Strasbourg : des locataires d'un immeuble à bout, "la cave se remplit de merde, ça entraîne des vrais problèmes d'hygiène"

Dans le quartier strasbourgeois de la Meinau, les occupants d'un immeuble vivent au quotidien avec une odeur nauséabonde, et de gros problèmes d'hygiène en raison des usées qui terminent dans la cave. Le bailleur Ophea rejette la faute sur l'assureur.

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À Strasbourg, l'immeuble des numéros 9 et 11 de la rue Eugène Imbs est devenu le cauchemar de ses occupants. Dans le bâtiment, de nombreuses malfaçons sont visibles. La plus importante : un problème d'évacuation des eaux usées. Les habitants doivent subir les mauvaises odeurs au quotidien, eux qui ne peuvent pas utiliser leurs caves.

Depuis la rue Imbs, rien ne laisse croire qu'autant de dysfonctionnements se sont accumulés dans l'immeuble. D'apparence moderne et propre, le bâtiment de quatre étages a tout du logement neuf. Mais quand on s'en approche, une forte odeur nous remplit le nez. Puis le hall d'entrée plein de vélos et de poussettes nous fait comprendre qu'il y a un soucis : "On vit un calvaire", résume Ibrahim Sow, qui vit au 3e étage avec sa famille. 

En arrivant à la cave, l'accès est presque impossible, à moins de se boucher le nez et de porter des bottes. Contacté par France 3 Alsace, Ophea explique que du béton s'est introduit dans le réseau de canalisation lors des travaux, qui se sont terminés en septembre 2021.

Depuis leur arrivée à l'été 2021, les occupants n'ont jamais eu accès à leur cave : "Elle était remplie de merde pendant plus d'un mois", résume un locataire en colère. C'est pourquoi depuis octobre, un camion d'une entreprise d'assainissement vient trois fois par semaine pomper les eaux qui s'accumulent au sous-sol : "Il vient le matin, parfois tôt, et pendant une heure. Ça fait un bruit pas possible et ça réveille tout le monde!", ajoute un voisin.

"Ophéa met des pansements sur la plaie au lieu de la soigner", résume un habitant du rez-de-chaussée, dont la chambre de sa fille donne directement sur des eaux stagnantes. "Il y a un vrai manque de respect de leur part. On paie notre loyer cher (autour de 600 et 700€), et en face on ne nous écoute pas. En réponse, ils nous disent de leur louer un garage ailleurs. Ils me l'ont même facturé alors que je n'avais pas les clefs", se désole Ibrahim Sow.

Les occupants forcés de tout stocker dans leur logement

Les caves rendues inaccessibles, les habitants stockent leurs cartons et leurs vélos chez eux : "Mon salon, c'est un débarras. Quant au balcon, il est immense et on ne peut même pas en profiter car il est rempli d'affaires", témoigne une habitante du deuxième étage.

Alors que l'été arrive et que les températures battront sûrement des records, les odeurs risquent d'être encore plus fortes. Déjà le soir, les moustiques sont de la partie, et il n'est pas rare de croiser des rats : "On garde les fenêtres fermées parce que sinon, on est piqués de partout." Tous les habitants de l'immeuble témoignent des problèmes de santé que connaissent leurs enfants : nez bouché, saignement de nez, plaques de boutons, diarrhées, yeux irrités... La liste est longue : "Mes filles ratent des semaines et des semaines d'école, elles sont tout le temps malades", témoigne Ibrahim Sow.

Il y a un vrai problème d'hygiène, même quand on portait les masques, on se grattait

Un locataire en colère

Si le lien entre les eaux usées et ces symptômes n'est pas formellement établi, un locataire de l'immeuble a demandé en décembre 2021 à la mairie de Strasbourg de saisir l'Agence régionale de santé (ARS) pour qu'elle se penche sur la question. Il attend toujours une réponse : "Il y a un vrai problème d'hygiène, même quand on portait les masques, on se grattait. Je n'ai jamais été en arrêt maladie de ma vie, et j'ai du en prendre trois depuis septembre", ajoute-t-il. 

La situation s'enlise, et si les habitants de 9 et 11 rue Imbs ont pour l'instant fait preuve de patience, ils sont à bout. Dans le hall d'entrée, une lettre d'Ophéa du 25 mars 2022 indique que des travaux devraient démarrer "idéalement dans le courant du mois de mai". A la mi-juin, les locataires n'en ont toujours pas vu la couleur. 

Nous avons fait tout notre possible pour compresser les délais.

Vincent Schaaf

Directeur du pôle Patrimoine et Développement chez Ophéa

De son côté, le bailleur social rejette la responsabilité des délais à l'assureur de la société qui avait fait les travaux : "Nous avons déclenché l'assurance dommages-ouvrage dès la constatation du sinistre en novembre, explique à France 3 Alsace Vincent Schaaf, le directeur du pôle patrimoine et développement d'Ophéa. Un expert a été mandaté, et entre expertises et contre-expertises, ça a duré des mois."

Mais Ophéa l'assure : "Nous avons été très pressants vers l'assureur et avons fait tout notre possible pour compresses les délais. Des relances multiples ont été effectuées [...] pour activer le processus de réponse définitive." Une réponse qui ne leur est parvenu que le 9 juin 2022, soit neuf mois après la fin des travaux : "Les travaux commenceront le 4 juillet et seront effectuées par les sociétés Eurovia et Schuh, promet Vincent Schaaf. Les canalisations obstruées seront retirées et remplacées par un nouveau complexe. Les odeurs devraient disparaître rapidement."

Les habitants ne veulent plus des belles promesses

Le lundi 13 juin, une vingtaine de locataires se sont rendus à l'antenne Ophéa de la Meinau pour être entendus. L'équipe leur a alors promis de les rencontrer devant l'immeuble une semaine plus tard, le lundi 20. Vincent Schaaf indique à France 3 Alsace que cette venue aura finalement lieu le vendredi 17 pour informer les occupants du début des travaux. Si les choses ne changent pas "rapidement", ces derniers n'excluent pas de ne plus payer leur loyer à Ophéa tant que les travaux ne commencent pas pour faire pression.

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