Université de Strasbourg : démission de 23 élus des conseils centraux, ils dénoncent le manque de transparence

23 élus dans les trois conseils centraux de l'université de Strasbourg ont démissionné de leur mandat ce mercredi 24 juin. Ils dénoncent le manque de transparence dans les choix de gestion de la présidence. 

C'est un petit séïsme dans le microcosme universitaire strasbourgeois. 23 élus des conseils centraux, conseil d'administration, commission de la recherche et commission de la formation et de la vie universitaire, ont démissionné ce mercredi 25 juin. C'est une démission collective du groupe Alternative 2017, créé au moment des précédentes élections fin 2016. Des élus d'opposition, qui représentent tout de même un élu sur cinq, et reproche à la direction son manque de transparence dans la gestion de l'université.

"Nous avons démissionné par honnêteté, nous faisons le constat que nous sommes dans l'incapacité de faire notre travail de représentant dans les conseils, nous devons y faire face à un problème d'accès aux informations et de blocage de la part de la présidence. Aujourd'hui, on en est arrivé à cette décision grave, que l'on ne prend pas de gaité de coeur, parce que nous ne pouvons pas continuer à entretenir l'illusion qu'il y a une bonne démocratie dans les conseils, que la politique de l'université se définit là, ce n'est pas vrai, elle se définit ailleurs dans des endroits auxquels les élus n'ont pas accès", déplore Hélène Michel, enseignante-chercheuse à l'Institut d'études politiques de Strasbourg.

Les démissionnaires ont le sentiment que les différents conseils sont des chambres d'enregistrement de ce qui a été décidé en amont en petit comité. Ils dénoncent aussi l'opacité concernant les financements des projets et notamment l'origine et la répartition des fonds des programmes Idex (Initiatives d'excellence) et des deux fondations universitaires. Strasbourg a d'ailleurs été l'une des premières universités à en bénéficier en 2012 et à créer un idex. "Ca fait des mois qu'on demande des informations, c'est une question de transparence", renchérit Pierre Gilliot, enseignant-chercheur au CNRS, à l'institut de physique et de chimie des matériaux.

Une continuité institutionnelle

"Oui, sincèrement, ça m'étonne ces manières de faire, j'ai fait partie de commissions de spécialistes, participé aux instances du CNRS, il y avaient parfois des échanges un peu rugueux, mais un vrai respect du fonctionnement des institutions. Là, on a quelque chose de complètement bloqué, aucune décision du conseil d'administration n'a été retoquée en 10 ans ni même amendée!" ajoute Pierre Gilliot. J'estime que toute proposition peut être améliorée, après il y a une majorité qui accepte ou refuse mais on doit pouvoir échanger". "Le conseil d'administration est tenu à l'écart de ces structures parallèles. Demander à savoir pourquoi tel ou tel choix a été fait, où ont étaient allouées les ressources, c'est légitime, conclut Hélène Michel, je m'étonne qu'on ne nous donne pas ces informations.

Michel Deneker, le président de l'Université a réagi par une conférence de presse ce jeudi 25 juin. "Nous avons appris cette nouvelle après la presse, déplore-t-il, je suis surpris, perplexe mais voilà, chacun prend ses responsabilités. En tout cas, la continuté institutionnelle est assurée, le quorum nécessaire (nombre minimal de votants pour qu’un vote soit valable) pour continuer est atteint, dont acte".

Sur les accusations d'opacité, Michel Deneker se veut rassurant. "Il faut toujours améliorer les processus démocratiques mais ce qui remonte dans nos conseils, ce sont bien des projets qui sont à la base. Nos 72 unités de recherche, nos 35 composantes, facultés, écoles, instituts, ont des projets. Ce sont ceux là qui remontent au conseil d'administration, il n'y a pas de déni de démocratie. Quant aux financements, on a fait un bilan des deux fondations encore avant-hier, tous les chiffres, tous les donateurs sont connus, tout l'argent va d'ailleurs à la recherche, précise encore Michel Deneker, d'ailleurs notre gestion est jugée de qualité". 

"Attention, nous n'accusons pas l'université de mauvaise gestion ou de malversations. Nous voulons simplement savoir où va l'argent et qui décide de ces orientations budgétaires", précise le collectif de démissionnaires. Collectif qui a écrit par ailleurs à la cour des comptes pour faire part de leur incapacité à assurer leur mandat. Les prochaines élections de ces instance centrales auront lieu à l'automne.

 

 

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