La police municipale de Strasbourg (Bas-Rhin) vient de se voir dotée d'un renfort spécial. Sacha, un jeune chien de 20 mois, a été recruté pour accompagner les agents sur le terrain et lutter contre les maltraitances animales.
"Doucement, assis. C'est bien mon loulou". Voici comment Marc, brigadier-chef principal de la police municipale de Strasbourg (Bas-Rhin), parle à son nouveau coéquipier. Celui-ci est bien jeune. Sacha a à peine vingt mois, mais il est déjà membre actif de la brigade.
Il faut dire que Sacha est un chien. Un berger malinois recruté en avril 2024. Après quelques mois de formation de l'animal et de ses partenaires bipèdes, il a officiellement pris ses fonctions à la mi-août. Ses missions : épauler les policiers sur le terrain, et lutter contre les maltraitances animales.
Et depuis son arrivée, il fait son petit effet sur le terrain. "Depuis qu'il est là, notre relation avec les citoyens s'est grandement améliorée, constate Marc, son conducteur canin - comprenez son maître. Les gens sont intrigués par sa présence et viennent beaucoup plus facilement vers nous. C'est un vecteur de proximité et de socialisation, mais aussi de dissuasion face à des gens mal intentionnés."
Accompagnant Sacha dans l'une de ses tournées, nous constatons en effet qu'il ne laisse pas les passants indifférents. "Belle bête" lance l'un, "Comment s'appelle-t-il ?" demande l'autre. L'animal provoque davantage de sympathie que de méfiance. "Je n'ai pas pu m'empêcher d'aller le voir parce que j'ai beaucoup de tendresse pour ces animaux, raconte une Strasbourgeoise en arrêt devant Sacha. C'est vrai que ça incite au contact avec les policiers auxquels on ne parlerait pas normalement."
Sacha, un agent de police comme un autre
Sacha n'est pas une mascotte. C'est un véritable agent, avec ses heures réglementaires de travail, et un box de repos spécialement aménagé au local de la police municipale. Sur le terrain, son attitude doit être irréprochable. "Il ne doit pas réagir à la présence des gens dans la rue, explique celui qui en a la responsabilité. Il est formé pour ne faire peur qu'aux personnes auxquelles il doit faire peur."
Comme ses collègues humains, il a suivi une solide formation sur le terrain, basée sur des mises en situation, pour assurer la défense des agents et des citoyens. Il est ainsi formé à la légitime défense, en cas d'attaque envers les forces de l'ordre. "Si on est agressé au moyen d’une arme, on peut faire intervenir le chien de manière proportionnée à la menace. Il peut répondre par une frappe muselée – le chien a une muselière renforcée avec laquelle il tape pour neutraliser, comme un bâton de défense. En cas de menace vitale, on peut passer au mordant : laisser le chien mordre l’agresseur pour le neutraliser. Mais cela est extrêmement rare", détaille son partenaire Marc.
Lutte contre la maltraitance animale
Sacha peut être sollicité en appui des polices municipale et nationale, mais aussi des associations qui interviennent contre la maltraitance animale. C'est l'autre volet de sa mission. Lutter contre les mauvais traitements de ces congénères.
Le chien policier ne dispose pas d'une cape de super-héros pour cela. C'est au gré des discussions avec les badauds que cette question peut être abordée. Les agents peuvent par exemple donner des conseils à des maîtres débordés par leur animal. Et c'est dans cette optique que la ville de Strasbourg a décidé de mettre en place cette "brig'animale". "En France, 15 000 cas de maltraitance sont dénoncés chaque année, sans compter tous les animaux qui ne sont pas repérés. Sur ces 15 000 cas, 60 à 70% subissent des sévices considérés comme graves, observe Marie-Françoise Hamard, conseillère municipale déléguée aux animaux dans la ville. On compte donc sur Sacha pour être un relais efficace de médiation animale."
Prochainement, Sacha devrait être rejoint par d'autres collègues à quatre pattes. À terme, la police municipale de Strasbourg voudrait se doter de cinq chiens pour assurer le roulement de toutes les équipes de patrouille.