Ce mardi 20 décembre 2022, Jean Rottner a fait savoir qu'il quittera sa fonction de président de la Région Grand Est à la fin de l'année. Le politologue Arnaud Duranton revient pour France 3 Grand Est sur cette annonce surprise.
La nouvelle a fait grand bruit. Président de la Région Grand Est depuis 2017, Jean Rottner, 55 ans, quittera la vie politique à la fin de l'année 2022. Invité de France 3 Alsace, le professeur en droit public à l'Université de Strasbourg Arnaud Duranton analyse ce tournant politique pour la région.
Cette démission rappelle forcément celle de Philippe Richert. Lui aussi Alsacien, il a également quitté la présidence du Grand Est en 2017. C'est intenable c'être Alsacien et président de cette région ?
"En tout cas, il y a clairement une série noire. Cette démission, qui a été une surprise, va entraîner pour la région de véritables transformations. Il va y avoir toute une série d'étapes à passer maintenant pour assurer ce remplacement de Jean Rottner."
Il faut quelqu'un pour porter cette région qui a du mal à s'installer.
Arnaud DurantonProfesseur de droit public à l'Université de Strasbourg
Est-ce que ce départ va rendre plus facile une potentielle sortie de l'Alsace du Grand Est?
"C'est assez difficile de se prononcer parce que, bien évidemment, ces questions-là ne tiennent pas à une seule personne ou à une seule orientation. Elles tiennent d'abord à une décision d'État et non pas une décision régionale ou départementale. De ce point de vue-là, les équilibres fondamentaux ne sont pas modifiés.
Maintenant, il va de soi qu'il faut quelqu'un pour porter cette région qui a du mal à s'installer. Il faudra donc voir qui va prendre cette suite pour être en mesure de tenir l'éventuel combat qui est en mesure de se livrer une fois encore sur l'avenir de l'Alsace dans le Grand Est."
Donc pour la première fois, il est probable que ce ne soit pas un Alsacien à la tête du Grand Est. Ça peut tout changer quand même...
"Ça peut tout changer. Et à vrai dire, ça serait même assez logique. Ça serait aussi un bon signal pour les deux autres régions qui ont été fusionnées au sein de la région Grand Est, qui ont une voix tout aussi légitime à apporter. Il va de soi par contre que ça rebatte un petit peu les cartes, en déplaçant le curseur interne à la région sur la question de la place de l'Alsace au sein du Grand Est."
Laurent Jacobelli, député RN de Moselle, est candidat à la succession de Jean Rottner. Est-ce qu'il a une chance de gagner ?
"Non, il n'a aucune chance. Le premier vice-président Franck Leroy (Horizons) va assurer l'intérim. Maintenant, la commission permanente de la région, et donc toute l'équipe du président et des vice-présidents, va devoir être réélue par le Conseil régional dans un délai d'un mois. Et ce de manière à désigner une nouvelle équipe avec un nouveau président, et toute la série des vice-présidents.
Bien évidemment, cette élection dépend des résultats des dernières élections régionales. Et le Rassemblement national n'avait pas obtenu suffisamment de voix pour peser véritablement dans le statut de l'élection. Cette dernière devrait désigner une majorité très proche que celle de Jean Rottner."
La maire de Mulhouse peut tout à fait décider de ne pas recourir à une élection municipale partielle.
Arnaud DurantonProfesseur de droit public à l'Université de Strasbourg
Jean Rottner quitte également sa fonction de premier adjoint de la Ville de Mulhouse. Faudra-t-il aussi le remplacer ?
"À Mulhouse, la situation est plus délicate. La loi prévoit qu'on a 15 jours pour remplacer un adjoint, sauf si le Conseil municipal décide de supprimer ce poste. Là il va falloir réélire un adjoint, mais en principe la démission de Jean Rottner aurait dû commander une élection municipale partielle pour combler le poste vacant ou peut-être les autres postes, il y en a d'autres.
Cependant la maire de Mulhouse peut tout à fait décider de ne pas recourir à cette élection là de laisser le siège vacant et donc dans ce cas là, on se contentera de réélire un adjoint qui pourra être soit un nouveau premier adjoint, soit un adjoint qui sera mis à la suite des autres. Dans ce cas, tout le monde remonte d'une place : le deuxième adjoint devient le premier et ainsi de suite."
Jean Rottner ne s'est pas exprimé davantage depuis son communiqué publié en milieu de journée ce mardi 20 décembre 2022.