Le président de la Collectivité européenne d'Alsace, Frédéric Bierry, a fait le point ce lundi 13 mai sur l'avenir du dossier sur la sortie de l'Alsace du Grand Est. L'élu a notamment dans le collimateur la présidente de l'Eurométropole. Pia Imbs s'est montrée favorable à un maintien dans le Grand Est.
Sortira, sortira pas... L'avenir de l'Alsace semble s'écrire chaque jour un peu plus au sein du Grand Est. Frédéric Bierry se montrait pourtant confiant en février 2024. Le président de la CeA sortait à ce moment d'un échange positif avec Éric Wœrth, en charge du dossier de loi sur la décentralisation.
Seulement, la tendance s'est depuis détériorée. Lors de sa visite à Strasbourg le 26 avril, Emmanuel Macron avait écarté l'idée d'un redécoupage du Grand Est. Frédéric Bierry avait convoqué une conférence de presse trois jours plus tard, pour protester contre un "déni de démocratie".
Plus récemment, ce n'est autre que la présidente de l'Eurométropole, Pia Imbs, qui a qualifié la Région de "vrai levier" pour l'Alsace. L'élue a annoncé début mai sortir du Mouvement pour l'Alsace, qu'elle avait rejoint lors de sa création en 2018. Dans le même temps, sept maires alsaciens ont demandé à Emmanuel Macron de s'opposer à un redécoupage de la Région, affaiblissant encore la position du président de la CeA.
Bierry évoque une trahison pour l'Alsace
Sans mentionner d'élus en particulier, Frédéric Bierry n'a pas hésité à tacler les "Alsaciens" qui ont affiché une position hostile à une sortie du Grand Est. "Il y a toute une partie d'élus qui ont retourné leur veste. Ils sont souvent aux conseils régionaux du Grand Est. Donc avec un intérêt de carrière", analyse-t-il.
Interrogé en marge du lancement du mois de l'Europe, le président de la CeA estime que ces maires n'ont "pas de légitimité démocratique pour s'exprimer" sur ce sujet. "Ils n’ont ni demandé l’aval de leur assemblée ni celui de leur population. Il y a donc une façon de trahir démocratiquement l’Alsace." Frédéric Bierry rappelle les 150 000 votes en faveur d'une sortie de l'Alsace lors d'une consultation organisée par la CeA en 2022.
L'ancien maire de Schirmeck a également lancé une pique à ses confrères non-alsaciens. Selon lui, "beaucoup ne montent aucun projet pour l'Alsace, mais veulent bénéficier de la manne financière que le territoire peut leur apporter." Malgré ce vent contraire, Frédéric Bierry se dit "déterminé" pour mener son projet à bien.
On est à la limite du complotisme
Pia Imbs, présidente de l'Eurométropole de Strasbourg
La présidente de l'Eurométropole a souhaité réagir aux accusations dont elle fait l'objet. "On a le droit d’évoluer dans sa prise de position tout en restant Alsacienne", s'est-elle justifiée lors d'une conférence de presse ce lundi. Visiblement touchée par le discours tenu par Frédéric Bierry, Pia Imbs s'est défendue de propos "calomnieux et diffamatoires". "Je n’accepte pas ces mensonges qui font le lien avec ma récente nomination au conseil d’administration de l'Afit. On est à la limite du complotisme."
La présidente a également clarifié sa position, indiquant ne pas être favorable du "tout ou rien". Elle espère notamment un échange "fructueux" entre le président de la CeA et son homologue de la Région. Les deux hommes sont attendus ce mardi 14 mai pour discuter du dossier de décentralisation avec la préfète du Bas-Rhin. Le dossier devrait être rendu dans les prochains jours au président de la République.