Strasbourg : les campements de migrants se multiplient, l'hébergement d'urgence ne suit pas

Le scénario se répète inlassablement. Une centaine de migrants se sont à nouveau installés depuis la fin septembre dans un campement de fortune à Strasbourg, dans le quartier de Cronenbourg aux Ducs d’Alsace. Un phénomène non seulement récurrent mais qui s’amplifie.

 

Les arrivées augmentent dans le Bas-Rhin. Les demandes d’asile se sont multipliées par deux en quatre ans. De 1800 demandeurs accueillis en 2014 en préfecture de Strasbourg, on est passé à 3000 en 2016 et à 4000 en 2018. Par sa position géographique, son statut de capitale européenne, Strasbourg attire particulièrement. Le flux de migrants y est permanent et même en nette hausse, +11 % en 2019 par rapport à l’an dernier.
 


Par rapport aux autres régions, le profil des migrants est très particulier dans le Bas-Rhin. Ce sont essentiellement des familles en provenance de l’Europe de l’Est et des Balkans, souvent en mauvaise santé. Les demandeurs d'asile accueillis dans le Bas-Rhin viennent essentiellement de Géorgie (27,6%), Albanie (8,4%)  Russie (7,5%) et Arménie (5,8%).

300 nouveaux arrivants chaque mois


Un tiers des migrants sont donc Géorgiens. Selon Yves Séguy, secrétaire général de la Préfecture du Bas-Rhin, leur venue s’expliquerait par la libéralisation des visas depuis 2017 ainsi que par la recherche d’une vie meilleure et la volonté d’accéder à des soins. Chaque mois, les services de la préfecture doivent ainsi trouver des solutions pour 300 nouveaux arrivants.

C’est le casse-tête de l’hébergement. La préfecture admet que la situation est tendue, il faut savoir que le Grand Est est la troisième région d’accueil avec 9,6% des demandes d’asile en France, juste derrière l’Auvergne-Rhône-Alpe et derrière l’Ile de France. Et à l’intérieur du Grand Est, Strasbourg absorbe 30 % des demandes. Un flux en hausse, ce qui rend l’hébergement particulièrement difficile dans une ville déjà saturée.
 


400 places de plus en 2019 

Concrètement, les places d’accueil ont augmenté mais pas suffisamment. La ville de Strasbourg dit avoir déjà fait des efforts, selon Marie-Dominique Dreyssé adjointe au Maire en charge des Solidarités, des places ont été créées : encore une centaine l’an dernier. Des efforts ont aussi été consentis par l’Etat, on est passé de 3000 à 3400 places entre 2018 et 2019, soit 400 places supplémentaires pour les demandeurs d’asile.
 

Au total chaque nuit, ce sont 9.000 personnes qui sont ainsi logées par l’Etat dans des hôtels ou des hébergements d’urgence essentiellement dans l’agglomération strasbourgeoise. Mais il n’y a pas assez de places pour tout le monde. Chaque soir, il y a toujours plus de 500 appels au 115, et impossible de répondre à toutes les demandes. Selon Marie-Dominique Dreyssé, ils seraient plusieurs centaines à dormir dehors chaque nuit. Une situation indigne et la ville de demander une vraie politique nationale pour accueillir dignement toutes ces personnes qui passent sur notre territoire. Il manquerait plusieurs centaine de places à l’heure actuelle.
 

12 campements fermés en moins de deux ans

Certains sont donc contraints de dormir à la rue. Alors que le camp des Canonniers dans le quartier du Neuhof a été fermé, une centaine de migrants se sont à nouveau installés depuis plusieurs jours dans un campement de fortune à Strasbourg dans le quartier de Cronenbourg face à la station de tram des Ducs d’Alsace. Ce sont essentiellement des familles en provenance de l’Europe de l’Est et des Balkans.
 
Face à un dispositif saturé, des collectifs exigent de réquisitionner les logements vacants, des squats se montent comme à Koenigshoffen dans l’ancien siège de la brasserie Gruber. Le squat de "l’Hôtel de la rue" a été ouvert fin juillet par le collectif "la Roue tourne", plus de 150 personnes y ont trouvé refuge, tout un étage serait occupé par des Géorgiens.

Enfin, un second squat a vu le jour dans la zone commerciale d’Eckbosheim, le squat Bugatti qui affiche lui aussi complet. Des squats et des campements qui mettent en lumière le manque criant de places d’hébergements. C’est devenu une vraie problématique en ce qui concerne la ville de Strasbourg. Dans la capitale alsacienne, 12 campements ont été fermés en moins de deux ans.
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