C'est jeudi gras aujourd'hui, ou "schmotziger Donnerstag" ("jeudi sale" littéralement) dans la tradition des carnavals allemands : le coup d'envoi d'une semaine de festivités et le point d'orgue du carnaval Outre-Rhin. Reportage à Offenbourg au son des "Narri, Narro !".
Ça y est, les fous sont lâchés, ils ont pris les rênes de la ville d'Offenbourg pour une semaine de carnaval, de transgressions et de rires. Ils se sont tous donné rendez-vous jeudi gras, à 6h du matin, sur la Lindenplatz, la zone piétonne du centre-ville, entre travaux de voirie et rue piétonne rénovée.
Acte I - le réveil des habitants
Le gardien de nuit, lanterne à la main et cor autour du cou arpente les rues du centre-ville à partir de 5h pour réveiller les habitants, qui sortent en pyjama ou chemise de nuit dans la rue. Tous convergent ensuite vers la Lindenplatz, à moitié endormis et silencieux. Peu à peu, les tambours se font entendre, des éclats de voix et des crécelles animent les ruelles. Quelques feux d'artifices éclairent la nuit. La ville se réveille progressivement.
Acte II - le baptême
Plus de 300 personnes, petits et grands se ressemblent autour des associations carnavalesques, montées sur une tribune avec leurs masques et leurs déguisements. La Althistorische Narrenzunft Offenburg s'avance, une poupée dans les bras. Le premier "enfant carnaval" est baptisé, après la lecture d'un poème retraçant les événements de l'année passée : les grands travaux et les problèmes de circulation qui gênent les habitants sont au centre des préoccupations des carnavaliers. Du coup, le poupon est nommé "Lindenplatz Pfäschterle" (petit pavé de la Lindenplatz, en badois). Et la foule reprend en choeur "Narri, Narro", pour acclamer le Fastnachkind.Puis c'est au tour des sorcières de la Offenburger Hexenzunft de monter sur scène, avec leur poupon. Il est à son tour baptisé, et se prénomme "s'grün Stadt-Busle" (petit bus vert), en hommage aux nouveaux bus verts de la ville d'Offenbourg, mis en service en novembre dernier et qui ont chamboulé les habitudes des habitants : certains arrêts ont été déplacés et plusieurs lignes ont été grandement modifiés. "Narri, Narro !"
Il y a trop de lumières cette année !
Barbara et son fils Lorenz habitent Offenbourg. Pour eux, le carnaval c'est une fête traditionnelle à laquelle ils prennent part chaque année, mais pas à tous les événements. Lorenz a du se lever très tôt ce matin, et ses yeux ne sont pas encore complètement ouverts."Une fois qu'on est debout, ça va", assure-t-il. Barbara explique que d'habitude la place est plongée dans le noir. Mais là, "avec la rénovation complète de la Lindenplatz et le nouvel éclairage, ça change toute l'ambiance, et ce n'est plus pareil : on ne voit pas bien les feux des sorcières, c'est dommage !'.
Acte III - la polonaise
Les carnavaliers, les enfants et tous les fêtards se mettent alors à faire la polonaise (en français ce serait la chenille), en chantant et en se tenant par les épaules. Pour bouger aussi parce qu'il fait un peu froid.
Acte IV - la soupe de haricots
Et pour continuer de se réchauffer, les associations carnavalesques offrent la soupe de haricots à tout le monde. Pourquoi des haricots ? "Offenburg est renommée "Bohnenburg" (la ville haricots) pendant toute la durée du carnaval, et les habitants sont des "Bohnenbürger" explique Thomas Decker, Zunftmeister (chef de la clique Althistorische Narrenzunft Offenburg). La clique a prévu 240 litres de soupe, et en quelques minutes, les habitants affamés la terminent. La boulangerie de la place sustentera les autres. Pendant que les deux associations repartent en fanfare avec leurs poupons, pour les présenter au maire de la ville. La journée sera longue, et se terminera par un bal ce soir.
Ambiance de jeudi gras à Offenburg :