Wissembourg, une ville mobilisée pour l'accueil des Ukrainiens - "On a écouté notre cœur"

Rund Um. À Wissembourg, 7.300 habitants dans le nord de l'Alsace, tout un réseau s'est mis en place pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Près de quarante, déjà, en un mois. Ils ont répondu à l'appel d'un restaurateur de la ville. Immersion.

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Depuis le début de la guerre en Ukraine, fin février, 30.000 Ukrainiens sont arrivés en France. Quelques-uns d'entre eux se sont réfugiés à Wissembourg, dans le Bas-Rhin. Ici, ils peuvent notamment compter sur Alexis Steinbrunn, le patron de La Rose.

Chaque midi, dans son restaurant bien connu des habitants, il organise un deuxième service, pour eux, lorsque ses clients sont partis. Son cuisinier, d'origine ukrainienne d'ailleurs, prépare bénévolement des petits plats à ses compatriotes, des femmes et des enfants surtout. Comme Olha, 31 ans, venue pour sortir sa fille d'un quotidien angoissant. 

Elle apprécie l'esprit de famille qui règne à La Rose. Chacun y trouve un peu de réconfort : les réfugiés échangent, se soutiennent, espèrent ensemble. "Se retrouver nous aide à être plus forts", confie la jeune femme, arrivée de Kiev. Elle connaissait Tatiana, la femme du patron, une Ukrainienne. C'est elle qui a servi d'intermédiaire et poussé Alexis Steinbrunn à agir pour aider ses amis ou connaissances.

"Elles dorment dans la chambre de nos enfants"

Il a mobilisé des associations, des collectivités, des entreprises, des particuliers. Certains fournissent des dons, des produits alimentaires ou d'hygiène. La ville de Wissembourg a mis des logements à disposition. Des habitants hébergent des réfugiés.

C'est le cas de Michèle et Dominique Schweinberg, un couple de retraités. Ils accueillent Oksana, Natacha et Alina : "Elles dorment dans la chambre de nos enfants", sourient-ils. Ouvrir les portes de chez eux a été "naturelOn n'a même pas eu besoin d'en discuter entre nous, c'était une évidence. On a écouté notre cœur". 

Alsaciens et Ukrainiennes font connaissance autour des spécialités culinaires des uns et des autres. Ce jour-là, Natacha s'affaire aux fourneaux. Elle prépare des choux farcis et des crêpes, version ukrainienne. "Elles ont besoin de s'occuper pour oublier cette misère, raconte Michèle Schweinberg. Elles ont déjà cuisiné plusieurs fois, ça leur fait du bien. Elles découvrent nos spécialités locales, et nous les leurs."

"Elles pourront rester aussi longtemps qu'elles le voudront"

Les trois femmes, originaires de Mykolaïv (ville portuaire et industrielle du sud, particulièrement éprouvée ces dernières semaines), prennent des cours de français avec des bénévoles d'AGIRabcd. Car même si elles espèrent rentrer auprès de leurs familles et parents au plus vite, elles se projettent dans la durée à Wissembourg.

Au point de déjà chercher du travail. Michèle a ainsi aidé Oksana à traduire son CV dans un bon français. "Elles pourront rester aussi longtemps qu'elles le voudront. On essaye de faire ce qu'on peut pour les soutenir : au tout début, on les a emmenées dans des magasins, ce matin je viens de leur prendre un rendez-vous chez le coiffeur. Mais il y a aussi des moments où on s'en va pour les laisser un peu seules. Il y a beaucoup de respect", affirme-t-elle.

"On ne peut malheureusement rien changer à la situation là-bas, on peut juste tout faire pour qu’elles se sentent au mieux ici", complète Dominique, son mari, alors qu'en face de lui, les Ukrainiennes sont suspendues à leur téléphone. Elles se repassent en boucle une vidéo de Mykolaïv : l'immeuble du gouverneur général vient d'être éventré par un missile russe. Une déchirure, à 2.300 kilomètres de chez elles, un tant soit peu apaisée par l'accueil d'un couple d'Alsaciens, à Wissembourg.

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