Tomi Ungerer, artiste prolifique aux multiples visages, laisse une oeuvre importante. Le musée qui lui est consacré à Strasbourg conserve plusieurs milliers de pièces, dessins et jouets légués par l'artiste à la Ville. Entre souvenirs et découvertes, nous avons donné la parole aux visiteurs.
Tomi Ungerer, décédé ce samedi 9 février à l’âge de 87 ans, a laissé derrière lui une œuvre immense dans de nombreux domaines de l’art graphique : illustrations, peintures et dessins, parmi lesquels ses livres pour enfants. Originaire de Strasbourg, il y a son musée depuis 2007 : 11.000 dessins, légués à la ville par l’artiste, y sont présentés en alternance, selon des thématiques et près de 6.000 jouets.Comment était-il perçu de son vivant ? Que représentait-il ? Que laisse t-il derrière lui ? Des visiteurs ont bien voulu répondre à ces quelques questions pour essayer de cerner ce personnage aux multiples facettes.
Jeanne, 23 ans, étudiante
"Je connais surtout les livres pour enfants, comme Le Nuage bleu, Emile le poulpe, L’ours Otto, un conte franco-allemand. Il a un style de dessin assez particulier qu’on reconnait tout de suite, assez prolifique : il y a plein de petits détails qu’on voit pas de prime abord, et puis il a cette dimension alsacienne avec les deux cultures qui se mêlent.
"Je suis alsacienne, il représente mon enfance, mais c’est un artiste multi-facette : il y a les livres pour enfants mais il y a aussi l’érotisme, la politique. Je pense qu’on peut le découvrir à tout âge.
"Pour moi il représente la nostalgie, c’est des dessins assez ronds, assez réconfortants. L’aspect érotique est intéressant aussi, que ce soit le Kamasutra des grenouilles ou Fornicon qui est un petit peu plus bizarre, mais ça reste intéressant aussi. Quand j’étais petite j’avais un poster du Nuage bleu. C’est un joli message de paix, vu qu’à la fin il pleut sur le monde et que tout le monde devient bleu et il n'y a plus de différence de couleur donc plus de guerre. C’est assez mignon."
Thierry, 72 ans, graphiste
"C’est un collègue ! je suis graphiste aussi. Je connais tout de Tomi Ungerer, c’était un génie, c’est le meilleur dessinateur du monde. Ce que je préfère c’est les dessins pour enfants, je l’ai connu par la télévision allemande [Thierry est allemand, ndlr], dans les émissions culturelles. Il représente une manière d’être libre, c’est un homme global."
Françoise, 50 ans, enseignante
"Je le connaissais surtout par ses livres pour enfants, là je découvre son côté caricaturiste. Je suis enseignante dans le 1er degré, quand j’ai mis le nez dans son oeuvre je me suis bien rendue compte qu’il y avait plein de niveaux de lectures et ça me l’a rendu encore plus intéressant parce que ce sont des albums qu’on peut aussi bien présenter aux enfants que découvrir nous, adultes, et avec notre regard de grand c’est plutôt sympa.
"Là; je découvre le fait qu’il ait voyagé, qu’il ait eu plusieurs vies. Ce que je retiens de lui c'est son humour et son regard très mordant sur les codes sociaux et les faits sociétaux comme la pauvreté, la guerre, l'enfance et ce qu'on lui fait vivre parfois. Un souvenir marquant pour moi serait celui de l'album La bête de Monsieur Racine et la blague qu'il fait au grand-père en inventant ces deux petits bonhommes qui se déguisent, je trouve qu'elle est assez délicieuse."