Frappés par des "mortalités d'abeilles catastrophiques" depuis la sortie de l'hiver, les apiculteurs se sont mobilisés ce jeudi pour réclamer un plan de soutien exceptionnel et un "environnement viable pour les colonies d'abeilles".
Plusieurs rassemblements ont eu lieu à travers la France. A Strasbourg, les apiculteurs ont manifesté devant la préfecture leur colère, attisée par le rejet à l'Assemblée Nationale du texte sur l'interdiction sous trois ans du glyphosate. L'Alsace n'est pas la plus exposée par la surmortalité des abeilles, mais la confédération régionale des apiculteurs dénonce tout de même certaines pratiques agricoles.
"Il faut arrêter de tergiverser, car aujourd'hui, ça a pris de telles proportions que dans certaines régions l'apiculture n'est plus viable", a déclaré à Gilles Lanio, président de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf). Les apiculteurs, environ 70.000 en France dont une majorité de petits producteurs, subissaient des pertes d'environ 30% de leurs cheptels ces dernières années, selon lui. "Aujourd'hui, on a franchi un cap supplémentaire", avec des taux de mortalité pouvant grimper à 80%, s'est-il alarmé.
Les abeilles souffrent de divers maux mais les principaux accusés sont les néonicotinoïdes, des insecticides qui s'attaquent au système nerveux des insectes, désorientent et affaiblissent les pollinisateurs. "Avant, on mettait ces sujets sous le tapis et là on les a sortis", a dit Nicolas Hulot, qui s'est invité par surprise à la manifestation. "Je ne veux plus qu'on diffère ces sujets (...). Je veux être votre meilleur médiateur et ambassadeur", a promis le ministre de la Transition écologique. Il a invité les apiculteurs à chiffrer leurs pertes pour pouvoir identifier "les mesures d'urgence" à prendre. Selon les apiculteurs, les plus touchés parmi eux sont ceux qui viennent de s'installer et ont contracté des dettes.
En France, la loi sur la biodiversité de 2016 prévoit l'interdiction des néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles au cas par cas jusqu'au 1er juillet 2020. Au niveau européen, trois néonicotinoïdes - clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride - ont été interdits dans toutes les cultures en plein champ.