Le 2 mai 2022, une centaine de policiers se sont rassemblés devant l'hôtel de police de Strasbourg à l'appel des syndicats Alliance et UNSA Police. Ils dénoncent la mise en examen pour homicide volontaire de leur collègue parisien qui avait fait usage de son arme sur le Pont-Neuf une semaine plus tôt.
L'appel des syndicats de policiers était national, et a été entendu à Strasbourg. Devant l'hôtel de police à midi, ils étaient une centaine ce lundi 2 mai. Tous étaient rassemblés pour contester la mise en examen pour homicide volontaire d'un de leur collègue, qui a tué deux personnes sur le Pont-Neuf, à Paris le 24 avril.
Les policiers présents sur le parvis tenaient dans leur mains une feuille sur laquelle on pouvait lire "Coupable d'être flic!". Certains avaient collé ce slogan sur leurs vêtements pour soutenir leur collègue parisien de 24 ans.
Au soir du dimanche 24 avril, ce dernier a tiré sur une voiture sur le pont parisien, tuant deux occupants et en blessant un troisième. D'après un compte-rendu de la police, la voiture visée avait foncé sur lui et ses collègues, après un refus d'obtempérer. Les syndicats de police estiment que l'homme était dans un cas de légitime défense.
À Strasbourg, les policiers étaient partagés entre colère et incompréhension. Après avoir allumé des fumigènes aux couleurs bleu-blanc-rouge et brandi les drapeaux des leurs syndicats, ils ont écouté Michel Corriaux, secrétaire régional du syndicat Alliance pour le Grand Est qui a pris la parole pour dénoncer le motif de la mise en examen : "Une nouvelle fois, la parole du flic est remise en cause. [...] La justice se tromperait-elle de coupable?", a-t-il dénoncé devant ses collègues.
Pour le policier, retenir le caractère "volontaire" dans l'homicide de deux personnes le soir 24 avril à Paris est "incompréhensible, inconcevable et inadmissible". Lui et les policiers présents demandent à ce que la légitime défense soit reconnue dans cette affaire : "Nous ne dénonçons pas le fait que notre collègue soit mis en examen. Il faut éclaircir ce qu'il s'est passé, et c'est normal. Ce qui nous révolte, c'est qu'on retienne le motif d'homicide volontaire!"
Pour Michel Corriaux, le cas du Pont-Neuf a des répercussions sur le terrain : "C'est une situation qui inquiète dans nos rangs, on a peur de ne pas être soutenu. Alors dans des cas similaires, certains n'osent pas tirer par peur d'être broyés par le système judiciaire."
Ce que confirme un policier venu exprès d'Épinal : "On n'est jamais que des tueurs en puissance, ça me met hors de moi ! Cette affaire, ça a des conséquences pour tous les autres collègues qui se demandent à quel moment ils doivent faire usage de leur arme. Certains n'iront même pas faire de contrôle parce qu'ils savent que ça peut les mettre dans une situation délicate. On a besoin de clarification à ce sujet."
Certains élus étaient présents à ce rassemblement, comme l'eurodéputée du RN Virginie Joron ou encore Thibaud Phillips, maire d'Illkirch-Graffenstaden : "C'est important d'être là. On veut montrer notre soutien à la police, qui est tous les jours sur le terrain et qui doit faire face à de plus en plus de violence et de refus d'obtempérer"; a commenté l'édile.
En un dixième de seconde, on doit réfléchir pour savoir si on est dans le cadre de la légitime défense, puis c'est toute une vie qui peut basculer.
Un policier municipal strasbourgeois
"Avec ce motif d'homicide volontaire, ce policier il est déjà condamné, alors qu'en France on est censé être présumé innocent. En un dixième de seconde, on doit réfléchir pour savoir si on est dans le cadre de la légitime défense, puis c'est toute une vie qui peut basculer", ajoute un membre de la police municipale, venu soutenir ses collègues de la police nationale.
Les policiers demandent à ce que la mise en examen soit requalifiée pour les motifs d'"homicide involontaire" ou pour le motif de "coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner". D'autres appels à manifester avaient lieu dans plusieurs villes françaises.