Journée morte, jeudi 26 septembre au lycée Couffignal de Strasbourg. Enseignants et parents d'élèves à l'unanimité exigent des actes. Ils dénoncent la vétusté des bâtiments, le manque de professeurs et de surveillants, ainsi que l'inertie des pouvoirs publics, Région et rectorat.
Pas de cours ce jeudi 26 septembre pour les élèves du lycée Couffignal. Ils sont 1 700, et leur établissement est l'un des plus grands de Strasbourg. Beaucoup d'élèves, mais peu de moyens. Le résultat est flagrant, selon les enseignants et les parents : les bâtiments sont dans un état de dégradation avancé, et une partie des cours n'est pas assurée, faute de professeurs. Quant aux surveillants, ils sont également en nombre insuffisant. Une situation intenable : c'était déjà vrai à la rentrée 2023. Et c'est encore pire cette année, disent-ils, malgré les alertes lancées auprès de la Région et du rectorat.
Des fissures sur les murs, des faux plafonds qui s'écroulent, des vitres cassées, des sanitaires condamnés, la liste des doléances est longue. "Sur six bâtiments, il y en a trois qui ont été retoqués par la commission de sécurité. Pour vous dire, l'alarme incendie à la cantine par exemple ne fonctionne pas, donc on a une corne de brume" résume Fawza Menina, professeur de Physique Chimie, représentant SNES.
Pour les parents d'élèves, la Région ne prend pas la mesure de la situation, et ils dénoncent les risques pour la sécurité. "Il faut agir rapidement pour mettre tout ça en conformité, affirme ce parent d'élève dont le fils est scolarisé dans l'établissement. Ça peut avoir des conséquences graves, donc c'est une urgence de traiter ces problèmes-là".
Certes, après un premier coup de semonce des enseignants qui ont fait circuler une pétition juste avant l'été, la Région a entrepris quelques travaux. Mais de loin pas suffisants, à l'évidence. "C'est un scandale absolu, fulmine Laurent Stemmelen, un autre papa, dont deux enfants sont scolarisés à Couffignal. Il y a un manque d'hygiène élémentaire. Quand j'entends que dans certaines toilettes il n'y a même plus d'eau, je vous laisse imaginer...C'est le minimum qui n'est pas assuré. Pourquoi met-on de l'argent dans les vidéoprojecteurs et les ordinateurs, et pas dans la simple maintenance des bâtiments d'un des plus grands lycées de Strasbourg ?" ajoute-t-il. Tous exigent des actes immédiats.
Par la voix de sa vice-présidente Valérie Debord, la région Grand Est annonce avoir débloqué un million d'euros pour enclencher des travaux. ils devraient essentiellement concerner le réseau d'eau. Interrogée à l'issue de la mobilisation, la collectivité dit vouloir engager les rénovations dès les prochaines vacances de la Toussaint. Mais pour elle, la dégradation des locaux est avant tout liée à un manque de personnel pour encadrer les élèves. "Dès que l'on fait des travaux, ils sont dégradés dans la foulée, dit constater Valérie Debord. Il y a un manque d'encadrement des élèves. Il faut renforcer la présence humaine, et cela relève des compétences du rectorat."
Pas assez de profs, et pas assez de surveillants
Ce manque d'effectifs est l'autre problème mis en avant par les manifestants. "Il y a six surveillants pour un lycée de 1 700 élèves, sur 11 hectares, avec un internat, détaille Laurent Stemmelen. Je suis assez curieux de savoir combien on a de surveillants dans un lycée privé où les postes sont également financés par des fonds publics. Je ne pense pas que c'est demander la lune d'avoir quelques postes de plus", conclut-il.
Évidemment, le manque d'effectif a des conséquences sur la scolarité des élèves, et sur la santé des enseignants. "L'an dernier on a eu beaucoup de professeurs en burn-out, certains venaient en pleurant ce qui est inadmissible. Les arrêts maladie ont augmenté en flèche. Et tout ça, parce que la présence d'adultes est insuffisante" observe Fawza Menina. Pour lui, le climat scolaire s'est détérioré, et il dit craindre la spirale infernale d'un climat dégradé qui alimente les incivilités.
La mobilisation finit par payer ?
Les pétitions adressées au rectorat et à la région avant l'été n'ont pas débouché sur de grandes avancées. En revanche, les enseignants remarquent que la mobilisation des parents semble prise en compte par les institutions. "Il y a quelques jours le recteur est venu nous rencontrer en présence de représentants de la région, et pour la première fois depuis longtemps, toutes les parties prenantes étaient autour de la table et ont reconnu qu'il y a un problème" indique cette enseignante.
Le rectorat vient de promettre un surveillant supplémentaire, ce que nous a confirmé le directeur académique des services de l'Education nationale dans le Bas-Rhin : "au regard des difficultés rencontrées, le recteur a souhaité tenir compte de l’augmentation des effectifs conséquente dans le lycée ces dernières années, et allouer un nouvel emploi d’assistant d’éducation pour accompagner la gestion des élèves."
C'est moins que les deux postes réclamés par le lycée, mais c'est un signe, dit cet enseignant, qui ajoute toutefois : "on souhaite que les paroles soient suivies d'action, pas dans six mois, pas dans trois mois, mais dès la semaine prochaine".
Tous, parents et enseignants, ont le sentiment d'un immense gâchis, notamment en ce qui concerne les travaux à prévoir. La région annonce deux ans de chantier afin de tout remettre aux normes. Cela nécessitera du temps et des investissements lourds qui auraient sans doute été bien moindres si l'entretien avait été réalisé régulièrement.