Voilà un mois que l'Iran vit au rythme des répressions des manifestations en soutien à Mahsa Amini. À Strasbourg, la communauté iranienne soutient le mouvement, et réclame des actions concrètes. Une nouvelle manifestation est prévue ce samedi 15 octobre.
Depuis que les manifestations contre le régime islamique rythment les journées de l'Iran, le peuple iranien reçoit beaucoup de soutien à travers la planète. Une mobilisation a eu lieu devant le Parlement européen, à Strasbourg, le 4 octobre dernier, avant une autre programmée le samedi 15.
Ce dimanche après-midi, depuis leur QG strasbourgeois, une dizaine de militants iraniens de la capitale alsacienne préparent les pancartes qui seront brandies lors de la prochaine manifestation, prévue le 15 octobre, place Kléber. Parmi eux, Sepideh Neydavoodi. Arrivée en France en 1993, elle voit depuis Strasbourg les manifestants réprimés par le régime iranien : "On a la chance de vivre dans la ville où il y a le Parlement européen, la Cour des droits de l'Homme et le Conseil de l'Europe. C'est important de porter la voix de nos compatriotes en Iran."
Le 4 octobre, la communauté iranienne locale avait organisé une manifestation devant le Parlement Européen. Donya Mehryari était présente. Quelques jours plus tôt, cette étudiante iranienne s'était rasée le crâne lors d'une première mobilisation (voir vidéo ci-dessous) : "Les femmes iraniennes ne peuvent pas laisser leurs cheveux voler au vent. Alors si c'est ça, moi non plus. Ils ont tué Masha Amini à cause de ses cheveux, donc j'ai décidé de me raser le crâne en réaction", confiait-elle.
Se couper une mèche de cheveux ou se raser complètement la tête est devenu le symbole de soutien aux femmes iraniennes. Le geste a été repris partout dans le monde. Mais aujourd'hui, les Iraniens de Strasbourg veulent que les choses aillent plus loin : "On attend plus d'actes. On a eu assez de symboles, on a eu assez d'images. On attend de la part des parlementaires qu'ils agissent correctement et pas symboliquement en se coupant les cheveux. Ça suffit, on en a vu assez, merci", renchérit Sepideh Neydavoodi.
Plus vous maintenez les relations diplomatiques ou autres avec ces dirigeants, plus vous les maintenez au pouvoir. Et plus le peuple iranien se fait écraser.
Sepideh NeydavoodiMilitante iranienne
La traductrice demande à ce que les hommes politiques agissent plus fermement à l'encontre du régime iranien, sans que le peuple n'en subisse les conséquences : "Il faut sanctionner les Gardiens de la Révolution comme l'a fait le Canada par exemple, en interdisant la libre circulation aux familles de ces dirigeants qui sont là actuellement, qui se baladent avec l'argent plein les poches. Plus vous maintenez les relations diplomatiques ou autres avec ces dirigeants, plus vous les maintenez au pouvoir. Et plus le peuple iranien se fait écraser, au sens propre du terme."
Si la France condamne la répression des manifestations, aucune sanction n'a encore été imposée par la France ou l'Union européenne. La présidente de la Commission Ursula von der Leyen annonce dans une vidéo que des sanctions interviendront bientôt : "Les courageuses femmes iraniennes demandent la liberté et l'égalité. La violence doit cesser. Les femmes doivent être capables d'avoir le choix. La violence, choquante, ne doit pas rester sans réponse. Il est temps de sanctionner les responsables de cette répression", écrit-elle sur Twitter.
Plus de 200 manifestants tués
En attendant que ces sanctions tombent, la diaspora iranienne strasbourgeoise souffre face à ce qu'elle voit. D'après l'ONG Iran Human Rights, plus de 200 personnes ont été tuées pendant ces manifestations, dont 23 enfants : "Ça me fait mal. C'est comme une part de mon corps qu'on m'arrache de moi. Ce sont des jeunes gens qui se battent qui se prennent et des balles pour leurs droits fondamentaux.", se désole Sepideh Neydavoodi.
Cette dernière appelle "tous ceux qui se soucient des droits de l'Homme" de rejoindre la manifestation : "Les droits de l'Homme ne sont pas respectés là-bas. Ce qui était une révolte devient une révolution féministe." Le thème des sanctions sera encore scandé. Les militants demandent à ce que l'Union européenne cesse toute relation diplomatique avec l'Iran.