Reichshoffen : les syndicats d'Alstom réitèrent leurs inquiétudes et se prononcent en faveur d’un repreneur espagnol

Mardi 13 octobre 2020, l'intersyndicale de l’usine Alstom de Reichshoffen décide de faire entendre sa position concernant le futur repreneur du site cédé par le groupe français. L'occasion aussi, d'exprimer, une fois encore, ses inquiétudes pour l'avenir. 

C'était l'une des conditions imposées par la réglementation européenne : pour racheter le secteur ferroviaire du Canadien Bombardier Transport, le groupe français Alstom devait sacrifier son usine de Reichshoffen (Bas-Rhin) qui compte près de 800 salariés. Une cession qui répond aux problèmes de concurrence dans le secteur des trains régionaux, un monopole non-envisageable dont Siemens avait fait les frais en 2019 avec sa proposition de rachat d'Alstom.

Après l’approbation de l’acquisition par la Commission européenne le 31 juillet 2020, le site alsacien attend dorénavant son repreneur. Dans un communiqué publié mardi 13 octobre 2020, l'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC) exprime, une nouvelle fois, son inquiétude quant à la "pérennité" de la plateforme, selon elle "compromise par la volonté d'Alstom d'en brider les évolutions possibles". En question, "le détourage du site décidé par Alstom" ne respecterait pas les règles européennes, notamment en ce qui concerne la "nécessaire viabilité et compétitivité des activités cédées".
 


Au cœur des griefs, la motorisation à hydrogène, technologie développée sur le site de Tarbes (Hautes-Pyrénées) qu'Alstom ne compte pas céder, mais qui rentre dans la composition des trains assemblés à Reichshoffen. "L'expertise hydrogène restera chez Alstom, c'est très clair, puisqu'on est les seuls au monde à avoir développé" cette technologie, a précisé à l'AFP un porte-parole d'Alstom. "Et on travaillera avec le futur repreneur pour lui fournir la motorisation à hydrogène dans le cadre d'une commande à venir, qui est actuellement en discussion avec les régions et la SNCF".

Cette commande devrait être passée en deux temps au moins, avec 14 premiers trains commandés par quatre régions, une "pré-série", dont l'assemblage est prévu à Reichshoffen avec la chaîne de traction à hydrogène développée par Alstom. Pour les commandes futures, les trains devraient être réalisés par un consortium, toujours avec les motorisations à hydrogène développées par Alstom, mais avec l'assemblage effectué sous une nouvelle entité, celle du repreneur, à Reichshoffen.
 

Deux repreneurs, prêts "à maintenir l’ensemble des emplois"


"Ce qu'on craint, c'est qu'Alstom", en situation de monopole sur les technologies à l'hydrogène, "ait toutes les cartes en main pour nous vendre leur chaîne de traction à n'importe quel prix, ou refuse de la fournir", et mette ainsi en difficulté le repreneur du site de Reichshoffen, a expliqué à l'AFP le secrétaire du CSE du site, Daniel Dreger.

Le porte-parole d'Alstom a lui assuré que le groupe français était "disposé" à continuer à fournir à l'avenir au site de Reichshoffen ses motorisations à hydrogène.
 
Par ailleurs, alors que deux industriels, le Tchèque Skoda et l'Espagnol Caf, ont exprimé leur intérêt pour le rachat du site de Reichshoffen, l'intersyndicale a exprimé sa préférence en faveur de CAF, 13000 salariés. Une "société bien implantée en Europe avec une force commerciale déjà bien établie", qui se serait engagé à maintenir l’ensemble des emplois et "à produire à Reichshoffen l’ensemble des contrats futurs remportés en France", explique Daniel Dreger. "CAF nous offre plus de garanties sur l'emploi, et ce jusqu'en 2024, sans compter le fait que le groupe est positionné sur 28 appels d'offre", ajoute-t-il. 

CAF aurait également pour projet de faire du site alsacien le Centre d’Excellence Mondial dans le domaine de l’hydrogène.  
Elle craint qu'Alstom ait au contraire une préférence "pour une vente à Skoda", 5000 salariés, qui apparaît "comme le moins performant des deux" et donc "moins problématique en matière de concurrence future".

"Skoda ne possède à ce jour aucune force commerciale et n’est positionné sur pratiquement aucun appel d’offre en France. Le groupe s’est engagé à développer le site et à maintenir l’ensemble des emplois et des acquis sociaux…mais avec quelles commandes à court ou moyen terme?", reprend encore le communiqué.
 
De son côté, le porte-parole d'Alstom affirme que "le processus est toujours en cours et continuera au cours des prochains mois. Nous ne pouvons exprimer aucune préférence". Les critères principaux, c'est à la fois trouver un acteur ferroviaire de référence qui ait envie d'investir sur le site, et créer un concurrent crédible sur le marché des trains régionaux en France" a-t-il ajouté.

Pour veiller à la création de ce "concurrent crédible", la commission européenne a nommé le 29 septembre un expert indépendant, le cabinet Advolis représenté par Antoni Vassileff, chargé de superviser cette vente.
       


 
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