Le Conseil départemental de l'environnement et des risques technologiques (Coderst) du Bas-Rhin s'est dit mardi favorable au lancement des travaux du projet controversé de contournement autoroutier de Strasbourg.
Ce mardi en début d'après-midi, la commission consultative (CODERST) s'est prononcée en faveur du projet de Grand contournement ouest de Strasbourg, avant que la préfecture ne décide du démarrage des travaux. Les 25 membres de cette commission (fonctionnaires de l'Etat, représentants des collectivités, du monde économique et associatif et des anti-GCO) ont donné un avis favorable (18 voix pour, 7 contre et 1 abstention), aux deux projets d'arrêtés.
Cet avis consultatif approuve ces projets conçus par les services de l'Etat, autorisant le concessionnaire Arcos, une filiale de Vinci, et la Sanef, en charge d'un échangeur, à engager des travaux en vue de la construction d'une rocade de 24 km, essentiellement payante, à l'ouest de la ville, a-t-elle précisé. Le grand contournement ouest de Strasbourg (GCO), évoqué dès les années 1970, régulièrement abandonné avant d'être relancé à la fin des années 1990, a pour but de délester l'autoroute A35 en absorbant le trafic du nord au sud de l'Alsace.
Le préfet du Bas-Rhin tiendra une conférence de presse vendredi pour évoquer les "prochaines étapes en vue de la réalisation de l'autoroute" tandis que les opposants restent malgré tout "déterminés". Ils se sont mobilisés à proximité de la préfecture, préparent une veillée d'arbres le week-end prochain, et une manifestation le samedi 8 septembre.
"Le dossier a été amélioré certes mais il n'est toujours pas recevable en matière de respect de l'environnement", a expliqué Daniel Reininger, président d'Alsace Nature, à l'issue du vote, auquel il a participé aux côtés de fonctionnaires, d'élus et de représentants du monde économique et associatif. "On sait très bien que cette autoroute ne va rien résoudre, ni les problèmes de pollution, ni les problèmes de circulation", a-t-il affirmé, s'inquiétant d'une signature "prochaine" des arrêtés par le préfet, feu vert ultime au lancement des travaux.
7 votes contre, 1 abstention, 18 votes pour : le CODERST valide le #GCO... Devant la préfecture, la manifestation bat son plein. Le combat continu. #Onlacherien pic.twitter.com/PJEc8JdAeq
— GCO NON MERCI (@gcononmerci) 28 août 2018
Le projet de GCO a reçu sept avis défavorables depuis un an. Dernier en date : celui d'une commission d'enquête au mois de juin, par crainte "d'une augmentation des niveaux de pollution atmosphérique", "des impacts (...) sur la consommation des espaces agricoles", et "des atteintes aux espèces (...) protégées.
Le désormais ex-ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, et celle des Transports, Elisabeth Borne, avaient annoncé en janvier que l'Etat délivrerait l'autorisation de réaliser le projet, après que Nicolas Hulot a demandé en octobre de le "retravailler" pour mieux préserver la biodiversité.
Martine Wonner, députée du Bas-Rhin (LREM), a réagit à l’annonce de la démission du premier. "Je tiens à lui exprimer mon soutien le plus entier et louer le courage politique dont il fait preuve, préférant ses convictions à son intérêt personnel. La réduction de l’utilisation des pesticides, l’enrayement de l’érosion de la biodiversité, l’arrêt de l’artificialisation des sols ou encore l’augmentation des investissements écologiques, restent parmi les nombreuses priorités de mon mandat de députée."
Elle en profite pour réaffirmer son opposition au GCO. "C'est le sens, d’ailleurs, du combat que je mène depuis de nombreux mois contre le projet de « Grand Contournement Ouest de Strasbourg » (GCO), qui sous couvert d’améliorer la circulation des véhicules dans l’agglomération strasbourgeoise, représente une catastrophe environnementale et sanitaire inédite pour la biodiversité du territoire et ses habitants.
Plusieurs élus écologistes avaient également appelé samedi Nicolas Hulot à s'opposer au GCO, "un grand projet inutile" et dangereux pour l'environnement, comme il s'était "battu contre Notre-Dame-des-Landes". "Peut-être que Nicolas Hulot, maintenant qu'il a démissionné, pourra prendre une position plus claire sur le dossier", a estimé Daniel Reininger.