C'est un projet qui suscite beaucoup de controverses, depuis le début : l'extension du tramway dans l'agglomération nord de Strasbourg. Après six semaines de consultation, l'enquête publique vient de se terminer, ce vendredi 18 octobre. 6700 participations en ligne ont été enregistrées, un beau score. Et après ?
Six semaines de consultation, et plus de 6700 personnes qui sont venues donner leur avis. Décidément, l'extension du tram nord passionne et mobilise. Ce projet à 268 millions d'euros, porté par la municipalité strasbourgeoise et l'Eurométropole, aspire à désenclaver le nord de l'agglomération strasbourgeoise tout en répondant à l'urgence climatique. Mais il n'a pas que des soutiens, loin s'en faut.
" Ce qui est sûr, c'est qu'il y a beaucoup de gens qui ont souhaité s'exprimer sur la question, explique Jean-Philippe Strebler, maître de conférences à l'Université de Strasbourg, spécialisé en droit public. En général, ce sont ceux qui ne sont pas d'accord ou qui émettent de fortes réserves. Il faudra que la commission d'enquête fasse la part des choses entre les pour et les contre, qu'elle apprécie le bien-fondé des avis des uns et des autres, et de leurs arguments... Ça n'est pas rien. Cela n'est pas tous les jours qu'une enquête publique mobilise autant de monde."
La suite ? La commission d'enquête va remettre son rapport, et c'est là qu'intervient l'État. Au vu de ce rapport, il appartiendra au préfet d'apprécier si oui ou non le projet doit être autorisé tel qu'il a été présenté, ou si on doit y apporter quelques corrections. "Mais s'il s'agit de revoir le projet de fond en comble, précise Jean-Philippe Strebler, il faudra faire de nouvelles études, préparer un nouveau dossier, afin que le préfet se prononce à nouveau, mais sur la base d'un nouveau projet. La marge de manœuvre pour que le préfet amende complètement le projet après une enquête publique est faible."
On a clairement l'impression que Strasbourg et Schiltigheim se sont fait un cadeau électoral sur le dos des concitoyens du nord de l'Eurométropole
Stéphane Bourhis, délégué LR de la 3e circonscription du Bas-Rhin
Stéphane Bourrhis, délégué Les Républicains de la 3ᵉ circonscription du Bas-Rhin, ne mâche pas ses mots : " Moi, j'habite Hoenheim. Et je peux vous dire qu'ici, on ne veut pas de ce tracé-là. Il y aura chez nous une nouvelle entrée d'autoroute. Cela va fragiliser les commerces de proximité, certains d'entre eux vont perdre la moitié de leurs clients. Nous allons subir les effets du report de circulation. Moi, je suis pour un référendum. On a clairement l'impression que Strasbourg et Schiltigheim se sont fait un cadeau électoral sur le dos des concitoyens du nord de l'Eurométropole. Le nord de l'agglomération ne se résume pas à Strasbourg et Schiltigheim."
Évidemment, le son de cloche n'est pas du tout le même du côté de la mairie de Schiltigheim. Patrick Maciejewski, premier adjoint EELV de la municipalité et président de la CTS, la compagnie des transports de Strasbourg, se dit "serein" : "Je suis l'un des instigateurs de ce projet et je ne renie rien. Je comprends que ce changement capitalise les anxiétés. Mais tout est aujourd'hui sur la table pour vérifier que ce projet relève de l'intérêt général. Je n'ai pas de crainte là-dessus. Pour Schiltigheim, c'est le chantier du siècle. Nous allons passer d'une ville industrielle à une ville résidentielle. C'est une nouvelle identité."
Dernier recours possible pour les opposants si la préfecture valide le projet : la saisie du tribunal administratif. Il appartiendra alors à la justice de trancher.