En pleine crise sanitaire du coronavirus, les savonneries alsaciennes ont du mal à écouler leurs produits. Alors que les savons se vendent de moins en moins dans les magasins bio, les grandes distributions, elles, s'en lavent les mains. La vente en ligne permet toutefois de limiter la casse.
Qu'ils se vendent en grande surface ou en boutique bio, les savons ne rencontrent pas le même succès pendant le confinement. Et pourtant, selon l'Organisation mondial de la santé (OMS), le savon est aussi efficace que le gel hydroalcoolique. Les savonneries alsaciennes ont du mal à écouler leurs produits, la vente en ligne est parfois l'alternative pour poursuivre son activité.
De la grande surface au magasin bio
"On est environ 400 en France à être seul à faire du savon et on est tous pratiquement à l’arrêt", s'indigne Marc Glasser, gérant de la savonnerie Scala, implantée depuis six ans à Colmar. Depuis le début du confinement, les savons ne se vendent pas de la même manière d'un distributeur à l'autre. Et pour les artisans comme Marc Glasser, qui ne vendent que dans les magasins bio ou les boutiques spécialisées en produits régionaux, la production a du mal à s'écouler. "On travaille avec un réseau de distributeurs qui livre nos produits dans les pharmacies et les boutiques bio. Et c’est là qu’on sent un sérieux ralentissement", déclare Frédéric Schwartz qui travaille à la savonnerie du Cèdre à Kilstett (Haut-Rhin).Pour les deux producteurs, la baisse des ventes en magasin bio s'explique notamment par le retour des consommateurs dans les grandes surfaces."Ils ne vont pas où ils ont l’habitude d’aller. Même moi, avant j’allais au magasin bio mais là je vais au plus près, à côté de chez moi", explique Frédéric Schwartz. À la savonnerie Scala, c'est surtout l'incompréhension : "C'est paradoxal, les médias parlent beaucoup de se laver les mains avec du savon et finalement, moi qui en produit, je suis à la rue."
Avant j’allais au magasin bio mais là je vais au plus près, à côté de chez moi.
- Frédéric Schwartz de la savonnerie du Cèdre.
Les savonneries livrant dans les grandes surfaces ne sont pas épargnées. À l'instar de la savonnerie du Val d'Argent Argasol à Sainte-Marie-aux-Mines. L'usine compte une vingtaine de salariés, sept personnes sont au chômage partiel. "On ne peut plus faire visiter la savonnerie en ce moment. On continue à travailler mais en équipe restreinte de sept personnes", déclare Cathy Mendez, la gérante. Et s'il n’y a pas de recul sur la vente, la fermeture d'autres circuits de distribution impacte l'activité.
Marchés, salons et foires
Confinement oblige, les marchés, salons et autres foires dédiés aux artisans ont dû être annulés. Pour Marc Glasser, qui vend principalement sur les marchés, la perte est immense."J’ai perdu plus de 90 % de mon chiffre d'affaires sur le mois de mars. J’ai fait une demande pour bénéficier du fonds de solidarité, normalement j’y ai droit." Si Cathy Mendez s'en sort avec la vente en grande distribution, l'annulation des marchés "comme le marché de printemps à Colmar" fait partie des "grands changements" de cette période, en plus "de la sécurisation des postes, des déconvenues et du travail en plus."J’ai perdu plus de 90 % de mon chiffre d'affaires sur le mois de mars.
- Marc Glasser, gérant de la savonnerie Scala.
« Le savon c’est plus efficace mais moins pratique »
Les mains seraient petit à petit agressées par le gel hydroalcoolique, "vous avez la peau qui brûle à force de l’utiliser. Je pense que les consommateurs se sont précités sur les gels en se disant que c’était plus efficace, et je les comprends, mais un bout de savon a exactement la même efficacité", estime Marc Glasser. Et même si l'efficacité du savon n'est plus à prouver, les clients de la savonnerie du Cèdre "posent des questions tous les jours sur l'efficacité du savon sur le virus. ".
La vente en ligne comme solution
Pour compenser la perte en magasin, les savonneries se sont tournées vers la vente en ligne et le drive. Mais pour Frédéric Schwartz, la demande est encore timide : "La vente sur le site internet, ça continue, il n’y a ni baisse ni hausse. Les gens continuent de nous passer commande, on a nos habitués et on a aussi des nouveaux clients, ils attendent juste un peu plus longtemps avec la Poste." La savonnerie du Val d'Argent Argasol semble s'en tirer un peu mieux avec "beaucoup de trafic et plus de commandes sur internet."Et quand la demande n'explose pas, les artisans savionniers en profitent pour faire du stock de savons en attendant des jours meilleurs. "Je fais environ 600-700 savons par semaine. Je continue à produire pour stocker. Il n’y a pas de date limite. A partir de sa première utilisation, il doit être utilisé dans les 18 mois", déclare Marc Glasser. Du côté de Kilstett, Frédéric et Sylvie Schwartz travaillent aussi tous les jours : "On est toujours approvisionné en matières premières alors on fait notre stock."
Alors pendant la crise du coronavirus, autant ne pas lésiner sur le savon et l'eau. L'OMS recommande un lavage régulier d'au moins trente secondes pour retirer toutes les bactéries.