Vous risquez de ne pas pouvoir aller travailler si vos transports habituels sont paralysés le jour de la grève nationale, jeudi 19 janvier. Voici des pistes sur ce que vous pouvez faire avec votre employeur.
La journée nationale de grève pour la défense des retraites promet d'être particulièrement suivie le 19 janvier. Et ce notamment dans les transports.
En conséquence, vous pourriez faire partie des gens qui ne peuvent pas se rendre au travail (si vous ne souhaitez pas faire usage de votre droit tout à fait constitutionnel de faire grève). France 3 Champagne-Ardenne a demandé quelques pistes de réflexion à Pascal Grosdemange, un avocat de Reims (Marne) qui s'y connait bien en droit du travail.
"Logiquement, mon employeur est censé ne pas me payer mon salaire puisque je ne suis pas venu travailler. Il n'a pas à me payer si je ne viens pas effectuer ma prestation de travail."
Un aménagement : le télétravail
"Après, si un accord de télétravail est mis en place, tout dépend de ce qu'il prévoit. Et il faut être équipé pour. À mon avis, l'imposer à l'employeur est délicat juridiquement si ça ne fait pas partie des cas prévus par cet accord. Et à mon sens, s'il n'y a pas d'accord qui contraint l'employeur au télétravail, ce dernier pourra exprimer son désaccord. S'il n'y a jamais eu d'accord, c'est difficile à mettre en place du jour au lendemain"
Après la crise du coronavirus, ces accords sont devenus plus nombreux pour les entreprises. À condition que l'emploi soit compatible avec du télétravail, évidemment. "Les personnes qui font le ménage, ou les serveurs, c'est compliqué." Ainsi que les professions des secteurs primaire (agriculture) et secondaire (industrie).
Les congés payés et RTT, une solution
"Logiquement, en ce qui concerne les congés payés, les périodes doivent être fixées par l'entreprise avec des débats avec les partenaires sociaux pour les dates et l'ordre des départs en congés. Si tout le monde est d'accord, pourquoi pas ? Mais le fractionnement peut poser problème : prendre un jour comme ça au milieu de nulle part, ce n'est pas orthodoxe juridiquement parlant. Les congés payés ne sont pas censés être une variable d'ajustement."
Autre possibilité : les RTT (s'ils sont prévus par l'entreprise et le contrat). "Mais c'est assez encadré, le travailleur peut bénéficier de certains et l'employeur d'autres. Si tout le monde s'entend, il y a possibilité de s'arranger. Mais rien ne dit que ce sera le cas."
Ne pas venir : ce qu'on risque
"Tout dépend de la situation. Personnellement, je pense qu'on ne peut pas parler d'abandon de poste si le salarié est empêché." Ce n'est évidemment pas pareil si l'on vit en pleine campagne à des kilomètres de son lieu de travail, ou si l'on habite dans le quartier d'à côté. Tout dépend de si l'on arrive à justifier sa situation. "Un salarié démontrant qu'il n'a aucun moyen de transport pour se rendre au travail, j'imagine fort difficilement qu'on puisse le sanctionner."
"Pour moi, le salarié sera perdant en salaire si les parties n'arrivent pas à se mettre d'accord pour mettre les variables d'ajustement telles que le télétravail ou les congés. Mais tout ça, quand on regarde le droit, peut être compliqué à mettre en oeuvre." Pas forcément de sanction disciplinaire donc (si vous pensez à prévenir assez à l'avance et disposez d'une preuve), mais vraisemblablement pas de salaire pour cette journée perdue.
Pour le moment, le mouvement de grève n'est pas reconductible.