Strasbourg : toujours l'imbroglio judiciaire pour les radiés de l'élection présidentielle

La plupart des électeurs strasbourgeois radiés des listes électorales à leur insu pour avoir omis de signaler leur changement d'adresse n'ont pas pu voter dimanche, le tribunal d'instance ayant rejeté leurs recours.

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"La juge de permanence ce dimanche au tribunal d'instance a fait une lecture restrictive des textes : elle a considéré qu'il revenait aux gens de signaler leur changement d'adresse à la mairie, et a donc rejeté la plupart des recours", a expliqué à l'AFP l'avocat des requérants, Me François Stehly.

"Je suis dégoûtée. J'ai vraiment le sentiment que la ville nous a privés de notre droit légitime de voter", a commenté Mélanie Cossin, qui fait partie des électeurs déboutés.

"Ce dimanche soir, je suivrai les résultats avec amertume", a ajouté cette enseignante de 35 ans, radiée pour avoir omis de signaler son changement d'adresse remontant à 2005... ce qui ne l'avait pas empêchée, jusqu'à présent, de continuer à voter dans le même bureau de vote, jusqu'en 2015.

Selon la mairie, qui souligne se baser sur des chiffres approximatifs, de 1.200 à 1.400 personnes se seraient ainsi vu refuser l'accès à l'isoloir lors du premier tour, et ont appris à cette occasion qu'elles avaient été radiées des listes. Seules quelques centaines ont intenté un recours en justice.


Faux espoir



Vendredi, ces "radiés" avaient repris espoir lorsque la Cour de cassation a estimé que les radiations des listes électorales pouvaient
être contestées jusqu'à la date du scrutin.

Le tribunal d'instance, qui jusqu'à présent s'était appuyé sur un problème de date pour rejeter les recours, a donc dû se pencher à nouveau dimanche sur plusieurs dizaines de requêtes. Mais cela ne l'a pas empêché de les rejeter à nouveau, cette fois sur le fond.

Selon Me Stehly, environ 200 personnes ont ainsi tenté d'obtenir, grâce à la justice, le droit d'être réintégrées sur les listes, et de pouvoir voter malgré tout dimanche. Seules 20 à 30 d'entre elles auraient eu gain de cause ces derniers jours, a précisé l'avocat.

Pour justifier les radiations, la municipalité a expliqué qu'elle n'avait fait qu'appliquer les textes. Au total, quelque 16.000 personnes n'habitant plus à l'adresse sous laquelle elles s'étaient inscrites avaient ainsi été radiées. Un millier d'entre elles s'étaient cependant réinscrites sur la liste, en justifiant de leur adresse actuelle, avant la date limite du 31 décembre 2016.

Me Stehly compte saisir à nouveau la Cour de cassation, pour obtenir une décision portant cette fois sur la validité des radiations proprement dites. Une décision favorable pourrait permettre aux radiés "de voter au moins aux législatives", a-t-il fait valoir.
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