Coronavirus : confinement au musée Unterlinden ou sur un bateau à Colmar

Un musée confiné n’est pas un musée mort. La preuve à Colmar, au musée Unterlinden. Deux gardiens veillent jour et nuit au chevet de ce monument historique. Autre décor, toujours à Colmar, sur un bateau confiné.
 

Travailler au musée, c'est vivre un confinement temporaire hors du commun et hors du temps. C’est l’expérience inédite que vit Pantxika de Paepe, directrice et conservateur en chef du musée Unterlinden. Une fois par semaine, elle vient vérifier les oeuvres, l’hygrométrie des salles et répondre aux demandes des chercheurs qui continuent de la solliciter. Le travail ne manque pas mais pour Pantxika, cette visite hebdomadaire, seule, dans ce haut lieu de culture vide, reste un privilège. Le moment de sortir du confinement de sa maison pour profiter de l’atmosphère paisible de l’ancien couvent.

Dans la chapelle, le retable d’Issenheim raconte une autre épidémie

Une oeuvre en particulier entre en résonance avec l’actualité. Le fameux retable d’Issenheim sculpté et peint entre 1512 et 1516 par Nicolas de Haguenau et Grünewald. Ce polyptyque raconte une autre épidémie qui sévissait au Moyen-Age, le feu sacré. Sur le retable, certains personnages ont les membres nécrosés. Ils ont été intoxiqués après avoir mangé de l’ergot de seigle, un parasite de cette céréale. Pour se soulager et espérer guérir, ils imploraient Saint-Antoine. Cette oeuvre de dévotion devant laquelle les pèlerins et malades venaient prier est devenue oeuvre d’art majeure et trésor de la collection du musée Unterlinden. Les ravages du Covid-19 en offrent aujourd’hui un nouveau regard. Les grandes épidémies semblaient appartenir au passé. Le retable se reconnecte soudain à notre histoire.
 

Le musée reste en contact avec ses aficionados

Depuis le fermeture du musée le 14 mars dernier, beaucoup de messages parviennent pour signifier le manque de ne plus pouvoir visiter les oeuvres. Pantxika Le Paepe a donc eu l’idée de réaliser un podcast par semaine pour  raconter l’histoire du retable d’Issenheim en plusieurs épisodes. A l’image d’autres lieux culturels proposant une visite virtuelle, la directrice conserve ainsi le lien avec les amoureux de l'art. Ces podcasts démarrent le 5 avril.


Pantxika de Paepe se filme via Skype, voir la vidéo ci-dessous, lors de sa ronde hebdomadaire au musée Unterlinden. Là dans la chapelle où est installé le retable d’Issenheim.
 
  

Confiné au port de plaisance de Colmar, sur un voilier de 6m2


Voilà un an que Pierre Baldauf vit sur un bateau. Ce mosellan de 26 ans a largué les amarres de son appartement de Colmar pour faire le grand saut vers le large…Pas encore en mer mais déjà sur l’eau. Il est l’heureux propriétaire d’un voilier de 6m2 d’où il partage sa vie avec son compagnon. Un tout petit espace qui ne rend pas le confinement difficile pour autant. Sauf quand il pleut ou qu’il fait froid. Aux premiers rayons du soleil, Pierre s’installe sur le pont de son embarcation pour observer les cygnes nageant gracieusement sur le canal de Colmar. L'un des petits plaisirs quotidiens des plaisanciers.

Les plaisanciers, comme une famille

Quatre familles vivent actuellement au port de plaisance de Colmar. Le confinement se fait en douceur. Les plaisanciers se croisent, de loin, et profitent des lieux fermés au public. D’habitude, des campings-caristes y séjournent et contribuent à l’animation du site. L’épidémie a sonné le glas des festivités. Mais Pierre se satisfait de ce calme soudain et de la liberté que lui offre ce cadre de vie insolite. Depuis le port, la vie est douce. Le supermarché à 200 mètres à peine…Pierre y va tous les quinze jours. Et pour les sanitaires et la laverie, collectifs sur le site, personne ne se bouscule. Le responsable du port s’assure que les locaux restent propres. Le virus n’a qu’a bien se tenir.

Coupé du monde

Les attestations de sortie, c’est aussi le gérant du site qui les délivrent. Une aide précieuse pour Pierre. Au début du confinement il n'accédait plus à l'Internet. La capitainerie était devenue sa seule source d’information. Au bout de trois semaines, il le confesse, le temps commence à être long.

Retrouvez ci-dessous le témoignage de Pierre Baldauf réalisée depuis son bateau via Skype.

Le plaisancier se sent emprisonné dans une cage dorée mais l’envie de revoir sa famille en Lorraine le tenaille. Il est des moments où la résignation est la seule solution. Reste l’espoir d’une fin prochaine du confinement. Une réclusion forcée qui lui a fait perdre le job qu’il venait tout juste de décrocher : pilote de pirogue sur la Petite Venise. Un métier dans ses cordes. Le confinement l’a ramené brutalement vers la case chômage et le fait à nouveau voguer sur les flots de l’incertitude. Reste l’espoir de jours meilleurs. Même si Philippe observe depuis le hublot de sa cabine, que le monde change ostensiblement.

 
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