Deux jours après le match de foot organisé illégalement à Strasbourg et qui a réuni 400 personnes, les autorités demandent ce mardi 26 mai aux participants d'effectuer des tests au Covid-19. Une enquête a également été ouverte pour identifier les organisateurs de l'événement.
C'est une rencontre totalement illégale qui s'est déroulée le dimanche 24 mai au stade Paco-Mateo de Koenigshoffen. Un match de football entre deux équipes de quartiers strasbourgeois, le Neuhof et Hautepierre, qui a rassemblé environ 400 personnes. Illégal car l'interdiction de rassemblement de plus de 10 personnes dans l'espace public est toujours en vigueur dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.
"Un manque de respect total"
Deux jours après cet événement, ce mardi 26 mai, les autorités ont tenu une conférence de presse pour annoncer les mesures prises d'un point de vue sanitaire et judiciaire. "Car l'enjeu est de taille", explique la préfète de la région Grand Est et du Bas-Rhin, Josianne Chevalier dans son introduction. "Nous faisons face désormais à un potentiel foyer épidémique". En effet, lors de cette rencontre, 400 personnes se sont retrouvées autour du stade Paco-Mateo, "alors que les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits et en ne respectant aucun geste barrière. Embrassades, absence de port du masque, les participants ont fait tout ce qu'il ne fallait pas faire".Colère aussi de la haute fonctionnaire "c'est un manque de respect total, pour tout ceux qui ont été frappé par le Covid-19 et tout le personnel soignant qui se bat depuis début mars. Un événement irresponsable, incompréhensible et gravissime au vu du lourd tribut humain payé par le Bas-Rhin qui déplore plus de 1.000 décès depuis le début de l'épidémie."
Des tests gratuits et anonymes au Parlement européen
Des mesures sanitaires ont donc été prises en urgence. Josiane Chevalier et l'ARS (l'agence régionale de santé) appellent les participants à se faire dépister. Avec ou sans symptômes. "Le comportement des participants sera décisif dans les prochains jours, de nature à sauver des vies. Il faut absolument qu'ils aient le courage d'aller se faire dépister. Ils ont peut-être été contaminés au Covid-19 et ils peuvent contaminer leur entourage" insiste Adeline Jenner, déléguée territoriale de l'ARS.Il est ainsi conseillé aux participants de consulter leur médecin ou de se rendre au Parlement européen où un centre de dépistage est en place depuis plusieurs semaines. Ils pourront effectuer un test virologique "gratuit et anonyme, dans le respect du secret médical. Au Parlement européen, pas besoin d'ordonnance ou de prendre un rendez-vous. Le dispositif sera effectif dès le jeudi 28 mai ". Et à la préfète d'ajouter "que les choses soit bien claires : ce n'est pas un piège, personne ne sera inquiétée. C'est une campagne de test indépendante de toute procédure judiciaire. Notre objectif : maîtriser la propagation du virus et éviter que Strasbourg ne soit un cluster".
Une enquête judiciaire pour identifier les organisateurs de la rencontre
Dès lundi, une enquête a été ouverte par le parquet de Strasbourg et confiée à la sûreté départementale du Bas-Rhin pour violation de l'arrêté de fermeture des stades dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire. Selon la procureure de la République Yolande Renzi, "cette enquête a pour but non pas de rechercher tous les participants, mais d'identifier les organisateurs de l'événement et les complicités qu'ils ont pu avoir". A l'heure actuelle, aucun organisateur n'a été identifié formellement. Le ou les auteur(s)encoure(nt) six mois de prison et 7.500€ d'amende.Il faut empêcher un match retour
Roland Ries, le maire de Strasbourg a insisté pour sa part sur la nécessité absolue que le "match retour n'ait pas lieu"."Si des événements comme ceux de dimanche se reproduisent c'est tout l'édifice construit en deux mois de confinement qui peut être remis en cause, s'est-il inquiété.
Consternation au lendemain du match de foot
"Je suis effaré d'un tel manque de responsabilité, imaginez si cela devient un cluster", avait commenté Serge Oehler, adjoint au maire de Strasbourg en charge des quartiers de Hautepierre, Poteries et Cronenbourg, lundi 25 mai au lendemain du match de foot clandestin qui a rassemblé près de 400 personnes. Et d'ajouter "on ne sait pas s'il s'agit des équipes officielles ou de quartier". Le rendez-vous avait été donné sur les réseaux sociaux par des amateurs du ballon rond.
"Un comportement déraisonnable"
Le professeur Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à la Pitié-Salpêtrière à Paris, a vivement réagi sur Twitter, qualifiant cette attitude de "franchement déraisonnable". "Le virus est toujours présent", insiste le professeur. "Ce genre de réunion peut constituer une mini-bombe virale", écrit-il.
400 personnes réunies à Strasbourg pour un match de foot inter quartiers c’est franchement déraisonnable. Le virus est toujours présent et ce genre de réunion peut constituer une mini bombe virale. Restons prudents et mobilisés.
— deray gilbert (@GilbertDeray) May 24, 2020
En Alsace, des responsables de clubs amateurs avait déjà été rappelés à l’ordre ces derniers jours par la municipalité et par le district d’Alsace de football pour des entraînements malgré l’interdiction. Les buts ont également été retirés par précaution dans plusieurs stades de la ville.