Rester chez soi, ne sortir qu'en cas de nécessité impérieuse. La lutte contre la propagation du Covid-19 contraint chaque famille à une cohabitation inhabituelle. Une situation qui peut devenir hors de contrôle et dramatique lorsque le conjoint a des pulsions violentes.
Le confinement est un risque supplémentaire pour les femmes victimes de violences intrafamiliales. Les associations tirent la sonnette d'alarme, et Marlène Schiappa, Secrétaire d'Etat chargée de l'égalité femmes-hommes le reconnait : "La période de crise que nous connaissons et le confinement à domicile peuvent hélas générer un terreau propice aux violences conjugales"
On s'attend à ce que les choses aillent moins bien
déclare la responsable du secteur juridique du CIDFF, le Centre d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles dans le Bas-Rhin qui ne peut plus organiser l'accueil du public, mais continue d'assurer une permanence téléphonique. La recommandation est claire : malgré les consignes de confinement, il ne faut pas hésiter à partir du domicile.
Saisir la justice
Fuir la maison, surtout lorsqu'on a des enfants, est une décision extrêmement difficile à prendre. La menace du coronavirus ne fait qu'exacerber les craintes, d'autant que les victimes le savent : les centres d'hébergements sont bien souvent saturés.
Les violences conjugales font partie des urgences à traiter estime la Ministre de la justice Nicole Belloubet. Confinement ou pas, l'éviction du conjoint violent doit être la règle selon Marlène Schiappa.
Le 3919 en horaires réduits
Alors que le 3919, numéro d'écoute et d'accompagnement pour femmes victimes de violences, devait être opérationnel 24h/24 d'ici la fin de l'année, la pandémie de coronavirus a produit l'effet inverse. Les écoutants sont en télétravail, et en horaires réduits. Malgré cela, il est impératif de composer ce numéro lorsque la situation le nécessite, et en cas d'urgence, faire le 17.
A Strasbourg, l'association SOS femmes Solidarité tient également une permanence téléphonique chaque matin pour répondre aux appels de détresse, et organiser la mise à l'abri, le cas échéant. Rien que dans la journée du mardi 17 Mars, quatre femmes ont sollicité la structure. L'an dernier, l'accueil de jour départemental mis en place par l'association a enregistré 2 200 sollicitations émanant de tout le Bas-Rhin, et 250 nouvelles situations, dont plus de la moitié concerne des mères avec enfants. Des enfants battus, car ils ne sont pas à l'abri.
Appel à la solidarité
"Il y aura sans doute une recrudescence des violences, mais pendant le confinement, beaucoup de choses vont passer sous silence. C'est après, une fois que les mesures seront levées, que nous constaterons les dégats" déclare Thomas Foehrlé, le directeur de l'association Femmes Solidarité à Strasbourg.
Le conjoint violent étant présent en permanence dans le logement, les opportunités d'envoyer un SMS, ou faire ses valises se réduisent considérablement.Le confinement va amplifier le pouvoir de contrôle de l'agresseur sur sa femme et éventuellement les enfants.
Voilà pourquoi un appel est lancé aux voisins pour qu'ils se montrent vigilants, et en cas de bruits suspects, joindre le 17.
Numéros utiles :
- 17 : Numéro d’urgence de la police et de la gendarmerie.
- 39 19 : Numéro d’écoute et d’accompagnement
- Signalements possible sur le site dédié du gouvernement.