Les fouilles archéologiques menées par le Grand Reims sur le chantier du futur musée des Beaux-Arts ont débuté. Des vestiges rares allant de l'Antiquité à la période moderne pourraient être retrouvés sur ce site qui se trouvait déjà au coeur de la ville à la période romaine. Un budget de près de deux millions d'euros est prévu pour ces fouilles.
Les archéologues ont remplacé les ouvriers dans les jardins du futur musée des Beaux-Arts de Reims, ce lundi 6 novembre 2023. Après trois mois de travaux de démolition, le site a été sécurisé pour que la première phase de fouilles archéologiques préventives puisse démarrer. Dans un premier temps il s'agit de creuser à deux mètres de profondeur. Cette première phase de fouilles devrait durer jusqu'à noël.
Les archéologues du Grand Reims s'attendent à trouver des vestiges de l'Antiquité car le site est situé sur ce qui était le coeur de la ville à l'époque romaine. Il y avait des habitations relativement riches, comme en témoignent ces "fragments de marbres que l'on déterre régulièrement", explique Régis Bontrond, le responsable adjoint du service archéologie du Grand Reims et responsable scientifique de cette opération. "Il s'agit sûrement de mosaïques qui ornaient ces lieux de résidence", poursuit le responsable du chantier.
Le site, on le sait aussi, a abrité au Moyen-Age l'abbaye de Saint-Denis. L'église abbatiale, qui se trouvait sous l'actuelle rue Libergier a été détruite au cours de la Révolution Française. Mais la dizaine d'archéologues du Grand Reims qui fouille le sous-sol a mis au jour des "maçonneries assez larges, qui pourraient correspondre à une extension de l'église, comme une chapelle", s'enthousiasme Régis Bontrond.
Des sépultures ont également été découvertes. Or, le cimetière communal était situé plus loin. Il s'agirait donc de tombes "réservées aux chanoines de l'Abbaye de Saint-Denis, ou en tout cas à des personnes privilégiées", raconte l'archéologue.
Un peu plus loin, un bloc de pierres a attiré l'attention des archéologues. Il ne ressemblait en rien aux pierres qui l'entouraient. Selon les spécialistes, il s'agirait d'un fragment de pierre tombale qui aurait été déplacé et réemployé pour construire un mur, au XVIIIè ou au XIXè siècle. On devine encore les inscriptions gravées dessus. "La pierre sera soigneusement retirée pour être étudiée en laboratoire", indique Catherine Coutant, conseillère municipale déléguée aux patrimoines matériel et immatériel.
A quelques pas de là, un fragment de moule à cloche à usage unique est minutieusement déterré. Il mesure un mètre de diamètre et il est particulièrement bien conservé. Pour l'heure, impossible de le dater précisément, même si les archéologues penchent pour un objet situé entre le XVIè et le XVIIIè siècle. Les cloches étaient fabriquées sur place, ce qui explique la présence de ce fragment.
Les fouilles préventives se dérouleront en trois phases. Le sol sera creusé jusqu'à cinq mètres de profondeur en tout. La ville de Reims et ses partenaires déboursent 1,8 million d'euros pour les réaliser. L'objectif est de documenter l'Histoire de la ville de Reims. "La ville a presque été entièrement détruite pendant la guerre 1914-1918, mais on en apprend beaucoup avec l'archéologie", explique Catherine Coutant. La ville envisage d'exposer au grand public certains des trésors retrouvés.