Dans son allocution télévisée du 15 avril, annulée à cause de l'incendie à la cathédrale Notre-Dame de Paris, Emmanuel Macron prévoyait d'annoncer la fermeture de l'École nationale d'administration. Son siège se trouve à Strasbourg depuis 1991.
Le président de la République aurait dû l'annoncer le lundi 15 avril 2019 à 20 heures; annonce annulée à cause de l'incendie à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ces mesures étaient prévues par Emmanuel Macron pour faire face à la colère des gilets jaunes, et l'une d'elle était éminemment symbolique: la suppression de l'École nationale d'administration (ENA).
Une mesure jusqu'ici "taboue". On ne connaît pas actuellement la date à laquelle ces mesures seront communiquées par le chef de l'État. "Nous ne faisons pas de commentaire", déclare laconiquement la direction de l'établissement contactée par téléphone.
Olivier Becht, député du Haut-Rhin et énarque de la même promotion qu'Emmanuel Macron raconte à France 3 qu'en 2004, ils avaient tous rédigé "à notre sortie de l'école, un rapport qu’on a rendu à notre direction, en disant que cette scolarité coûtait chère et qu’elle ne servait à rien puisque qu’on n'apprenait pas grand-chose d’autre que ce qu’on apprenait à Sciences Po." (lire son témoignage)
Réformer plutôt que supprimer
Sylvain Waserman, député (LREM) du Bas-Rhin, a étudié à l'ENA. Il estime "prématuré" de s'exprimer sur ce sujet avant l'annonce du chef de l'État et attend de voir s'il s'agit d'une suppression pure et simple ou d'une refonte; refonte - "en profondeur" - à laquelle il serait favorable."Il faut en finir avec ce circuit grands lycées parisiens-Science Po-ENA-grands corps d'État. Chez les Anglo-Saxons, ce sont les meilleurs magistrats, en s'appuyant sur leur expérience réelle, qui intègrent les grands corps. [actuellement, les meilleurs élèves de l'école peuvent choisir où ils travailleront; ndlr]"
"Mais je suis attaché à la formation de la haute fonction publique. À l'ENA, je salue la qualité des échanges et des débats permis par les professeurs qui y partagent leur expérience. Il ne faut pas oublier que l'école a été fondée après-guerre car alors, seuls les fils de hauts fonctionnaires pouvaient devenir hauts fonctionnaires."
Une décision en tout cas pas forcément bien comprise ou acceptée, en témoigne le tweet ci-dessous expédié par Julien Aubert, député (LR) du Vaucluse.
Qui fait du populisme ? l’énarque @EmmanuelMacron prêt à sacrifier sa propre école pour gagner quelques points de popularité ? Ce serait lamentable. C’est la méthode du #RSI : ripolinage marketing. @OserLaFrance #ENA https://t.co/k0U9rPiK7G
— Julien Aubert (@JulienAubert84) 16 avril 2019
Macron s'attaque à sa propre école
L'ENA siège à Strasbourg depuis 1991, tout près du quartier de la Petite France, en centre-ville. Fondée par le général de Gaulle, elle forme près de 200 élèves, de France et de l'étranger. Parmi les anciens élèves figure notamment un certain Emmanuel Macron, l'actuel président de la République, mais aussi le Premier ministre Édouard Philippe et l'ancien président François Hollande.Nathalie Loiseau, ancienne ministre des Affaires européennes et actuelle tête de liste macroniste pour les élections européennes, en est l'ancienne directrice et ne manquait pas de la défendre face à ses détracteurs.
Au niveau alsacien, le premier adjoint du maire de Strasbourg, Alain Fontanel, est un ancien énarque. Comme Sylvain Waserman, Olivier Becht, le député (Agir) du Haut-Rhin, a fait ses classes à l'ENA. C'est aussi le cas d'Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Élysée, qui est né à Strasbourg.