Il falsifiait des ordonnances : un pharmacien de Colmar a été mis en examen pour escroquerie, faux et usage de faux, exercice illégal de la médecine, et mise en danger de la vie d’autrui. Le préjudice est estimé à 700 000 euros.
Le pharmacien était, semble-t-il, rompu à la pratique de la falsification d’ordonnances, soit en rajoutant des prescriptions, soit en modifiant la date, soit en créant de toute pièce une ordonnance, soit en utilisant abusivement une procédure exceptionnelle de médicaments délivrés sans ordonnance. Les produits délivrés étaient alors remboursés par la CPAM et les mutuelles.
Le manège a duré entre 2017 et 2019, attirant l’attention de la Caisse primaire d’assurance-maladie du Haut Rhin qui a déposé plainte. L’enquête démarrée en février 2020 par la police judiciaire de Mulhouse a abouti à la perquisition de l’officine et l’interpellation du pharmacien un an plus tard, le 8 février 2021. D’après les premiers éléments de l’enquête, le pharmacien délivrait des produits de toute nature, du médicament ordinaire au psychotrope, en passant par du matériel médical coûteux. Les médicaments étaient vendus au client, qui percevait le remboursement de la CPAM et de sa mutuelle, tandis que le pharmacien gonflait ainsi son chiffre d'affaires et sa marge bénéficiaire.
Une escroquerie découverte lors d'une vérification aléatoire
Le pot aux roses a été découvert par hasard, à l'occasion d'une vérification aléatoire à laquelle se livre régulièrement l'Assurance maladie. "Nous n'avions pas ciblé au départ cette pharmacie" explique Christophe Lagadec, le directeur de la Caisse primaire d'Assurance maladie du Haut-Rhin. Les premières anomalies détectées ont poussé les pharmaciens conseils de la CPAM à engager un travail minutieux de vérification, pour établir la correspondance entre les médicaments prescrits par les médecins et ceux délivrés par le pharmacien.
Il voulait "rendre service à ses clients"
Le préjudice est estimé à 700 000 euros au détriment de la Caisse primaire d’assurance-maladie du Haut-Rhin et des mutuelles.
Le pharmacien a reconnu les faits, selon un communiqué diffusé par la Direction interrégionale de la police judiciaire de Strasbourg, affirmant qu’il n’avait agi « que pour rendre service à ses clients ». Déféré devant un juge d’instruction le 10 février 2021, le pharmacien a été mis en examen pour escroquerie, faux et usage de faux, exercice illégal de la médecine, et mise en danger de la vie d’autrui. Il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer sa profession.
Contacté par France 3 Alsace, le Syndicat des pharmaciens du Haut-Rhin dit ne pas être au courant de cette affaire, tandis que l'Ordre régional Grand Est des pharmaciens affirme avoir entendu parler d'une enquête à Colmar, sans en connaître les détails.