Le nombre de victimes de violences conjugales enregistrées par les autorités au niveau national est en hausse de 10 % entre 2022 et 2023, selon des données publiées ce mercredi. Dans le Grand Est, la Marne, les Ardennes et l'Aube sont les départements où on compte le plus de victimes recensées en proportion de la population.
En 2023, 271 000 victimes de violences conjugales, très majoritairement des femmes, se sont fait connaître auprès des autorités, selon des statistiques publiées ce 6 novembre 2024 par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), un service qui dépend du ministère de l'Intérieur. Cela représente une hausse de 10 % en un an.
Dans le Grand Est, les départements qui enregistrent le plus grand nombre de victimes restent, comme en 2022, la Marne, les Ardennes et l'Aube. Alors que le nombre moyen de femmes victimes de violences conjugales est de 10,6 femmes pour 1 000 habitantes (de 15 à 64 ans) au niveau national, il atteint 13 dans la Marne, 12,6 dans les Ardennes et 12,2 dans l'Aube. Dans notre région, c'est dans le Bas-Rhin qu'il est le plus faible avec 8,9 femmes victimes pour 1 000.
Des hommes sont également victimes de violences conjugales mais sont bien moins nombreux, selon ces statistiques officielles basées sur les saisies de la police et de la gendarmerie. Ainsi, au niveau national, on comptait en 2023 1,2 pour 1 000 habitants (de 15 à 64 ans). La carte des résultats détaillés par département est également consultable.
"Libération de la parole"
L'orientation à la hausse du nombre de victimes enregistrées ne veut pas forcément dire que le nombre de faits augmente dans la même proportion. Comme le rappelle le SSMSI dans son étude, "elle reflète également celle de la propension à porter plainte, qui dépend tout à la fois de la nature de l’infraction, du contexte dans lequel elle a été commise, de l’évolution des comportements dans la société pouvant favoriser la libération de la parole des victimes mais aussi des conditions d’accueil réservées aux victimes qui portent plainte et des dispositifs de protection ou de sanction mis en place."
"Cette hausse du nombre de victimes enregistrées montre que les femmes continuent d'être de plus en plus nombreuses à sauter le pas de porter plainte et c'est une excellente nouvelle", estime auprès de l'AFP la présidente de la Fondation des Femmes Anne-Cécile Mailfert. "Maintenant il faut que les budgets suivent, il faut des moyens supplémentaires pour accompagner, enquêter, auditionner, juger et puis surtout aussi accompagner les victimes qui, à partir du moment où elles portent plainte, se mettent en danger", ajoute-t-elle, évoquant les risques de représailles du conjoint ou de l'ex-conjoint.
Surtout des violences physiques
Selon le ministère de l'Intérieur, les deux tiers des violences conjugales (64 %) consistent en des violences physiques. 32 % des victimes ont subi des violences verbales ou psychologiques, dont du harcèlement moral (17 %), des menaces (12 %), des atteintes à la vie privée (1 %) ou des injures et diffamations (1 %). 4 % ont été victimes de violences sexuelles. Pour 2 % des victimes de harcèlement moral, les faits ont mené au suicide ou à une tentative de suicide, précise le SSMSI.
Au niveau national, comme en 2022, la très grande majorité des mis en cause pour violences conjugales élucidées en 2023 sont des hommes (86 %), de nationalité française (83 %).
Ces données ne sont pas représentatives du phénomène des violences conjugales dans son entier, les victimes enregistrées par les services de sécurité ne représentant qu'une partie des personnes ayant subi ce type de violence chaque année, "ces faits pouvant n'être jamais signalés ou l'être plus tardivement", relève le SSMSI.