Journée internationale des forêts : pourquoi les arbres du Grand Est souffrent du réchauffement climatique ?

À l'occasion du 21 mars qui est la journée internationale des forêts, l'Observatoire des forêts nous permet de faire le point dans nos territoires grâce à un nouveau site internet qui regroupe les données des différents organismes nationaux.

Le Grand Est est la 6ᵉ région la plus boisée de France avec 34% de sa superficie couverte par la forêt. Et si l'on considère les anciennes régions administratives, la Champagne-Ardenne se classe 10ᵉ avec un taux de boisement de 29%, légèrement en dessous de la moyenne nationale qui est de 31%. 

Le département le plus boisé de Champagne-Ardenne reste la Haute-Marne avec 41%. Les régions Paca et Corse restent quant à elles les championnes sur les 1 ères marches du podium. Toutes ces données sont librement accessibles sur le site de L'observatoire des Forêts de France. Des articles, graphiques et cartes interactives à votre disposition pour comprendre l'évolution et surveiller la santé de nos forêts.

L'Observatoire en question

L'observatoire est lancé en juillet 2023 à la suite des Assises de la Forêt et du Bois de mars 2022 qui avait vu émaner l'idée. Le projet est porté par 5 grands acteurs : l’IGN, l’Office national des forêts (ONF), le Centre national de la propriété forestière (CNPF), France Bois Forêt, l’Office français de la biodiversité (OFB), sous l’égide du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il permet un meilleur regroupement des informations récoltées par les cinq organismes et ainsi leur croisement plus efficaces pour tirer les conclusions plus rapidement. Cela donne aussi accès au grand public à toutes ses informations sur un seul site internet. Les données sont consultables par zones géographiques, la partie Les forêts de mon territoire.

Mortalité en hausse

En 10 ans la mortalité des arbres a été multipliée par quatre dans le Grand Est. 

Le constat de dépérissement surtout le territoire tout au long de l'année est flagrant : 

  • En 2017, 300000 hectares de forêts étaient dégradés.
  • En 2022, 1 million d'hectares étaient dégradés.

Double effet sécheresse et maladies

Depuis 2017 et les sécheresses longues et à répétition, on observe les dégâts dans la Marne et dans les Ardennes sur les épicéas, mais aussi les chênes et les hêtres qui ont besoin de plusieurs centaines de litres d'eau par jour. En cause, la capacité du sol à retenir l'eau. Les pluies sont irrégulières selon les saisons et les averses orageuses trop abondantes. L’eau ne pénètre plus suffisamment dans le sol. Les signes de mal-être de l'arbre sont les pertes de feuilles, moins de branches et de petites ramifications, ce qui empêche les échanges gazeux de se faire correctement. Par conséquent, la partie haute de l'arbre meurt, car il n'y a pas assez d'eau dans le sol pour élever la sève jusqu'à la cime. 

Autres problèmes qui causent des dégâts, les problèmes sanitaires. Maladies, champignons ou parasites. Dans les Ardennes, la Marne, les Vosges, la Meuse et le nord des Alpes les résineux sont attaqués par un insecte appelé Scolyte.

Et depuis 2007, un champignon arrivé d'Asie, la chalarose s’attaque aux frênes. Le champignon fait mourir l'arbre doucement sur plusieurs années. La maladie se développe doucement par perte de feuilles. Le phénomène est présent partout en France. 

Depuis 5 ans je vois des choses que je n'avais jamais vu, c'est délirant

Nathalie Derrière, cheffe du département des résultats d'inventaire de l'IGN

Pour mieux comprendre les chiffres et les analyser, nous avons contacté Nathalie Derrière du service de l'information statistique forestière et environnementale de l'IGN. Elle pose un constat alarmant quant à la rapidité de la dégradation de nos forêts." Pour inverser la tendance, le contrôle sanitaire des végétaux qui entrent sur notre territoire doit se maintenir, pour éviter l'entrée de maladies et parasites qui viennent de l'étranger et qui fragilisent nos arbres et leur écosystème. Il faudrait aussi limiter le changement climatique qui provoque notamment les sécheresses et donc diminuer le CO2...Les espèces de nos forêts souffrent de la rapididé de ce réchauffement rapide".

Autre problématique, les 3/4 de la superficie de la forêt française appartiennent à des propriétaires privés et plus de la moitié de la forêt française n'a pas de document de gestion durable. Le dépérissement est plus visible dans ces forêts non gérées. Ce qui ralentit les remontées d'informations et accélère la propagation de pathogènes et de propagation des maladies.

Migration assistée

Pour reverdir nos forêts, les forestiers plantent des chênes du sud de la France dans le nord du pays. Cette essence d'arbre est plus adaptée au climat chaud. Cela s'appelle la migration assistée. Elle accélère leur plantation de plusieurs dizaines d'années si cela devait se faire naturellement. Mais il y a des limites, pour les épicéas de la forêt de Verdun par exemple, on ne peut pas le remplacer par n'importe quel pin du sud, car ils ne résistent tous pas au gel qui sévit encore dans le Grand Est. Le pin maritime est par contre adapté aux les bois de Sologne. Il faut aussi veiller à ce que l'arbre soit adapté à la nature du sous-sol, le châtaignier n'aime pas les sols calcaires, incompatible donc en Champagne. Autre difficulté, pour reboiser le sud de la France, il faut aller toujours plus loin et trouver des espèces forestières de l'autre côté de la Méditerranée, comme des cèdres du Liban par exemple.

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