La ville de Strasbourg (Bas-Rhin) souhaite proposer dans ses cimetières des sépultures naturelles et arborées pour permettre l’inhumation des cendres des défunts. Explications.
Au cœur du cimetière ouest de Strasbourg (Bas-Rhin), dans le quartier Cronenbourg, une allée sans tombes est bordée de jeunes arbres. Plantés il y a deux ans, ils s’apprêtent d’ici quelques mois à servir de protection naturelle pour des sépultures d’un nouveau genre.
Des sépultures sans cercueil, sans pierre tombale, sans stèle. Des demeures pour l’éternité entièrement naturelles et respectueuses de l’environnement.
Au pied de ces jeunes arbres, enfouis dans la terre, on peut déjà voir émerger les couvercles de coffrets en terre cuite. Ils sont destinés à accueillir les cendres des défunts, préalablement déposées dans des urnes souples en fibres de verre éco-certifiées, avec une plaque de laiton - donc non polluant - portant l’identité de la personne disparue.
La démarche de la municipalité écologiste est motivée par la protection de l’environnement, mais elle y voit aussi une portée symbolique. "La vie s’achève mais elle continue à travers le vivant symbolisé par ces arbres qui plongent leurs racines sous terre et s’élancent vers le ciel", explique Marc Hoffsess, adjoint à la maire en cgarge de la transition écologique, qui annonce déjà que 400 emplacements de ce type sont prévus dans le cimetière ouest.
Ces urnes naturelles seront enfouies à 60 centimètres de profondeur, "pour ne pas abimer les racines des arbres", précise Adbelkarim Ramdane, en charge des services funéraires de la ville, qui détaille les vertus de cette nouvelle méthode d’inhumation. "L’objectif est d’être respectueux de l’environnement de bout en bout. Les gens venant honorer leur mort ne pourront pas déposer d’objets ou de stèles. Ils ne pourront déposer que des fleurs fraîches naturelles qui viendront alimenter l’arbre en se décomposant."
La municipalité soumettra ce projet au vote de son conseil municipal le 4 novembre. Elle n’est pas la seule commune à réfléchir à ces nouvelles propositions de sépultures auxquelles aspire la population : une personne sur deux en France se dit prête à d’autres formes de sépultures que l’inhumation traditionnelle dans un cercueil.
Déjà 71 réservations à Muttersholtz
La première commune à avoir franchi le pas en France se trouve aussi dans le Bas-Rhin, à Muttersholtz. Depuis juin 2023, sa forêt sanctuaire abrite 27 urnes, tournées chacune vers un arbre. Beaucoup de Français décident de faire ce choix de sépulture de leur vivant. "Nous sommes à 71 réservations, ça veut dire que des personnes ont pris une concession pour 30 ans. Il y a beaucoup de couples. Pour un couple, rien de plus beau que d'être dans cette forêt sanctuaire, au pied de ces êtres qui sont vivants", explique l'adjoint en charge de la forêt à Muttersholtz.
Les familles ont la garantie qu'ici aucun arbre ne sera abattu. Le prix d'une concession est identique à celle du columbarium du cimetière communal afin que chacun ait le choix de sa sépulture.