Féminicide : l'homme accusé d'avoir défenestré son ex-femme condamné à 23 ans de prison

La cour d'assises du Haut-Rhin a condamné à 23 ans de réclusion criminelle l'homme accusé d’avoir poussé son ex-femme du 8ème étage ce mercredi 29 novembre.

Après trois jours de procès, la cour d'assises du Haut-Rhin a rendu son verdict ce mercredi 29 novembre à Colmar. Thomas Fels a été reconnu coupable des faits d'homicide par concubin et condamné pour cela à 23 ans de réclusion criminelle. C'est moins que le réquisitoire de l'avocate générale, Nathalie Kielwasser, qui demandait 25 ans de prison.

Thomas Fels est accusé d'avoir poussé son ex-femme du 8ème étage, Doris Voinson, alors âgée de 48 ans. 

Les faits remontent au jeudi 3 juin 2021. Cette nuit-là, à l'issue d'une dispute, Thomas Fels, 51 ans, a fait basculer son ex-femme dans le vide depuis le 8ème étage d'un immeuble situé à Colmar, route de Sélestat. Elle est tombée de 19 mètres de haut sur le toit d'une salle de sport située au pied de l'immeuble. Elle n'a pas survécu à sa chute.

Des témoins, très choqués, ont raconté, que l'homme et la femme ont lutté plusieurs minutes avant que l'homme ne parvienne à faire basculer la victime malgré les cris des personnes présentes. Il aurait ensuite jeté des canettes de bière en direction du corps inanimé. Le suspect, dont le taux d'alcool était de 2,5 grammes d'alcool dans le sang, avait alors été très vite interpellé par les forces de l'ordre.

Il l'a jetée, ce sont les témoins qui le disent.

Nathalie Kielwasser, avocate générale

Ce mercredi matin, dernier jour du procès, l'avocate générale, Nathalie Kielwasser, a commencé par rappeler dans son réquisitoire qu'il n' y avait aucun doute sur le fait que l'accusé ait fait basculer la victime dans le vide. "Il n'est ni contesté ni contestable que M. Fels est responsable de cette chute, ce qui est contesté c'est l'intentionnalité. Il l'a jetée, ce sont les témoins qui le disent". 

D'après les éléments médico-légaux, qui confirment les témoignages, Nathalie Kielwasser explique ensuite en quoi les traces de sang retrouvées sur la scène du crime sont révélatrices. "Il y a eu lutte, il a fallu de la détermination. C'est une action volontaire".

L'avocate générale rappelle l'attitude de l'accusé immédiatement après les faits : "Il n'a pas appelé les secours et, surtout, il a laissé la porte ouverte en attendant les policiers. Il sait qu'il vient de commettre un crime et il attend en fumant une cigarette". 

Il ne ressent aucune culpabilité, et c'est ça qui est un peu glaçant.

Nathalie Kielwasser

Sur l'attitude générale de l'accusé pendant le procès, "il ne se remet pas en question, il inverse les responsabilités, n'admet pas les siennes. Il ne ressent aucune culpabilité, et c'est ça qui est un peu glaçant", souligne Nathalie Kielwasser. 

Avant de demander une peine de 25 ans de prison, une interdiction de détenir une arme pendant 15 ans et une privation du droit d'éligibilité pour 10 ans contre l'accusé, elle déplore n'avoir observé "Ni empathie, ni excuses. Des regrets, oui, mais on ne sait pas si c'est pour la victime ou pour lui". 

Ne le faisons pas plus méchant qu'il n'est.

Thierry Gross, avocat de la défense

L'avocat de la défense, Thierry Gross, est intervenu ensuite. Au cours de sa plaidoirie, il a fait remarquer : "Ne le faisons pas plus méchant qu'il n'est. Quelle est son intention réelle au moment où il la soulève ? Il n'y a que lui qui peut le savoir". 

Thierry Gross rappelle qu'il n'y a pas eu que des mauvais moments entre l'accusé et la victime et souligne que "ce n'est pas un mauvais homme. J'ai vu des meurtres plus crapuleux punis moins sévèrement".

En plus des 23 ans de prison, la condamnation est assortie d'une peine de 10 d'inélégibilité et de 15 ans d'interdiction de porter une arme. Thomas Fels a dix jours pour faire appel.

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