels. Ils dénoncent notamment la dépendance de ce système à un modèle économique "voué à disparaître", et évoquent la nécessité de ne plus avoir une société où la surconsommation règne en maître.
Pour certains militants, les réformes actuelles ne seront plus viables dans quelques années. "Nous avons lu le rapport du Conseil d’orientation des retraites, et il n'y a aucune projection concernant l’urgence climatique actuelle. Leurs projections économiques sont totalement déconnectées du contexte actuel, affirme Olivier Marchand, membre du mouvement Youth for climate et signataire de la tribune, On sait que le dérèglement climatique va avoir un impact délétère sur les personnes âgées et ce n’est pas pris en compte dans cette réforme".
Un impact sur la santé et les ressources
Dans la manifestation strasbourgeoise du 7 mars, quelques personnes tentent de faire entendre leur voix et d’alerter tant le gouvernement que l’opinion publique sur cette urgence climatique. "Ce qui nous mène à la catastrophe climatique, c’est notre modèle de consommation. Notre vision de la valeur, avec la recherche constante du profit et l’importance donnée au PIB sont aujourd’hui inadaptées", explique Somhack Limphakdy, enseignante-chercheuse en philosophie du droit et membre de Strasbourg Action Climat.
Cette réforme ne répond pas au problème des retraites, elle l’aggrave
Somhack Limphakdy, membre de Strasbourg Action Climat
Alors que plusieurs jeunes mobilisés à Strasbourg expriment leur inquiétude face au dérèglement climatique, le constat est le même pour l’enseignante-chercheuse. "Nous sommes en train de précipiter l’effondrement. Cette réforme ne répond pas au problème des retraites, elle l’aggrave. Si rien n’est fait, il y aura de moins en moins de ressources en eau, moins de nourriture qualitative, et davantage de maladies", déplore-t-elle.
La question du report de l’âge légal de départ à la retraite apparaît « déconnectée » pour ces manifestants. "Il faut remettre les conditions de travail au centre des débats. Par exemple, dans le bâtiment, on construit avec des matériaux qui détruisent la santé des travailleurs, mais aussi l’environnement, constate Somhack Limphakdy, C’est la même chose pour l’agriculture intensive". Selon elle, plusieurs corps de métiers peuvent être créés, notamment pour la reconstruction des sols et la forêt, mais cela "présuppose de prendre en considération des indicateurs extra-financiers".
Aucune viabilité à long terme ?
Dans le cortège, l’un des membres de Youth for Climate Strasbourg affirme que la réforme est "profondément injuste socialement" et qu’elle est totalement "inadéquate" avec les enjeux écologiques. "Dans 40 ou 50 ans, il va falloir revenir sur toutes ces réformes, car nos modes de vie auront changé", ajoute-t-il.
L’objectif désormais, pour les collectifs et associations de lutte contre le dérèglement climatique, est de "faire reculer" le gouvernement sur sa réforme et d’intégrer l’urgence climatique dans les prochaines réformes sociales.